- Euro 2016
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M le Maudit
Après avoir raté la Coupe du monde en raison d'une blessure à la cheville, Marco Reus ne sera pas de la partie à l'Euro, la faute à ses adducteurs. Une nouvelle qu'il a apprise le jour de ses 27 ans. Le destin n'est vraiment pas tendre avec le joueur du Borussia Dortmund.
« Marco Reus ne va pas à l’Euro ! » Juste avant la communication de la liste des 23 Allemands pour le tournoi en France, voilà que Bild lâche la bombe sur les réseaux sociaux. L’incompréhension totale règne, et tout le monde n’attend plus qu’une chose : que Joachim Löw confirme l’information donnée par le tabloïd. Ce qui sera fait quelques minutes plus tard. « MR11 » ne sera pas à l’Euro, pas plus que Karim Bellarabi, Julian Brandt ni Sebastian Rudy. Si les deux joueurs du Bayer Leverkusen et le sociétaire d’Hoffenheim ont été écartés pour des raisons sportives, « Woodyinho » , lui, l’est pour des raisons médicales. « Dans le cas de Marco Reus, les médecins n’étaient pas en mesure de donner un pronostic clair » , déclarera Löw devant le parterre de journalistes. « Actuellement, il peut seulement courir tout droit. Rien d’autre. Les médecins sont sceptiques à l’idée qu’il puisse être performant dans un tournoi très éprouvant comme celui-ci. » La voix est grave, la sentence est terrible. D’autant plus que le Bundestrainer ajoute cette phrase qui décroche une grimace à plus d’un : « Si Marco était en forme, ce serait vraiment un plus pour l’équipe. »
Le destin de Marco
Pour les amateurs de ballon, c’est un choc : l’absence de Marco Reus vient s’ajouter à celles d’autres régaleurs de chique, à savoir Marco Verratti, İlkay Gündoğan ou encore Claudio Marchisio. Une nouvelle que le natif de Dortmund a apprise le jour de son 27e anniversaire. Comme cadeau, on a connu mieux. Mais au fond, pouvait-il en être autrement ? Après tout, le destin de Marco, ce n’est pas celui de Lisa. Le M est maudit. Il n’y a qu’à rembobiner pour se rendre compte que le karma ne fait que le dribbler. Juillet 2012 : après des années à bourlinguer et se forger un caractère (et un jeu), Marco Reus fait le choix du cœur plutôt que celui de la raison, et rentre au BvB, alors double champion en Bundesliga.
Depuis, c’est le désert au niveau palmarès – si l’on excepte les Supercoupes d’Allemagne 2013 et 2014. Avec Dortmund, Reus montre de très belles choses, mais ne peut faire mieux que collectionner les places de second, que ce soit en championnat (2013, 2014, 2016), en Coupe (2014, 2015, 2016) et même en Ligue des champions (2013). Reste alors l’équipe nationale. Auteur de très belles rentrées lors de l’Euro 2012, Marco a petit à petit conquis sa place de titulaire, en vue de la Coupe du monde 2014. Sauf que sa cheville décide de le lâcher juste avant l’envol pour le Brésil, lors du dernier match amical face à l’Arménie (6-1). Un coup dur pour le jeune homme, qui sera durablement enquiquiné par ses chevilles lors de l’exercice suivant.
Karma is a b***h
Cette saison, Marco Reus s’était promis d’aller à l’Euro. Pour se rassurer, mais aussi pour conjurer le mauvais sort. Quitte à jouer avec le frein à main, même s’il n’a osé l’avouer en début de saison. « C’est normal que tu fasses un peu attention [aux contacts] lors des premiers duels à l’entraînement » , déclarait le footballeur de l’année 2012 à Kicker. « C’est dans la tête que ça se joue. Et puis, avec le temps, tu reprends confiance en toi. Si j’avais des doutes, je ne pourrais pas retrouver le niveau qui était le mien un jour. »
Et même si Dortmund a réalisé une saison de très haute facture, Marco Reus a été un ton en dessous de ses compères de l’attaque, Pierre-Emerick Aubameyang et Henrikh Mkhitaryan. C’était peut-être inconscient, mais il y a eu des moments où l’on avait clairement l’impression que Marco se livrait un peu moins, tentait de se protéger, de jouer la sécurité, de faire en sorte d’être du voyage en France. Malgré tout, cette année encore, les blessures l’ont guetté et ont fini par l’attraper. Les adducteurs, comme si souvent ces dernières saisons. Marco Reus ratera donc son deuxième tournoi de rang. Un tournoi auquel il aurait pu prétendre à une place de titulaire. L’histoire est donc un éternel recommencement. And karma is a b***h.
Par Ali Farhat