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Malgré lui, Laurent Blanc se repose sur la jeunesse
Ce dimanche face à Lens, le onze aligné par Laurent Blanc ne devrait pas dépasser les 25 ans de moyenne. Même s’il désirerait compter sur un groupe plus expérimenté, le coach de l’OL fait confiance aux jeunes, et ceux-ci commencent à bien lui rendre.
« On va remettre Saël (Kumbedi). On prend un joueur de 20 ans et on le remplace avec un joueur de 17 ! Où est le problème ? Vive la jeunesse ! », jubilait Laurent Blanc en conférence de presse ce mercredi après la victoire de Lyon face à Lille, à propos de la blessure de Malo Gusto (19 ans), sorti avant la pause. Évidemment, l’entraîneur de l’OL n’est pas vraiment extatique à l’idée de faire jouer des ados, et cet emballement est complètement ironique. Depuis son arrivée entre Rhône et Saône, le Cévenol ne cesse de souligner la jeunesse de l’effectif à sa disposition. Il se passe rarement une sortie médiatique sans que cette particularité de son groupe ne soit relevée. « Les jeunes joueurs sont très talentueux, certes, mais dans cette période-là, je pense que les joueurs expérimentés seront ceux qui vont être déterminants. C’est aux anciens de faire émerger les choses, les jeunes doivent s’imprégner pour être ensuite des moteurs dans le futur », prévenait-il lors de sa présentation le 10 octobre dernier.
À l’expérience
Et les actes ont suivi les paroles : Rayan Cherki (19 ans), habitué à entrer une bonne vingtaine de minutes, ne devait plus se contenter que de dix minutes. Johann Lepenant (20 ans), quasi titulaire avec Peter Bosz, a carrément été envoyé en tribunes lors du premier match de Blanc, et Bradley Barcola (20 ans) n’a même plus été convoqué jusqu’à la trêve du Mondial. Une confiance en l’expérience d’Houssem Aouar, Jérôme Boateng et Moussa Dembélé, relancés par le nouveau coach, qui n’a pas porté ses fruits. Déjà car aucun de ces trois-là n’est titulaire aujourd’hui. Mais aussi parce que les premiers matchs de Laurent Blanc n’étaient pas tellement mieux que ceux de son prédécesseur batave. Sur ses dix premiers matchs, l’ancien sélectionneur des Bleus a moissonné quatorze points, soit autant que Peter Bosz, viré après la dixième journée.
Depuis la fin de la Coupe du monde, Lolo White, constatant sans doute que les membres expérimentés de l’effectif n’apportaient pas forcément de plus-value, a revu son jugement et s’est remis à faire jouer les jeunes. D’ailleurs, sans pour autant avoir la réputation d’un lanceur d’adolescents, il n’est pas forcément connu pour être complètement réfractaire à quiconque est âgé de moins de 25 ans. À Bordeaux, il a lancé Benoît Tremoulinas, a continué à donner des minutes à Gabriel Obertan et surtout il a confié les clés du camion à un adulte de 22 ans : Yoann Gourcuff. Au PSG, on lui doit aussi les explosions d’Adrien Rabiot (même s’il avait été prêté à Toulouse juste avant son arrivée), une confiance instantanée en Marquinhos, Lucas Moura, et évidemment Marco Verratti. « J’aime jouer avec les jeunes. J’avais beaucoup de jeunes à Paris. On en a fait éclore quelques-uns. Le petit Nkunku a bien éclaté », confirmait-il lors de sa présentation.
Rayan Cherki s’est depuis affirmé comme un titulaire, tout comme Johann Lepenant et Bradley Barcola, qui sera en concurrence avec deux des trois recrues du mercato hivernal : Amin Sarr (21 ans) et Jeffinho (23 ans). Malgré les défaites contre Clermont et Strasbourg, le jeu lyonnais semble légèrement plus chatoyant qu’il y a quelques mois. L’arrivée de Dejan Lovren n’est pas forcément étrangère à cette légère embellie, alors que Blanc réclamait absolument de l’expérience à ce poste, malgré la présence de Castello Lukeba, indéboulonnable depuis plus d’un an. « Je trouve qu’il y avait trop peu de concurrence à mon arrivée. Des gens de 18, 19 ans qui sont établis soi-disant comme titulaires, sincèrement pour moi ce n’est pas une bonne chose. À 18 ans, si vous êtes sûr de jouer, ce n’est pas bon. Quand vous avez une charnière de 19-20 ans, c’est normal de sentir que ce serait mieux d’avoir quelqu’un avec un peu plus d’expérience ».
« On joue avec nos qualités, nos défauts et notre jeunesse aussi. On a certainement un manque d’expérience par rapport à l’adversaire, mais on a aussi une certaine forme d’insouciance. Et ça peut jouer en notre faveur », expliquait-il après la qualification face aux Dogues. En même temps, il n’a pas forcément le choix que d’aligner ces jeunes pousses : « Six départs en janvier, c’est beaucoup malgré les trois recrues. On va combler avec des jeunes qui vont monter de l’académie », annonçait-il vendredi dernier avant la rencontre contre Troyes (1-3). Sa gestion du cas Mohamed El Arouch est scrutée par les observateurs du club. Pépite du milieu de terrain, le Gone, finalement convoqué face à Ajaccio le 29 janvier, mais pas entré en jeu, a tardé à faire son apparition dans le groupe. Depuis, il traîne une blessure qui l’écarte des terrains. Roulez jeunesse, certes, mais Blanc aurait préféré avoir quelques kilomètres en plus au compteur de l’embarcation lyonnaise.
Par Léo Tourbe