- Histoire
- Blasons
- Épisode 13
Mais au fait, ils veulent dire quoi ces blasons jaunes ?
Ils sont les premiers repères de l'identité visuelle des clubs et ont généralement une place de choix sur tous les maillots. Qu'ils soient moches, magnifiques, compliqués ou au contraire simplistes, les blasons ont tous des petites histoires à livrer.
Associazione Calcio Chievo Verona
En Italie, niveau football, on ne fait pas les choses à moitié. On a même plutôt tendance à les faire en double. À Vérone, le Chievo n’utilise pas un, mais bien deux blasons différents, selon qu’il joue à domicile ou à l’extérieur. Sur le premier jeu de maillot, on retrouve le blason au chevalier bleu sur fond blanc. En police gothique, le nom du club apparaît lui aussi en bleu, tout comme la date de création du club, 1929. Mais qui est donc ce chevalier monté ? Il s’agit d’Alberto Canfrancesco della Scala, plus communément appelé Cangrande della Scala. Grand condottiere du XIVe siècle et issu de la grande famille Della Scala, qui régna sur Vérone pendant 125 ans, de 1262 à 1387. Pendant son règne, il poursuit la politique de son père, Alberto Ier della Scala, et de son frère, Alboino della Scala, et fait prospérer la richesse de la ville de Vérone. En septembre 1298, à seulement sept ans, il est fait chevalier par son père. Aujourd’hui, il est encore le symbole de la ville de Vérone, et la statue équestre emportée du tombeau de Cangrande della Scala est encore visible dans le château de la ville… et sur le blason du Chievo, donc. Sur les deuxième et troisième jeu de maillots, les joueurs du Chievo jouent avec un blason différent, simplement frappé d’une échelle, elle aussi symbole de la famille della Scala. Le lien est assez rapidement fait pour quiconque maîtrise un brin l’italien (scala = échelle). Une échelle qu’on retrouve aussi sur le blason du Hellas Vérone, avec lequel le Chievo dispute annuellement le derby della Scala. D’ailleurs, l’appropriation des symboles de la ville par le Chievo n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre sur les lettres des supporters du Hellas en colère.
Norwich City F.C.
Oh qu’il est mignon, ce petit canari ! Mais comment a-t-il bien pu se retrouver enfermé dans le blason du Norwich City Football Club ? En juin 1902, plusieurs joueurs amateurs de la région de Norwich se rejoignent et décident de fonder un club professionnel. Après trois ans en Norfolk & Suffolk League, le NCFC obtient le statut professionnel le 3 mars 1905. Pendant plusieurs années, les joueurs évoluent en bleu et blanc et sont surnommés les Citizens – tiens donc. Ce n’est qu’en avril 1905 qu’ils sont pour la première fois désignés par leur surnom actuel, les Canaries, dans une interview du nouveau coach, John Bowman, dans l’Eastern Daily Press. En fait, le président de l’époque était, d’après la documentation du club, un éleveur de canaris, et aurait décidé lui-même de surnommer ses joueurs comme ses oiseaux. Il faut dire que la ville de Norwich a, depuis les XVe et XVIe siècles, toujours été très attachée à ces petits oiseaux jaunes. Ce sont les vagues d’immigration flamandes de cette époque qui sont à l’origine de cet attachement si particulier. Les tisserands flamands apportaient souvent avec eux ces oiseaux qu’ils ramenaient des colonies dans les Caraïbes. Dans les années 1910, le bleu fut donc abandonné au détriment du jaune et du vert, plus représentatif du canari. Sur le blason actuel, on retrouve au second plan les éléments constitutifs des armes de la ville : le château de Norwich, construit sur les ordres de Guillaume le Conquérant, et le lion, symbole de la monarchie britannique.
Football Club de Nantes
En parlant de canaris, voilà les joueurs de Nantes qui débarquent. Depuis 2008, le blason du FC Nantes est sans doute l’un des plus chargés de France. Pour commencer, les couleurs. Cette fois-ci, aucun rapport avec des canaris, malgré le surnom des joueurs de Nantes, mais bien avec des chevaux. Les jockeys des chevaux de course de l’écurie que possédait un des fondateurs du club, Jean Le Guillou, portaient du jaune et du vert. Le surnom est bien entendu emprunté un peu plus tard à Norwich City, qui évolue dans les mêmes couleurs. Dans la partie basse du logo, on retrouve un ballon de football (élément qui n’était pas présent sur les anciens blasons) sur un fond rayé verticalement, censé rendre hommage à la grande équipe de 1995 et à ses maillots mythiques. L’année de création du club, 1943, est bien évidemment présente sous le ballon. Au centre du blason, le nom du club est écrit en jaune sur fond vert, au-dessus des huit étoiles représentant les huit titres de champions de France des Canaris. Les deux éléments du haut du blason sont eux présents sur les armes de la ville de Nantes. À droite, les mouchetures d’hermine rappellent l’appartenance passé de la ville au duché de Bretagne, dont Nantes a été l’une des capitales. À gauche, on retrouve la nef, symbole du club depuis ses premières années. Vraisemblablement une goélette, ce navire qui vogue sur une mer de sinople symboliserait la puissance commerciale de la ville portuaire et l’importance de la Loire. Ils auraient pu faire un effort et mettre la tête de Mickaël Landreau quelque part là-dessus.
Par Gabriel Cnudde