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Mais au fait, ils deviennent quoi, les Nantais du Genoa ?

Par Morgan Henry
Mais au fait, ils deviennent quoi, les Nantais du Genoa ?

Ce dimanche, pendant que Serge Gakpé et Issa Cissokho iront défier l'Atalanta sur ses terres, leurs ex-coéquipiers tenteront, eux, de faire tomber les Verts sur la pelouse de la Beaujoire. Près de six mois après leur départ de la Jonelière, les deux anciens Nantais luttent toujours pour s'imposer dans l'effectif de Gian Piero Gasperini. Ce qu'ils n'avaient pas forcément imaginé en quittant le cocon jaune et vert.

Beaucoup vous le diront : faire son trou à l’étranger quand on n’a connu que le championnat français et qu’on approche de la trentaine est loin d’être une partie de plaisir. Qui plus est en Italie où le jeu est réputé pour être fermé et particulièrement tactique. Dans le cas de Serge Gakpé et d’Issa Cissokho, transférés l’été dernier après respectivement quatre et cinq ans de bons et loyaux services au FCN, l’histoire n’a pas dérogé à la règle. Arrivé en fin de contrat, l’attaquant togolais s’est laissé séduire par le projet génois dès le mois de février 2015, refusant même une offre du Torino dans les toutes dernières heures du mercato. Interrogé par 20 Minutes sur ce choix qui a pu surprendre à l’époque, l’intéressé répondit simplement : « Le Genoa m’a mieux dragué ! » Point. Pour Issa Cissokho, en revanche, l’affaire fut classée bien plus tard. Au milieu de l’été, le FC Nantes officialise le départ de son latéral droit pour 500 000 euros après 150 matchs disputés sous la tunique jaune et vert. Ni une ni deux, direction la Ligurie et le Genoa, sixième du dernier championnat et surprenante formation qui a récemment vu éclore Mattia Perin et Stefano Sturaro.

Le revers de la médaille

Six mois et dix-huit journées de Serie A plus tard, l’heure du premier bilan a sonné pour nos deux expatriés. Alors que tout semblait bien débuter pour Issa Cissokho (six titularisations sur les sept premières journées), Gasperini s’est soudainement mis à le laisser de côté au profit du Portugais Diogo Figueiras et du jeune Italien Armando Izzo. Rapidement (trop ?) lancé dans le 3-4-3 du technicien génois, l’ancien Nantais passé par Carquefou a peu à peu perdu la confiance du coach, au point de n’avoir joué qu’une heure et quart depuis le 28 octobre. « J’ai connu une très bonne préparation et j’ai enchaîné les matchs amicaux où je pense avoir répondu à ce qu’on me demandait. D’ailleurs, ma saison a ensuite débuté avec six titularisations. Mais du jour au lendemain, disparition totale ! Je n’ai pas eu d’explications du coach qui fait des choix que je respecte » , déclarait, amer, l’intéressé au journal L’Équipe au moment des fêtes.

Pour Landry Chauvin, qui a entraîné les deux hommes entre 2011 et 2012 au FC Nantes, la situation du défenseur n’a toutefois rien d’alarmant : « Je ne connais pas la concurrence qu’il y a aujourd’hui au Genoa, mais il ne faut pas oublier qu’Issa, c’est sa première expérience à l’étranger. Donc quelque part, je me mets à sa place. C’est presque une saison bonus dans son parcours. Après, il va être suffisamment intelligent pour savoir s’il continue comme ça ou s’il va chercher du temps de jeu ailleurs. Ça l’a toujours rendu triste de ne pas jouer. En revanche, c’est pas le genre de gars qui va lâcher l’investissement au niveau de l’entraînement, ou alors il a bien changé. Le mec ne lâchait jamais rien et tu savais qu’il allait revenir à un moment donné dans l’équipe. »

« Jamais de problèmes avec des mecs comme ça ! »

Niveau investissement et temps de jeu, le bilan est légèrement plus clément pour l’ex-buteur jaune et vert, même s’il ne bénéficie pas encore de l’efficacité d’un Leonardo Pavoletti (8 buts en 12 matchs contre 3 buts en 14 matchs pour Gakpé). Contrairement à un Cissokho qui voit son temps de jeu fondre comme neige au soleil, celui du Togolais tend à s’accroître au fil des week-ends. Un constat qui, là encore, ne surprend pas son ancien coach Landry Chauvin : « Même si c’était dans un club francophone [Gakpé est prêté au Standard de Liège en janvier 2012 ndlr], Serge a déjà connu l’étranger. Donc c’est peut-être pour ça qu’il s’impose un peu plus facilement qu’Issa aujourd’hui. Puis, il a un tout autre parcours. Il a fait la CAN, il vient de Clairefontaine, de Monaco, il a un autre vécu et beaucoup plus d’expérience accumulée au cours du temps. Mais pareil, c’est un gros bosseur et un mec facile à entraîner. Tu n’as jamais de problèmes avec des mecs comme ça ! » Puisse Gasperini entendre ces paroles…

Terrain miné

Au-delà de l’intégration des deux anciens Canaris se pose un autre problème du côté de Luigi-Ferraris : le classement. Quand, l’année dernière, le Genoa pointait à une très honnête septième position après dix-huit journées, le club présidé par Enrico Preziosi siège aujourd’hui dix places plus bas. Dix-septième à seulement un point du premier relégable, le club historique de Gênes traverse une crise que personne ne semble en mesure d’éradiquer. Pour couronner le tout, les Rossoblù viennent de perdre le premier derby de l’année face à la Sampdoria (2-3). Remplaçants au coup d’envoi, les deux expat’ n’auront pas eu la chance de vivre de l’intérieur l’un des plus grands derbys d’Italie, hormis le Togolais entré en jeu à neuf minutes du terme.

Avant le 8 mai et le match retour face à la Dória, les Nantais du Genoa ont quatre mois pour convaincre et trouver leur place dans le onze de Gasperini. « Issa, c’est un mec qui aime bien mettre l’ambiance dans le vestiaire. C’est lui qui mettait la musique par exemple. Avec Wiltord, c’étaient les DJs du vestiaire, se rappelle Landry Chauvin. Serge Gakpé s’intégrait facilement, mais ce n’était pas un meneur. Il se fondait dans l’ambiance du collectif. Tu avais envie d’aller vers eux, parce qu’ils te disaient bonjour en te regardant avec le sourire, même quand ils ne jouaient pas. Les deux ont beaucoup de points communs. Ils ont reçu une éducation qui fait qu’il y a le respect de l’adulte et qu’on ne conteste pas les choix. Le choix, si on veut le contester, il faut d’abord le montrer sur le terrain. » Peut-être, mais encore faut-il avoir la chance d’y mettre les pieds.

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