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Macron : après les casseroles, le temps des sifflets

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes

La finale entre Nantes et Toulouse ne se limite pas à la quête d'un titre prestigieux. De par sa dimension politique, caractérisée par la présence du président de la République, elle s'imprègne forcément du contexte, en l'occurrence, en 2023, le refus de la réforme des retraites. Au point qu'Emmanuel Macron ne descendrait pas sur la pelouse...

Macron : après les casseroles, le temps des sifflets

C’est presque devenu un nouveau sport : accompagner la venue des ministres d’un concert de casseroles, que l’usage de ces dangereuses armes de protestation soit ou non interdit, voire qu’elles soient saisies, par les forces de l’ordre. Lorsqu’il viendra saluer ce samedi soir les deux équipes sur la pelouse du Stade de France, Emmanuel Macron aura-t-il entendu le tintamarre promis par l’intersyndicale de Seine-Saint-Denis, qui désire distribuer en masse des sifflets à la sortie des transports en commun ? Les syndicalistes ont également l’intention d’« adresser un carton rouge au méprisant de la République » en fournissant aux spectateurs des petits bouts de papier dont la couleur prend d’un coup un tout autre sens.

Les précédents 1968 et 1984

Toutefois, à l’instar de ce qui a pu se passer en province, les responsables redoutent que ce dangereux matériel ne se retrouve confisqué pour épargner à Saturne une symphonie, chromatique ou sonore, de désapprobation lors de ce moment de communion nationale autour du ballon rond, dont le chef de l’État imagine peut-être faire un moment stratégique dans sa volonté d’« apaisement ». « Cette action vise à montrer symboliquement notre opposition à la réforme des retraites, a précisé à l’AFP le secrétaire départemental de la CGT, Kamel Brahmi. Après les casseroles, ça serait les cartons rouges. Interdire, ça serait ridicule et inquiétant. » La Coupe de France, compétition hautement populaire, encore davantage cette année au regard du profil de ses deux prétendants, s’avère effectivement l’espace idéal, au sein du football, pour tenter de représenter, visuellement, l’opposition entre « le peuple » et l’actuel gouvernement. Les tribunes de foot ont été par ailleurs plutôt discrètes sur le sujet de la réforme des retraites, sauf quelques cas isolés à Saint-Étienne ou au Red Star par exemple.

Cette finale se déroule surtout juste avant un 1er mai intronisé en (dernière ?) grande journée de mobilisation contre cette loi majoritairement rejetée par l’opinion. Ce n’est évidemment pas la première fois que cet événement se trouve au milieu d’une tempête sociale. On songe bien sûr à 1968 et au choc entre Saint-Étienne et Bordeaux, mais également à celui de 1984 entre Metz et Monaco lorsque François Mitterrand fut obligé de s’expliquer sur la crise sidérurgique en Lorraine. Et personne n’a évidemment oublié les tractages syndicaux autour des matchs de l’Euro 2016 en opposition à une loi travail largement validée elle aussi, sous François Hollande, par le 49.3. Enfin en 2022, la finale de la Ligue des champions à Saint-Denis avait été contrariée par une grève sur le réseau RER, largement occultée ensuite par le fiasco des organisateurs (FIFA et pouvoirs publics).

Le président va-t-il déroger à la règle ?

Cette action revendicative s’inscrit plus globalement dans la volonté de plus en plus fréquente d’utiliser le sport au sens large, et son audience, afin de continuer à faire entendre le refus de cette réforme des retraites passée aux forceps. En rugby, le match de Pro D2 entre Agen et Nevers a été interrompu pendant vingt minutes par une coupure d’électricité revendiquée par la CGT (qui menace aussi Roland-Garros ou le grand prix de F1 de Monaco). Les prochains JO de Paris, déjà socialement critiqués, notamment pour les conditions de travail et les morts sur les chantiers, sont d’ores et déjà la cible de certains opposants via le hashtag #PasDeRetraitPasDeJO (pour l’instant les centrales syndicales rejettent ce mode de pression sur les JOP).

Le contexte est donc si tendu que le président va déroger, du moins est-ce annoncé, à la règle d’or qui consiste à descendre sur la pelouse saluer les capitaines et leurs coéquipiers. Bref, il n’endossera pas la charge symbolique de la reconnaissance du foot de la nation devant le peuple amassé dans les gradins ou devant son écran. Nous vivons bien une crise démocratique qui affecte y compris notre principal sport national. De la sorte, au-delà de l’ambiance que mettront les supporters et les ultras nantais et toulousains, on prêtera une oreille attentive lorsque l’image du président de la République apparaîtra sur l’écran géant du Stade de France. Si vous envisagez de vous rendre au match avec un vuvuzela, veillez à bien le planquer.

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