ACTU MERCATO
Mais à quoi sers-tu au juste, le mercato hivernal ?
Ca y est, le mercato hivernal a ouvert ses portes. Pendant tout le mois de janvier, on va s'agiter pour trouver la pépite, pour renforcer son effectif, et pour faire monter les enchères. Mais au fait, ce marché d'hiver, ça sert vraiment à quelque chose? Eléments de réponses avec les "gros coups" de l'an dernier.
Je suis le mercato hivernal, et je sers à apporter une vraie valeur ajoutée à mon équipe
Oui, il faut le dire, le mercato hivernal, parfois, c’est un véritable soulagement pour une équipe. Le mercato estival permet de redessiner sa formation. Bon, manque de bol, parfois, c’est loupé. Du coup, de septembre à décembre, l’équipe galère, va piocher des solutions sur le banc, voire même dans l’équipe des jeunes. Et puis, le mercato arrive, comme un véritable sauveur. Si l’on se réfère à la saison dernière, le transfert de janvier le plus réussi est certainement celui de Luis Suarez à Liverpool. Arrivé de l’Ajax, où il venait d’être suspendu pour avoir mordu un adversaire, l’Uruguayen s’est parfaitement adapté au championnat anglais, faisant presque oublier Fernando Torres. En un an, il a inscrit 12 buts sous le maillot des Reds et a été le détonateur de bon nombre de victoires.
On peut également parler du transfert d’Edin Dzeko. Le Bosnien est arrivé à City pour 32 millions d’euros le 7 janvier 2011. Si son adaptation a été plus compliquée, il est aujourd’hui un point fixe de l’équipe de Roberto Mancini. Même discours pour David Luiz, arrivé le dernier jour du mercato 2011, et devenu l’un des piliers de la défense de Chelsea. Autres cas de transferts réussis : Matri, de Cagliari à la Juventus, Barzagli, de Wolfsburg à la Juventus, Jonas, de Gremio au FC Valence, Rakitic, de Schalke au FC Séville, Darren Bent, de Sunderland à Aston Villa, ou encore Luiz Gustavo, de Hoffenheim au Bayern Munich. Et puis aussi Recoba, de l’Inter à Venise. Ah non, ça c’était en 1999. Mais c’était un putain de transfert gagnant.
Je suis le mercato hivernal, et je sers juste à retoucher mon équipe
D’autres fois, il n’y a pas besoin d’une immense révolution. Juste une petite retouche, par ci par là. Soit parce qu’il manquait un joueur à un poste précis, soit parce que l’un des titulaires vient de se faire les ligaments croisés et que, du coup, il faut le remplacer. En général, c’est en Italie que l’on assiste à ce genre de transactions. Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien que là-bas, le mercato hivernal est appelé « mercato di riparazione« , soit le marché de réparation. L’an passé, le Milan AC, qui avait réalisé un bon début de saison mais qui visait le titre, avait fait signer Van Bommel et Cassano, histoire de consolider le milieu de terrain et l’attaque. Bon, évidemment, Adriano Galliani ne pouvait pas prévoir que Fantantonio allait faire un AVC quelques mois plus tard, et qu’il allait donc devoir lui trouver un remplaçant au mercato suivant. Le Napoli, lui aussi impliqué dans la course au titre, s’était renforcé avec l’arrivée de Mascara, la Lazio avec celle de Sculli et l’Inter avec Pazzini.
En Espagne, le Real, qui courait déjà après le Barça, avait fait venir Emanuel Adebayor de Manchester City pour palier l’absence de Higuain, blessé. Cinq buts en championnat, et un doublé contre Tottenham en Ligue des Champions, et le Togolais est retourné en Angleterre. En France, Marseille avait fait venir Rod Fanni pour remplacer Azpi, tandis que Rennes avait engagé Boukari. Autres transferts « de réparation » : Roberto Firminio, de Figueirense à Hoffenheim, Bergessio, de Saint-Etienne à Catane, Hugo Almeida, du Werder à Besiktas, Sturridge, prêté par Chelsea à Bolton et même l’ami Ryan Babel (tiens, d’ailleurs, les filets de Gerland tremblent encore), passé de Liverpool à Hoffenheim. Enfin, il y a les petits malins qui retouchent leur équipe avec un joueur, et qui gagnent ensuite de l’argent en le revendant. C’est le cas de l’Atletico Madrid. En janvier, les Colchoneros achètent le Brésilien Elias pour 7 millions. Celui-ci dispute quelques matches de Liga, et est revendu en août au Sporting pour 8,9 millions. Belle plus-value.
Je suis le mercato hivernal, et je sers à miser sur l’avenir
Oui, le mercato hivernal c’est aussi une fenêtre ouverte vers l’avenir. C’est le moment de regarder les petits jeunes qui ont brillé lors des premiers mois de l’année, et de les faire signer avant qu’ils n’affolent tous les grands clubs européens l’été suivant. Coïncidence du calendrier, c’est aussi à ce moment là que les championnats sud-américains (Brésil, Chili, Argentine) se terminent, permettant à certaines petites pépites en herbe de faire le grand saut jusqu’à l’Europe. L’an passé, par exemple, Formica, 22 ans, était arrivé à Blackburn en provenance des Newell’s Old Boys. S’il n’a pas réussi à s’imposer l’an passé, il commence, petit à petit, à faire son trou. Normal, pour un mec qui s’appelle Fourmi. Palerme n’est pas allé chercher aussi loin. Zamparini a trouvé sa filière en Slovénie, et, l’an passé, l’a exploitée en faisant venir Andelkovic et Kurtic, deux jeunes joueurs qui font désormais leurs armes en Serie B.
L’Inter, aussi, s’est tournée vers l’avenir. Ranocchia est venu renforcer un secteur défensif vieillissant (Samuel, Cordoba, Lucio, Chivu…) en vue d’un passage de témoin obligé, tandis que Nagatomo est arrivé au milieu de terrain. D’abord vu comme un pur produit de marketing, le Japonais s’impose aujourd’hui comme une valeur sûre de l’Inter de Ranieri. Coté espagnol, Villarreal avait vu juste avec l’arrivée du jeune Mubarak (drôle de blase), et le Barça, qui n’en a pas forcément besoin, a recruté le Hollandais Afellay. Enfin, Liverpool croyait dégoter l’attaquant anglais de demain en la personne d’Andy Carroll. Payé 41 millions d’euros, monsieur queue-de-cheval n’a pas encore montré toute l’étendue de son prétendu talent, avec seulement 4 buts inscrits en une année. Bah ouais, c’est peu. Même pour un gars « plein d’avenir » .
Je suis le mercato hivernal, et je ne sers à rien. Ah si, à à perdre de l’argent
En vrai, le mercato hivernal, c’est quasiment 50% de transferts inutiles. Pas forcément inutiles sur le coup, mais qui s’avèrent totalement bidons seulement quelques mois (voire quelques semaines) plus tard. Peu utilisés, peu efficaces, peu intégrés, les joueurs qui tentent une nouvelle aventure arrivent dans leur nouveau club avec des étoiles plein les yeux, et en repartent souvent six mois plus tard, la queue entre les jambes. Impossible, évidemment, de ne pas penser au roi du transfert foiré 2011 : Fernando Torres. Arrivé à Chelsea pour 58,5 millions d’euros, l’enfant prodigue d’Anfield est visiblement allergique au bleu. Jamais, depuis son arrivée, il n’a retrouvé son niveau d’antan, alors qu’il n’a que 27 ans. Son raté monumental, contre Manchester United en début de saison, est l’image-même de son expérience chez les Blues. Une chose est sûre : Chelsea ne le revendra pas à son prix d’achat.
Le Calcio a fait fort, aussi, au niveau des transferts foireux. Il suffit de penser à l’Espagnol Didac Vilà au Milan AC, qui n’a disputé que 90 minutes avec le maillot rossonero. Et retour à l’envoyeur. Legrottaglie a fait encore plus fort : 38 minutes avec le maillot milanais, puis une blessure, et saison terminée. Victor Ruiz n’a pas fait mieux au Napoli : six petits matches disputés, et quasiment autant de bourdes. La Juve avait cru bien faire en engageant Luca Toni pour remplacer Quagliarella. Mais l’ancien canonnier de la Fiorentina n’a jamais fait peur à grand monde. La preuve, aujourd’hui, il a été placé hors du groupe et rêve de quitter Turin pour jouer à nouveau. Cicinho, lui, rêve de quitter la Roma. Pourtant, l’an dernier, il a été prêté à Villarreal, où il a été nulissime. Le sous-marin l’a torpillé. Etonnant. Et que dire, alors, de l’expérience de Ireland à Newcastle? Le chauve en provenance d’Aston Villa, arrivé plus ou moins pour faire oublier l’estropié Ben Arfa, n’a foulé la pelouse que deux fois, pour un total de 49 minutes jouées. Propre. Allez, pour le plaisir, quelques transferts 2011 qui sentent bon la loose. Macheda à la Sampdoria, Mbokani et Diarra à Monaco, Santa Cruz à Blackburn, Samuel au Werder Brême, Emanuelson au Milan AC, Rosina à Cesena, Neto à la Fiorentina. Et le plus beau. Andre à Bordeaux.
Je suis le mercato hivernal, et en fait, je sers surtout à balancer des rumeurs
Mais on ne va pas se mentir. Ce que l’on aime dans le mercato hivernal, c’est de se lever le matin, d’allumer son ordinateur, et de scruter les dernières rumeurs. Et pour ça, le session de janvier est une véritable mine d’or. Ainsi, si l’on avait cru les rumeurs de l’année dernière, Milan aurait un milieu de terrain Fabregas-Schweinsteiger, qui lancerait des ballons de but à Didier Drogba. La triple rumeur a persisté jusqu’à l’été. En face, à l’Inter, on attend toujours la venue de Ganso ou l’échange Maicon-Benzema, tandis que Santa Cruz était censé être dans l’avion en direction de Rome pour signer à la Lazio. Mais la France n’est pas en reste. L’hiver dernier, les Qataris n’étaient pas encore arrivés à Paris, et personne n’aurait eu l’idée d’évoquer Pato, Tevez ou Kakà. Par contre, on parlait de Ruffier, Alou Diarra, Kaméni, Marvin Martin et El-Arabi. Finalement, Paris a fait un mercato blanc. Cela n’arrivera plus.
Kévin Gameiro et Djibril Cissé, quant à eux, avaient longuement été annoncés du côté de Bordeaux. Cela n’arrivera plus non plus. Et Marseille, déjà, était à la recherche de son « grand attaquant« . Au cours du mois de janvier, des noms ont tourné en boucle sur la Cannebière : Griezmann, N’Zogbia, Benzema et même Niang. Et Michel Bastos, il est bien arrivé à Manchester? Non? A Turin alors? Non plus? Bon. Dans les autres pays d’Europe, chacun a eu droit à son lot de rumeurs : Coentrao à Manchester United, Bale au Real Madrid, Bale au Barça, Bale à City, Negredo à Liverpool, Zarate à Chelsea, Kagawa et Klose au Real Madrid ou encore Luis Fabiano à la Juventus. Evidemment, le retour de Drogba à Marseille ne compte pas. A ce stade là, on appelle carrément ça un refrain.
Eric Maggiori