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Maillol, le Brésilien de la saison
Christophe Maillol restera indéniablement comme le Français sauce Brésil de la saison. Le temps d'une longue séquence, il a fait croire au rachat du Havre, à l'arrivée d'Adriano en Normandie et à une expertise dans le foot brésilien, lui l'ancien patron de boutique Serge Blanco.
« Le Havre est un club de Ligue 1. Vous avez vu le stade qu’on a, il mérite que des Brésiliens y jouent ! Avec tout le respect que j’ai pour des équipes par exemple comme Guingamp ou Lorient, nous c’est la classe au-dessus. » Christophe Maillol fait le paon, à la sortie de l’été 2014, et provoque aussi. Comme des dribbles désordonnés, il veut envoyer du rêve en Normandie et mettre enfin à profit son passage dans son deuxième pays : le Brésil. Oui, plus de dix années plus tôt, Maillol se range des polos de sa boutique de Lyon, pour traverser les océans et rejoindre le pays auriverde. Un seul objectif : mettre un pied dans le football, le vrai. Et le principal intéressé déclare même y avoir fondé sa propre boîte de gestion sportive de professionnels brésiliens, appelée le « 19 de Janeiro LTD » . « Je travaillais déjà dans le foot. Lyon était à l’époque très branché brésilien, ça m’a donné des idées. Des mecs de là-bas m’ont dit que ça serait intéressant que je vienne bosser au Brésil avec eux. C’est le pays du football. Je faisais pas mal d’aller-retour. J’ai fini par y rester 10 ans. Cela m’a apporté un autre regard sur beaucoup de choses de la vie en elle-même. Au début pourtant, ça n’a pas été facile de s’adapter par rapport à la langue, la culture. J’ai été bien accueilli. Après, ma profession m’a fait rencontrer des gens très bien et d’autres moins bien » , se souvient Maillol. Ce passage en Amérique du Sud lui aurait tout de même donné l’idée de racheter un jour un club français pour y empiler des stars brésiliennes.
Nantes, Grenoble, Nîmes, Le Havre…
Alors Christophe s’essaie. En 2010, Waldermar Kita rembarre ses 15 millions d’euros et son plan de rachat de Nantes. La proposition est jugée trop faible et/ou on doute déjà sur les bords de l’Erdre de l’existence des capitaux. Maillol repart une première fois frustré. Une année plus tard, en mars 2011, il décide de se lancer sur Grenoble. Alors en faillite, Maillol doit sortir 5 millions de sa poche, mais la transaction n’aboutira jamais. L’individu prétexte alors un désistement de dernière minute. En décembre 2013, c’est au tour de Nîmes. Intéressé dans un premier temps par le rachat de l’Olympique, ce dernier ne parviendra pas à lever les fonds nécessaires. Pour échapper à la métaphore du mec qui ne parvient jamais au bout, l’homme avait souhaité mettre les choses au clair. C’était en octobre 2014, quand les premiers incrédules pointaient le bout de leur nez : « Ce que je dis aux gens qui pensent que le projet du Havre ne se fera jamais ? J’aimerais tout d’abord leur préciser que je n’ai jamais travaillé à Nantes, Grenoble ou Nîmes, comme je le fais aujourd’hui au Havre. Ce n’était que des possibilités, du conditionnel. Tout l’inverse du HAC, pour qui je m’investis à 100 % depuis le mois d’août. Je travaille main dans la main avec le président Jean-Pierre Louvel, qui est une personne formidable. Aujourd’hui, si je ne lui donnais aucune garantie de rachat, il ne me permettrait pas de m’investir autant. Il a l’assurance de mon honnêteté. »
Le HAC, le projet et l’aboutissement d’une vie
Août 2014, alors que le HAC est en vente, Christophe Maillol vient donc toquer à la porte du club normand pour un rachat de plus de 90 % de ses parts. Oui mais voilà, on rejoue la même chanson. On n’en reste qu’au stade de la promesse, malgré les assurances de Maillol. « Dans les 10-15 prochains jours (le 24 octobre dernier, ndlr) je devrais enfin acquérir 94 % du club. J’ai eu des contretemps administratifs » , rassure-t-il. Beaucoup ont de la peine à le croire, au regard de son pedigree aux chevets de Nantes, Grenoble ou Nîmes. « Mais vous savez, je ne suis pas aussi mauvais que ce qu’on dit et ce qu’on écrit. J’ai une réelle volonté de bien faire et un réel enthousiasme. » Lui veut faire du Havre une machine à victoire en… Ligue 1. Et ce, dès la saison 2015-2016. « L’objectif du Havre, c’est que le 22 mai, lors de notre dernier match contre Auxerre, on soit déjà qualifiés pour la montée en Ligue 1. Mon souhait, c’est que ça se passe avant le 22 mai. Clairement, rester en L2 serait une énorme déception, un échec même. » La chose serait vécue comme un énième frein à son rêve le plus fou, celui d’être à la tête de l’un des plus grands clubs de France. Car Maillol est impatient. Impatient d’entrer enfin dans le game et de contredire tous ses détracteurs. « Oui, je peux dire que c’est le projet de ma vie. J’y suis presque enfin arrivé. Je peux vous dire que je suis motivé tous les matins pour me lever, j’ai plein d’ambitions. Je suis fier tous les jours du travail que je produis. » Dans l’optique de devenir l’une des forces majeures de l’Hexagone, Maillol disait vouloir investir autour du stade Océane qu’il considère comme étant l’un des plus beaux stades de Ligue 1, qui « mériteraient » donc des « Brésiliens » sur le rectangle vert. « Le stade mérite de connaître la première division. C’est d’ailleurs un pouvoir économique et une valeur ajoutée énormes. On a d’ailleurs le projet d’y intégrer un restaurant, des boutiques et un magasin, un peu comme le stade d’Arsenal » , ambitionne-t-il. Le tout agrémenté d’un effectif lusophone.
Le HAC et sa colonie de Brésiliens
Pour entamer son processus marketing et rameuter de nouveaux fans, Maillol avait promis la signature d’Adriano. Un joueur qui se saoule depuis la mort de son père et fait du gras chaque année. Un attaquant aussi à court de forme qui n’a plus joué depuis plus de 6 mois. L’optique de le voir évoluer en Ligue 2 se rapproche du vaudeville, mais qu’importe, l’hypothétique futur président du Havre vit un rêve éveillé : « L’idée de le faire venir m’est venue en 2009. J’étais au Brésil. À ce moment-là, il arrive à Flamengo, il fait 107 kilos. Il est décrié partout au pays, mais il arrive à finir meilleur buteur du championnat avec 19 buts. Je me suis juré que si un jour j’avais un club, quelle que soit sa situation, j’essayerais de le prendre. Mais attention, je ne risquerais pas de déséquilibrer le vestiaire en ajoutant un joueur si je n’étais pas sûr qu’il ne s’intégrerait pas. On a un super groupe, un super vestiaire, une belle dynamique, tout le monde est très respectueux. Les gars l’ont invité dans les vestiaires et commencent déjà à l’intégrer. » En visant la Ligue 1, le Havre espère élargir son quota de joueurs extra-communautaires à quatre Brésiliens. Une volonté affichée et assumée qui pouvait faire du club normand le nouvel Olympique lyonnais de l’époque Juninho. C’était en tout cas l’ambition numéro une de Maillol : « Aujourd’hui, en Ligue 2, nous n’avons le droit d’en avoir que deux. Mais je peux vous assurer que la saison prochaine, en Ligue 1, où on a le droit à quatre extra-communautaires, c’est bien probable que ça soit tous des Brésiliens. Donc pour répondre à votre question, oui le Havre aura un look brésilien. » En janvier, Adriano et Rodolpho devaient jouer pour le HAC. Aujourd’hui, même Jérôme Leroy s’est tiré. Mail-Lol ?
Par Quentin Müller