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Lyon : rallumer la lumière
Au Stade de la Luz, l’Olympique lyonnais reprend le fil de son parcours européen qui était un des rares motifs de satisfaction cette saison. Aux joueurs de retrouver l'interrupteur à Lisbonne ; à Rudi Garcia de profiter de ce legs qui pourrait se transformer en un cadeau empoisonné en cas de désillusion.
Que reste-t-il après la tempête ? Les vingt jours qui se sont écoulés ont tout emporté sur leur passage. Un coach, une cohésion, un projet, quelques croyances et beaucoup d’énergie. Car depuis leur victoire sur le terrain de Leipzig au début du mois, les Lyonnais ont presque oublié qu’ils disposaient encore d’un peu de crédit sur la scène européenne. Quatre points en deux journées avant une double confrontation face à la lanterne rouge de leur groupe, le Benfica. Une éclaircie pour se rappeler que tout n’est finalement pas si noir dans ce tunnel.
C’est donc forcément avec « beaucoup d’envie, de détermination et d’ambition » que les Gones ont débarqué au Portugal. « Ce sont deux compétitions totalement différentes, et on met le championnat de France de côté quand on dispute ces matchs » , assurait mardi Anthony Lopes, qui récupérera le brassard de capitaine ce mercredi. Un état d’esprit que partage Rudi Garcia en parlant de ce déplacement comme d’une « bouffée d’oxygène » .
Garcia sous les feux de la rampe
Toujours est-il qu’il y a une colère à calmer. Le choix de Rudi Garcia a tout fait sauf apaiser la grogne des tribunes, et l’ancien Marseillais est conscient que ces semaines serviront surtout à convaincre des sceptiques. « On préfère tous être bien accueilli et apprécié, admettait-il samedi, après avoir ouvert sont mandat avec un 0-0 à domicile contre Dijon. Si cela ne convient pas en matière de résultats ou de contenu, il est normal que le public manifeste son mécontentement. » Et ce n’est pas l’expérience du technicien en C1 qui a de quoi rassurer les plus dubitatifs. En 24 matchs partagés entre le LOSC et la Roma, Garcia a obtenu 4 succès, 8 nuls et 12 défaites, dont des roustes mémorables face au Bayern (6-1 en 2012) et au Barça (7-1 en 2015). On a fait mieux comme background.
En attendant de pouvoir donner du grain à moudre aux observateurs, Rudi Garcia s’est mis rapidement au travail, la montre jouant déjà contre lui. « J’apprends encore à connaître mes joueurs, je regarde, je note, j’essaye de communiquer avec eux, de leur donner les consignes simples pour commencer » , confiait-il, avant d’être adoubé par son gardien. « On avait certainement besoin de remettre des choses simples en vigueur, ça a été fait, jurait Lopes. Le coach est là avec ses méthodes, on est à son écoute et on essaye de le satisfaire. Ça fait peu de temps qu’on est réunis, mais je pense qu’on va dans le bon sens. » Un discours qui pourrait donner raison à Juninho, qui vantait ce week-end l’hermétisme de Garcia face aux critiques. « Pour un jeune entraîneur, ça ne serait pas facile, mais pas pour quelqu’un qui a dirigé plus de 700 matchs, recontextualisait le directeur sportif. On assume notre choix, c’est un grand entraîneur et un professionnel, il a du caractère, de la personnalité et il respecte notre maillot. Si on gagne les matchs, je pense que ça va se calmer naturellement. »
Un Thiago Mendes fané
Si le coach peut légitimement réclamer une période d’essai, d’autres devront assumer leurs responsabilités. Également tancés samedi par leur public, les joueurs devront faire face à une équipe du Benfica dans le dur, mais pas sans prétentions. Si Marçal s’est blessé lundi à une cuisse, que Léo Dubois et Memphis Depay sont encore incertains, un homme semble symboliser tous les maux de cet effectif : Thiago Mendes. Le Brésilien était implicitement ciblé par Jean-Michel Aulas, quand celui-ci bousculait « des joueurs qui, à l’intérieur, ne font pas forcément tout ce qu’il faut » , qui le « déçoivent » , alors qu’ils « étaient les meilleurs dans leurs clubs la saison dernière et qui, aujourd’hui, sont l’ombre d’eux-mêmes » . JMA assurait que Mendes n’était pas le seul visé, mais son cas n’est pas anodin.
« Thiago est un joueur de grande qualité, je le voulais à Marseille la saison précédente. J’avais appelé Galtier, mais ça n’avait pas pu se faire pour des raisons financières, admettait Garcia. Mais il a des choses à améliorer. Ce n’est pas si facile que ça de s’intégrer dans un nouveau club. » Le coach n’a pas été satisfait de la prestation de son milieu contre Dijon, a pointé ses lacunes en français et sa nécessité de s’adapter à son rôle de relayeur. Mais Garcia l’assure : « Je vais l’aider à redevenir celui qu’on connaît tous, celui de la saison dernière au LOSC et celui dont on a besoin à Lyon. » Ce mercredi, il pourrait cependant laisser sa place à une autre recrue, Jeff Reine-Adelaïde. Parce que le changement, c’est peut-être pour maintenant.
Par Mathieu Rollinger