- Histoire
- Blasons
- Épisode 12
Mais au fait, ils veulent dire quoi ces blasons avec des oiseaux ?
Ils sont les premiers repères de l'identité visuelle des clubs et ont généralement une place de choix sur tous les maillots. Qu'ils soient moches, magnifiques, compliqués ou au contraire simplistes, les blasons ont tous des petites histoires à livrer.
Valenciennes Football Club
Pour cet épisode spécial oiseaux, il est important de mettre un club français à l’honneur. Ce club, c’est le Valenciennes Football Club, actuellement en Ligue 2. Sur son blason rouge vif se trouve une tête de cygne. Alors, qu’est-ce que ce noble animal, au caractère plutôt agressif sur la terre ferme, vient faire sur les armes d’un club du comté du Hainaut ? Pour trouver la réponse, il faut chercher du côté de l’étymologie du nom de la ville. Selon la légende, il y a bien longtemps, une princesse sauva un cygne au bord de l’Escaut et décida ensuite de veiller sur lui en faisant construire sa villa à l’endroit même. D’abord peu peuplée en cygnes, la région devint rapidement infestée de ces animaux à plumes. La princesse décida alors de baptiser sa villa Val-en-Cygnes. Plus tard, beaucoup plus tard, les premières traces écrites d’un tel nom sont apparus. En l’an 693, une sentence rendue par Clovis II parle d’un lieu-dit nommé « la vallée des cygnes » . C’est d’ailleurs sous le règne des Mérovingiens que la simple villa du bord de l’Escaut est transformée en palais. De villa en palais, puis de palais en bourg, la ville grandit, et la prononciation de son nom évolue lui aussi jusqu’à devenir celle qu’on connaît aujourd’hui, Valenciennes. Voici pourquoi le cygne est l’emblème de Valenciennes, et qu’on le retrouve partout : sur le fronton de la gare, sur le fronton du musée des Beaux-Arts ou sur le blason du VAFC. Le rouge et le blanc sont les deux couleurs historiques du club depuis sa création et ont été choisies pour les différentes valeurs qu’on leur attribue. Elles sont elles aussi à l’honneur sur le blason du club.
Tottenham Hotspur Football Club
Après le cygne, le coq. Car oui, c’est bien un coq qui figure sur l’emblème de Tottenham. Et pour savoir pourquoi, il faut avoir lu Shakespeare. Ou pas. En 1882, des étudiants du Nord de Londres décident de fonder un club de football et de le nommer d’après Henry Percy, un noble anglais de la fin du Moyen-Âge, grand capitaine des guerres anglo-écossaises et grand chevalier ayant mené la rébellion contre le roi Henry IV. Un palmarès qui lui vaut d’ailleurs d’être un personnage important dans Henry IV, Part 1 de William Shakespeare. Haut en couleurs, ce personnage est d’ailleurs surnommé « Harry Hotspur » pour deux raisons présumées : Harry portait des éperons reconnaissables entre mille et en faisait même porter à ses coqs de combat (c’est en tout cas ce que laissent deviner ses armoiries). Lors de la création du club, les jeunes étudiants découvrent qu’un descendant d’Harry Hotspur réside dans le quartier, d’où l’emprunt du nom pour leur nouveau club. En 1909, alors que les Spurs viennent de décrocher la promotion en Division One, un ancien joueur, William James Scott, fait construire et installer une immense statue d’un coq surmontant un ballon au-dessus de la tribune ouest. Statue qui deviendra quelques années plus tard, en 1921, l’emblème du club. On peut d’ailleurs voir sur le blason du club que le coq est représenté avec ses éperons aux pattes. Avant d’adopter le blanc et le bleu, les Spurs avaient eu plusieurs couleurs officielles. Ce n’est qu’au début du siècle dernier que les dirigeants adoptent le blanc et le bleu en hommage à Preston North End, premier club anglais à réaliser le fameux doublé en 1889.
West Bromwich Albion F.C.
Toujours en Angleterre, car voilà, les Anglais semblent aimer les oiseaux, les Baggies jouent avec un petit animal volant sur le torse. Un petit oiseau choisi par le secrétaire du club, Tom Smith, à la toute fin des années 1880 (le club est fondé en 1878, ndlr). À cette époque, les joueurs doivent se changer dans des vestiaires publics tenus par un gardien et son petit oiseau en cage. Un throstle ou, en français, un turdidé, un oiseau de la grande famille des passereaux. Ainsi, le premier blason représente cet oiseau chantant sur la barre de sa cage. La barre disparaîtra un peu plus tard, remplacée par une branche d’aubépine. La raison de ce changement est simple : en 1900, le club quitte son ancien stade pour investir The Hawthorns. Or, la traduction anglaise pour aubépine est… hawthorne. La boucle est bouclée. Après plusieurs tentatives infructueuses avec du rouge, du blanc, du jaune et même du vert, les Baggies adoptent leurs désormais célèbres rayures bleues et blanches lors de la saison 1885-1886. Seulement, à cette époque, le bleu est un peu plus clair qu’aujourd’hui. Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que le bleu roi apparaît sur les maillots et, donc, sur le blason. Durant la Deuxième Guerre mondiale, et ce, à cause de soucis économiques, WBA est obligé d’adopter des maillots unis bleus. Eh oui, les rayures, c’était pour les riches !
Par Gabriel Cnudde