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Lyon, une histoire à prolonger contre Manchester City
Huit jours après sa qualification face à la Juve, l'Olympique lyonnais aborde sans réelle pression son quart de finale face à Manchester City. Pourtant avec cette équipe, rien ne permet d'écarter sérieusement l'irrationnel.
L’anonymat a ça de bon. Ce jeudi, au moment de vider la soute du bus sur le parvis de l’hôtel Cascais Miragem, au moment de se faufiler au milieu des touristes résidant dans les autres étages de l’établissement, il y avait peu de monde pour se retourner sur le passage des Lyonnais. Pourtant, leurs valises sont pleines à ras bord de fierté et de confiance ramenées en souvenir de leur voyage à Turin la semaine dernière. Les poulains de Jean-Michel Aulas avaient fait de leur présence à Lisbonne pour le Final 8 une question d’honneur, et ils y sont. Un pied de nez à ceux qui voulaient déjà les enterrer après une saison tumultueuse écourtée pour cause de coronavirus. La prestation face à la Juventus, grâce à un amalgame de solidarité et de réussite, leur a offert une revanche — au minimum — symbolique : oui, ce Lyon avait bien les moyens d’espérer mieux qu’une septième place de Ligue 1. Mais au moment de se voir proposer Manchester City, bourreau du Real Madrid de Zidane, les Gones se verraient bien prendre un peu de rab. « On sera outsiders, mais ça nous va très bien », avouait Rudi Garcia.
Lisbonne affaire
Si l’Olympique lyonnais avance masqué, il pourrait tout à fait se satisfaire d’une sortie avec les honneurs dans une partie de tableau qui ressemble à une étape à trois cols hors catégorie. En cas de victoire face aux Skyblues ce samedi, il faudra ensuite s’attaquer au Bayern par la face nord — pour un remake de la demi-finale de 2010 — pour espérer disputer en finale son ticket européen pour l’année prochaine. Autant dire que, vu d’ici, l’horizon n’est pas vraiment dégagé. « C’est un vrai chemin de Ligue des champions, trépignait Rudi Garcia après avoir savonné la planche de Maurizio Sarri. On va tout faire pour réussir un nouvel exploit. Manchester City est supérieur, mais la Juve l’était aussi. Il ne faut pas se donner de limites. » Dans une édition qui ne ressemble à aucune autre, sur terrain neutre et un match sec, dans un monde où Choupo-Moting extirpe le PSG de l’humiliation et où la fougue de Leipzig fait voler en éclats les dogmes du Cholo, rien n’est écrit par avance. Alors tant qu’on y est, autant en profiter à fond.
Avant de croiser le dauphin d’Angleterre, Rudi Garcia sait très bien comment aborder ce match : « Manchester City confisque le ballon, l’utilise bien, possède des joueurs extraordinaires sur le plan technique. Le danger peut venir de partout, mais encore une fois, sur un match, il faut absolument croire en nos chances. Il faudra être courageux, bien défendre, mais surtout bien utiliser le ballon et tout faire pour marquer. » En bref, City n’a ni les mêmes caractéristiques ni la même dynamique que la Juve, poussive dans les derniers hectomètres de la saison, mais l’équation reste la même : il faudra subir puis rugir. Qu’importe l’ordre pourvu que cela tienne derrière.
Pep Garcia is the new Pep Genesio ?
Pour ce faire, le coach rhodanien compte à nouveau sur son 3-5-2. Un système qui a déjà mis en difficulté les Citizens en décembre face à Wolverhampton (2-3) et en mars contre United (0-2). « J’aime bien cette organisation qui nous permet de lutter avec les meilleurs, même si je pense qu’on peut l’améliorer sur le plan offensif », expliquait Garcia, excité à l’idée de livrer une bataille tactique face à Pep Guardiola. « Je serais très content de le revoir. Nous nous apprécions beaucoup et nous nous sommes toujours suivis l’un l’autre », fayotait-il. Pourtant, dans le rétro, les précédents ne devraient pas raviver que de bons souvenirs. À l’automne 2014, lors de sa double confrontation contre le Bayern de Guardiola, sa Roma avait ramassé un 1-7 à l’Olimpico et un 2-0 à Munich. Cette même année avec la Louve, Rudi avait aussi croisé le Manchester City de Manuel Pellegrini, s’en tirant avec un nul à l’extérieur (1-1) et une défaite à domicile (0-2).
Mais voilà, six ans plus tard, que veulent dire ces archives ? Rudi Garcia a depuis connu les émois d’une épopée européenne (en 2018 avec l’OM) et est devenu le premier entraîneur français à éliminer la Juve. En face, dans les rangs de City, ne subsistent que Fernandinho, David Silva (probable remplaçant), quand Sergio Agüero est forfait. Et puis Lyon (au complet puisque les incertitudes autour de Denayer et Cornet ont été levées) a évidemment en tête son coup de force d’il y a deux ans, lorsque Nabil Fekir et Maxwel Cornet se sont mis l’Etihad Stadium dans la poche. Ce samedi, autour de Memphis Depay, ce sont de nouveaux héros qui sont appelés à enfiler leur cape. Entre les révélations Bruno Guimarães et Maxence Caqueret, les joueurs comme Houssem Aouar et Moussa Dembélé qui aimeraient signer le livre d’or européen de l’OL avant de continuer leur carrière sous d’autres cieux, ce ne sont pas les candidats qui manquent. Et puis, dans le football, l’anonymat n’est bon que quand on sait le quitter. Pourquoi pas définitivement ce samedi ?
Par Mathieu Rollinger