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Magath et la malédiction du sang bleu

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Magath et la malédiction du sang bleu

A trois journées de la fin et avec deux points de retard, le Schalke de Félix Magath n'espère plus qu'une chose : que le Bayern, encore engagé sur trois fronts, s'écroule en championnat. A commencer par ce samedi à Mönchengladbach.

Les plus anciens se souviennent de cette diagonale de fou en finale de ce qui s’appelait encore la Coupe d’Europe des Clubs Champions. On était au printemps 1983 et le Hambourg de Félix-le-chat allait terrasser à Athènes la Juve de Platini, qui n’était pas encore cette machine de guerre à usiner du trophée. Le stratège bianconero était alors considéré comme le plus grand loser du continent et le Hambourg Sport Verein officiait dans la cour des grands. Au reste, la carrière de joueur de Félix Magath peut se lire de deux façons. A l’aune des chiffres et du curriculum, le démiurge allemand peut se targuer d’avoir joué TOUTES les finales des grandes compétitions internationales : C1, C2, C3, Intercontinentale, Supercoupe d’Europe, Euro, Mondial. RIEN QUE ÇA. Au chapitre karma et réputation, le bonhomme restera en revanche un playmaker controversé comme le seront ses contemporains Wolfang Overath, Gunter Netzer ou Hansi Muller. Un trademark teuton… Sa lenteur, son manque d’élégance, son peu d’appétence pour le but, son léger embonpoint n’exciteraient jamais les foules…

Ce hiatus entre un palmarès hors-norme et une image brouillée, Magath va le trimbaler avec lui quand il opte pour une carrière d’entraîneur. Il débute pourtant celle-ci en adoptant un profil bas. D2 (Uerdingen, Bremerhaven) pour commencer… Il ferraille ensuite dans des clubs modestes du ventre à bière de la Bundesliga (Nuremberg, Hambourg -alors au fond du trou, Francfort). Hormis un passage éclair d’une demi-saison comme skipper du Werder Brême (98/99), il doit attendre l’hiver 2001 pour prendre en charge une grosse cylindrée du championnat allemand, le VFB Stuttgart. Sa dixième année comme entraîneur. L’homme est patient. Il connaît la précarité de la fonction : il s’est fait virer de l’Eintracht et du Werder. Le VFB, où il restera trois saisons, lui offre néanmoins ses premières lettres de noblesse, une Coupe de la Ligue en 2004.
Marcelo Bordon, le défenseur brésilien de Schalke Null Vier, qui a déjà été sous ses ordres (le mot est à dessein) à Stuttgart affirmait à l’automne qu’il « ne changerait ses méthodes pour rien au monde » . Ses méthodes ? Une préparation commando façon Marines où il impose à ses troupes des charges de travail physique dignes d’un triathlète. A Wolfsburg, ses joueurs le surnommaient « Saddam » ou encore « Qualix » (mix entre quälin -‘torture’ en allemand- et Félix son prénom). Comme souvent, cet autoritarisme fonctionne au début mais finit par s’éroder avec le temps. Son passage au Bayern (2004/janvier 07), avec lequel il réussit deux doublés coupe-championnat avant de se faire limoger durant la trêve hivernale de la troisième saison, l’atteste.
Rejeton d’un père G.I américain, originaire de Porto-Rico, trop vite parti et élevé par une mère allemande, cet enfant du métissage né dans l’après-guerre (en 1953) semble avoir toujours quelque chose à prouver, quelque moulin à vent à pourfendre. Avant même d’être titré l’an dernier avec Wolfsburg, il s’embrouillait avec les dirigeants du club de Volkswagen et décidait de tenter un improbable banco avec le Null Vier. Le vide intersidéral à la place de la Ligue des Champions. Huitième en 2008/09, criblé de dettes, doté d’un effectif pléthorique (37 acteurs au générique), miné par des querelles intestines, le club de Gelsenkirchen ne présente pas les atours d’une bella donna. Du coup, les dirigeants offrent à Magath les clefs de la maison et un confort absolu. L’ancienne patte gauche veloutée de Hambourg devient officiellement un manager général aux pouvoirs élargis, sportifs et administratifs. Désemparés, les supporters du club de Rhénanie du Nord Westphalie veulent voir en lui une sorte de Deus ex machina de la balle ronde. Des calicots « Félix, offre-nous le bouclier » fleurissent un peu partout dans la Veltins Arena. L’engouement autour des Bleus Royaux (Die Königsblauen) paraît contagieux. Malgré un début de saison encourageant, Magath reste stoïque bien conscient que les fans locaux sont prompts à l’emphase. « Nous avons peut-être stabilisé la table (lire les fondations, ndla) mais les matchs les plus durs nous attendent, les ennuis commencent. Ça prendra un certain temps » , ne cesse-t-il pas de tempérer depuis l’intersaison.
Dans un championnat un peu dingo, dominé dans un premier temps par le duo Hambourg-Bayer, Schalke reste dans l’ombre. Comme le Bayern (de façon moins spectaculaire) et Dortmund (d’une manière plus rectiligne), les hommes de Magath remontent inexorablement vers la tête. Paresseuse, la presse allemande tente le coup des comparaisons avec le Wolfsburg de l’an passé (notamment une phase retour exceptionnelle). Magath insiste pour ne pas faire de parallèles : « Avec le VFL, nous avons mis deux ans à façonner l’équipe. Le groupe a pris son temps pour grandir ensemble. Nous possédions deux buteurs (Dzeko & Grafite) et un meneur (Misimovic) d’envergure internationale. Ici, il y a Kuranyi et ce n’est pas assez » . Et comme pour se convaincre lui-même : « Et Les Loups n’ont jamais joué avec des maillots bleu et blanc » . La malédiction, encore et toujours.
Depuis la création de la Bundesliga sous sa forme actuelle (une poule unique en 1963), Schalke 04 n’a jamais été champion d’Allemagne. Il tourne autour (quatre fois deuxième) sans jamais décrocher le pompon. La décennie 2000-2010 les voit monter en régime. Les « Bleus royaux » terminent trois fois vice-champions d’Allemagne (2001, 2005 et 2007) et montent sur la troisième marche du podium en 2008. Durant cette décennie, leur plus mauvais classement sera une huitième place en 2009. Aujourd’hui encore, la perte du titre de 2001, dans le temps additionnel lors de la dernière journée (au profit de l’inévitable Bayern), hante encore les mémoires de toute la Ruhr. En 2007, après que Dortmund eut torpillé Schalke (2/0) dans le “revierderby” de la Ruhr à deux journées de la fin (ce qui lui coûtera le Meisterschaft (1), des supporters du Borussia louent un petit avion pour survoler la Veltins Arena, lors du match suivant. A l’arrière flotte une banderole : « La vie est longue sans titre en main. » Aujourd’hui, tout le monde a oublié, sauf peut-être quelques bibliothécaires émérites, que les aristocrates en paletot bleus furent six fois champions d’Allemagne. Entre 1934 et 1958. Cinq de ces six titres ont été glanés sous le IIIème Reich. Magath est venu pour mettre fin à cette malédiction des sang-bleu, ces aristocratiques Königsblauen. Il a promis le titre… sans préciser l’année.

Ce ne sera probablement pas pour cette fois-ci. Idéalement placé au début du mois, le Null Vier a galvaudé ses chances en dix jours. Une défaite à la maison contre le Bayern (1/2) –qui jouera près d’une heure à dix-, une autre en suivant contre Hanovre (2/4), un relégable, que le Bayern atomisera la semaine suivante (7/0). Le tout agrémenté d’une élimination en ½ finale de la coupe (1/0 a.p) contre…le Bayern, vainqueur à Veltins Arena pour la cinquième fois de rang. « Aucun de mes joueurs ne doit plus s’embêter à penser au titre. Cette défaite est méritée, on a été trop prudent, on leur a montré trop de respect » , a regretté Magath. Peut-être qu’au fond de lui, l’ancien stratège de Hambourg ne souhaite qu’une seconde place pour les siens. Elle les qualifierait directement pour la Champions et constituerait une formidable conclusion, pour un baptême du feu, même si elle ne mettrait pas fin aux vieux démons de plus d’un demi-siècle.

Herta Berlin/Schalke, 15h30

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

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