- Coupe de la Ligue
- Quarts
- Lyon-Strasbourg
Lyon, un mercato d’hivernation
Si le marché hivernal est traditionnellement un mercato d’ajustement, Bruno Génésio et l’Olympique lyonnais sont convaincus qu’ils peuvent s’en passer. Parce que leur effectif leur paraît cohérent pour leurs prochaines échéances, mais aussi parce que cela semble être une habitude de la maison depuis quelques saisons.
Ça vaut ce que ça vaut, mais, pour une fois, un panel de Français suffisamment large semble partager l’opinion de Bruno Génésio. Du moins 562 des 1004 personnes interrogées par l’institut Odoxa pour une étude commandée par RTL, considérant qu’il faudrait supprimer le mercato hivernal – même si 67% de ceux déclarés « amateurs de football » estiment le contraire. « Je trouve que c’est n’importe quoi, s’enflammait alors l’entraîneur lyonnais. Pourquoi ne pas en faire un aussi en mars ? Le mercato d’été est suffisamment long pour pouvoir se constituer un effectif, et après, c’est terminé. »
Un avis qui se tient d’autant plus lorsqu’on ne ressentirait pas le besoin de se renforcer : « Le groupe ne va pas bouger, ni dans un sens ni dans l’autre. Je suis très satisfait de mon effectif, et aucun joueur n’a émis le souhait de partir. » Le cas lyonnais ne semble pas inquiéter outre-mesure ledit échantillon de Français, puisqu’ils ne sont que 16% à penser que le club rhodanien est celui qui a la nécessité de recruter, au contraire de Monaco (30%), Marseille (25%) et le PSG (23%). De quoi donner des vacances au responsable du recrutement, Florian Maurice, et de la stabilité au portefeuille de Jean-Michel Aulas.
De la cohérence, à un Depay près
Qualifiés en huitièmes de finale de Ligue des champions, potentiels seconds de Ligue 1 (actuellement 3es avec un match en retard) et toujours en lice dans les deux coupes nationales, les Lyonnais présentent un bilan satisfaisant à la mi-saison. D’où la sérénité de leur coach au moment d’aborder le versant 2019. Mais cette fronde anti-mercato hivernal n’est pas une simple posture, pour tancer ses concurrents marseillais ou monégasques en galère, puisqu’il s’y tient relativement depuis qu’il a enfilé le costume de coach numéro 1 en décembre 2015.
Le mois suivant sa nomination, aucun mouvement n’était à signaler dans le sens des arrivées, malgré le départ de Claudio Beauvue au Celta de Vigo. En 2018, hormis le prêt d’Oumar Solet et destiné à la réserve, seuls les transferts de Martin Terrier et Léo Dubois ont été actés, mais rendus effectifs seulement à l’été. En somme, que de simples anticipations sur l’exercice à suivre. Finalement, il n’y a qu’une signature qui a obligé Génésio à déroger à la règle qu’il s’impose : celle de Memphis Depay, en janvier 2017, suivie du prêt de Clément Grenier à l’AS Rome.
Des paroles et des actes
2019 devrait donc être dans la lignée de l’immobilisme observé ces dernières saisons entre Rhône et Saône. Et quand un joueur a des envies d’ailleurs, elles sont rapidement calmées. Dimanche, le journal turc Skor Sozcu annonçait le transfert imminent de Kenny Tete à Galatasaray. Le latéral néerlandais a dû faire face à une grosse concurrence, a été écarté en début de saison, mais est récemment revenu dans les petits papiers de Génésio. D’où la réaction de l’OL, qui ferme pour le moment la porte à un départ. Car Lyon aura besoin de tous ses soldats pour être compétitif sur tous les fronts.
Bruno Génésio n’est pas le premier entraîneur à remettre en question le mercato hivernal : José Mourinho et Antonio Conte s’étaient déclarés sceptiques envers celui-ci, quand Arsène Wenger appelait à la suppression d’une pratique en vigueur depuis 1997. En septembre 2017, l’ancien manager d’Arsenal redoutait que « les joueurs qui ne jouent pas commencent à penser où ils pourraient aller en janvier » , comme il l’assurait sur beIN Sports. Pour autant, ces trois coachs de Premier League ont surtout craché dans une soupe dans laquelle ils ont pu puiser Alexis Sánchez, Olivier Giroud ou encore Pierre-Emerick Aubameyang. Et c’est peut-être bien Bruno Génésio qui a eu raison d’être en adéquation avec ses propos : il est le seul des réfractaires à être toujours en poste.
Par Mathieu Rollinger