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Maelström Kimpembe
Face à l'Islande, Presnel Kimpembe avait l'occasion d'affirmer sa position de titulaire en puissance en équipe de France. Responsable lors des deux buts, le défenseur parisien devra retourner au charbon pour montrer qu'à 23 ans, il peut être autre chose que l'administrateur du compte Spotify des Bleus.
Un coup de génie, une prestation dingue, un sauvetage miraculeux, une frappe hors du temps… C’est par ce genre de déclics qu’un joueur peut généralement bénéficier de la confiance d’un sélectionneur et de celle du public, avant de penser à confirmer pour s’inscrire dans la durée. Parlez-en à Benjamin Pavard. Pour Presnel Kimpembe, en grossissant le trait, sa présence chez les Bleus est due à une prestation monstre en Ligue des champions où il avait avalé Lionel Messi, une aura de Titi qui tient la baraque au PSG et depuis cet été une étiquette de DJ attitré de la sélection.
Mais sur le terrain, en dehors d’une titularisation devenue presque anecdotique lors de l’indigent Danemark-France à Moscou (0-0), aucun élément concret ne permet de connaître ses aspirations. Parce que Didier Deschamps a entre-temps trouvé ses hommes et que tout le monde avait trouvé son rôle dans le collectif pour atteindre l’objectif suprême. À Presko la gestion de l’enceinte bluetooth et la tâche de soutenir ceux qui étaient alors en première ligne.
Dans la succursale du pouvoir
À Guingamp, pour ce match amical face à l’Islande où il a été promu en l’absence de Samuel Umtiti, PK3 avait l’occasion de justifier un crédit que beaucoup lui accordaient. À raison, vu son début de saison enthousiasmant à Paris, où Thomas Tuchel le place dans une concurrence saine et loyale avec les Brésiliens Thiago Silva et Marquinhos. Tout pour avoir les faveurs des patrons de l’équipe de France, comme Hugo Lloris. « Je ne suis pas surpris par ce que fait Presnel, assurait le capitaine avant la rencontre au Roudourou, avant de rappeler à tout le monde les états de service de son coéquipier. Même s’il reste jeune, il n’est pas nouveau, ça fait un moment qu’il est en sélection. Il a un énorme potentiel, il le démontre avec le PSG. Il a tout d’un défenseur moderne et c’est avant tout un excellent défenseur, c’est très dur de le passer.[…]Il est champion du monde, il joue au PSG, il a de nouveaux défis individuellement, mais aussi collectivement, puisque le PSG a de grandes ambitions à l’échelle européenne. C’est un joueur de très haut niveau. » Un éloge qu’il fallait donc confirmer jeudi dernier dans les Côtes-d’Armor.
Aligné à la droite de Raphaël Varane, flanqué de son numéro 3 dans le dos comme dans son rang dans la hiérarchie des défenseurs centraux français, Presnel Kimpembe n’a pas su répondre aux attentes. Certes, les premières minutes de sa deuxième titularisation lui ont permis de montrer sa capacité à apporter sérénité et autorité dans l’arrière-garde : un coup d’épaule solide et une sortie de balle propre, tête levée et bras tendus pour replacer ses partenaires. Sauf que cette tranquillité sera vite douchée par un excès de confiance. Pensant pouvoir conserver la balle dans le coin, le Parisien s’est fait bousculer par Alfreð Finnbogason à la régulière. Le défenseur aura beau réclamer la faute, Birkir Bjarnason sera intraitable au bout de l’action. Surtout que le bousculé devait initialement être celui qui devait bousculer.
Presquenel
Pas un adversaire, mais son sélectionneur, pour le pousser à reconsidérer sa candidature. « C’est quoi bousculer ? Passer devant quelqu’un ? Prendre la place de quelqu’un ? Qu’il continue !, s’exclamait Didier Deschamps avant le match contre l’Islande. Après, c’est un choix, il y a quatre défenseurs centraux et il y en a deux qui jouent, même s’il y a deux matchs. Il y a toujours des possibilités. Dans son état d’esprit, c’est quelqu’un qui n’est jamais relâché et toujours là, même à l’entraînement. » Pourtant l’observation du technicien tricolore sera une nouvelle fois contredite, Kimpembe laissant plus tard filer dans les airs Kári Árnason sur le but du break.
Mardi soir face à l’Allemagne, il sera certainement un des seuls « nouveaux » testés ce jeudi qui devraient avoir une seconde chance. Mais Presko doit garder en tête qu’il n’y a pas que Kylian Mbappé qui sait endosser le costume de sauveur. Car une autre amulette de Deschamps sera assise sur le banc et ne se gênera pas pour en remettre une couche si on lui en offre la possibilité. Son nom ? Mamadou Sakho.
Par Mathieu Rollinger