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- Lyon-Lille (2-3)
Lyon, le bal des illusions
Vaincu à domicile par Lille après avoir pris deux buts d’avance dans la rencontre, l’OL a pris un énorme coup sur la tête dans la course à la Ligue des champions. Pire encore : en l’espace de quatre jours, les Gones viennent peut-être de dire adieu à leurs ambitions de fin de saison. La médaille en chocolat ne serait-elle pas pour Jean-Michel Aulas et Rudi Garcia ?
C’est peut-être un détail pour vous, mais pour lui ça veut dire beaucoup. Depuis la tribune où il purge sa suspension et observe attentivement la rencontre entre son OL et le leader lillois, Rudi Garcia n’est pas dupe. La passe en retrait fébrile de Lucas Paquetá sanctionnée d’un but, en l’occurrence l’égalisation lilloise de Jonathan David, remet les compteurs à zéro et installe le doute chez une équipe qui avait deux buts d’avance moins d’une heure plus tôt. Ni une ni deux, l’ancien entraîneur de l’AS Rome n’hésite pas et remplace son milieu de terrain par son compatriote Bruno Guimarães. Sur le chemin du banc de touche, Paqueta a le temps de cogiter. Puis, du bord du terrain, il a vu la suite. Il a vu Lyon craquer mentalement devant les papas lillois. La fin des rêves d’Hexagoal pour l’OL, qui aura vu ses grandes ambitions prendre du plomb dans l’aile en l’espace de quatre jours.
Caqueret : « On n’a pas le droit »
À vrai dire, le but victorieux de Burak Yılmaz au Groupama Stadium n’est que le coup de grâce au bout d’une semaine noire pour Lyon, expulsé de la Coupe de France par Monaco à la maison ce mercredi. Ce dimanche soir comme face aux gars de la Principauté, l’OL s’est rendu compte qu’il avait l’étoffe d’un des meilleurs clubs du championnat de France, mais qu’il n’était pas le meilleur en fin de compte. Contre Monaco, Maxwel Cornet, Marcelo et Maxence Caqueret avaient joué de malchance en touchant les montants. Avant d’assister à la punition d’un Monaco réaliste, voire même clinique (16 tirs à 6). Ce dimanche soir, on aurait pu croire que Lyon avait retenu la leçon, surtout quand Islam Slimani et le malheureux José Fonte avaient permis aux locaux de prendre deux buts d’avance au tableau d’affichage. Il y avait cette tentation de croire à un coup de force de la bande de Garcia, finalement plombée par une équipe plus forte mentalement et tactiquement.
« On fait une bonne première mi-temps, mais on n’a pas le droit de se faire rattraper comme ça contre un concurrent direct, expliquait Maxence Caqueret au micro de Canal + après la rencontre. C’est frustrant, on sait qu’on avait les capacités de tenir ce score. Ce n’est pas normal. » En revanche, le milieu relayeur lyonnais a le droit d’être interloqué d’un tel renversement de situation et peut s’interroger sur son sort. Quel est l’intérêt d’être mis sur la touche pour faire entrer Houssem Aouar (seulement 31 minutes de jeu depuis son retour de blessure le 18 avril dernier face à Nantes), alors que le numéro 25 jouait si juste depuis le début de partie ? Personne sauf Garcia ne peut donner la réponse, mais dans les faits, cette défaite met Lyon face à ses limites. Absent de toute compétition européenne cette saison, l’OL est en train de perdre toutes ses chances de titres en fin de saison, que ce soit en coupe ou en championnat. Et pour ne rien arranger, la C1 s’éloigne dangereusement.
Garcia, assez ou encore ?
Arrivé à 23h45 pour répondre aux questions des journalistes présents en conférence de presse, Claude Fichaux avait probablement pris le temps de débriefer cette rencontre dans le vestiaire lyonnais et affichait légitimement la tête des mauvais jours au moment de sortir le costume du comptable. « On est abattu, c’est évident, a synthétisé l’entraîneur adjoint de l’OL, remplaçant éphémère du suspendu Garcia. Il va falloir vite réagir la semaine prochaine (à Monaco, N.D.L.R). Tout espoir de podium n’est pas inatteignable, il reste quatre matchs et douze points à prendre. Si le week-end prochain, Rudi vient vous voir et qu’on revient à un point, l’ambiance sera différente. »
Le souci, c’est que les chiffres ne plaident pas en faveur des Lyonnais. En ce moment, Monaco sait comment rendre la vie dure à l’OL et reste sur une série de neuf rencontres sans encaisser le moindre but. Quant à la fameuse passe manquée de Paquetá ? « On ne peut pas dire que ce soit le tournant du match, tranche Fichaux. On gagne ensemble, on perd ensemble. Dire que c’est une erreur et que c’est la cause de notre défaite, ce n’est pas juste. C’est un joueur qui joue 99% du temps vers l’avant, et la seule fois où il joue en arrière, il est puni. » Un détail qui ne peut masquer ni les lacunes collectives d’un OL souvent sauvé par ses individualités (coucou Memphis) ces dernières semaines, ni l’inconstance d’une équipe pourtant privée de calendrier infernal en l’absence de compétition européenne cette saison. Les experts comptables préféreront attendre les quatre derniers matchs pour se prononcer, les autres penseront déjà à la fin programmée de l’ère Garcia. Et aux chantiers qui attendent l’OL cet été.
Par Antoine Donnarieix