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Lyon, la terre du Milieu
Après deux exploits face à la Juventus et Manchester City, l'Olympique lyonnais se présente mercredi face à une nouvelle machine de guerre : le Bayern Munich. Il sait qu'il pourra compter sur son trio Aouar-Guimarães-Caqueret, qui s'est imposé comme l'un des milieux les plus sexy du continent. Suffisant pour renverser le Bayern ?
Samedi dernier, Pep Guardiola avait le visage fermé des mauvais jours. Son équipe venait d’être défaite par une équipe de Lyon inattendue, auteure d’un gigantesque exploit aux yeux d’une Europe qui n’aurait pas parié un penny sur elle. Et pourtant, fidèle à sa réputation de gentleman et de beau perdant, l’ancien milieu espagnol ne s’y était pas trompé au moment d’analyser la performance de ses bourreaux. « C’est une équipe extraordinaire, félicitations à eux, avait-il lancé. Avec Aouar, Caqueret et Guimarães, ils ont trois joueurs exceptionnels au milieu. » De fait, c’est dans l’entrejeu que l’OL a construit son succès, emmené par une bande de minots inexpérimentés au plus haut niveau, mais qui constituent à l’heure actuelle l’un des milieux les plus sexy d’Europe. Face au Bayern Munich, ce mercredi, la tâche sera encore plus grande pour la jeune garde rhodanienne, mais celle-ci semble désormais capable de tout. Peut-être même de marcher sur l’ogre bavarois.
Young Gones
Il y a tout d’abord quelque chose de fou au sein du milieu de l’OL : la moyenne d’âge de ses composantes. 21,3 ans seulement pour les trois compères : la pointe haute pour Aouar et Guimarães, 22 ans tous les deux, et la pointe basse pour Caqueret, 20 ans. Plus encore, les Young Gones n’ont disputé qu’une poignée de matchs au plus haut niveau européen : le plus expérimenté est encore Houssem Aouar, qui n’a disputé que quatorze rencontres en C1 (sept cette année), tandis que Guimarães et Caqueret n’en ont respectivement que trois et deux dans les jambes. Bref, le milieu lyonnais sort presque de nulle part : le Brésilien n’est arrivé qu’à l’intersaison, tandis que le benjamin ne s’est véritablement imposé que depuis la reprise du football il y a quelques semaines. Il y a là un paradoxe sensible, car l’entrejeu de l’écurie française, qui a bien choyé ses poulains, a témoigné d’une maîtrise inouïe lors de ses dernières sorties. Mieux, les trois joueurs se sont comportés comme des vieux briscards.
L’impression est d’autant plus forte que le milieu lyonnais est monté en puissance au cours des dernières semaines. Face au Paris Saint-Germain, en finale de la Coupe de la Ligue (0-0), l’association quasi inédite d’Aouar, Guimarães et Caqueret avait de quoi faire saliver les suiveurs de l’OL, et si elle avait été plutôt performante, elle avait peiné à créer des différences et à assurer un lien constant entre la défense et l’attaque. Puis, lors du match retour face à la Juventus (1-2), le triangle d’or avait été impressionnant de sérénité dans la gestion des temps forts et des temps faibles face à une équipe qui n’a pourtant fait qu’attaquer pendant 90 minutes. Particulièrement besogneux, capable de perturber la relance et efficace au pressing, son impact a été déterminant. Ces vertus se sont illustrées à nouveau face à Manchester City (3-1), mais face à la formation de Pep Guardiola, le milieu rhodanien a montré que des automatismes étaient en train de naître, en faisant comme jamais étalage de son intelligence tactique, de sa rapidité dans les transitions ainsi que dans sa propension à créer du danger à partir de quasiment rien.
Mille fois trop, mille fois trop sexy
Qu’on se le dise : le milieu de terrain lyonnais est l’un des plus sexy d’Europe. Et il tire sa force de la complémentarité de ses éléments. Caqueret apporte un volume de jeu dingue, ainsi qu’une activité et une agressivité rares pour un joueur de cet âge. Guimarães a pour lui une vision du jeu remarquable et devient match après match le régulateur du jeu grâce à sa science du placement et son sens de la passe. Quant à Aouar, qui a brillé contre City, il est la caution projection de Rudi Garcia. Brillant dans l’orientation du jeu, le numéro 8 est essentiel pour sa qualité de dribbles (il est le joueur qui a subi le plus de fautes en phase finale derrière Marco Verratti), en plus d’être de plus en plus décisif. En témoignent ses cinq passes qui lui permettent de figurer en tête du classement des passeurs de C1, en compagnie de Mbappé, Lewandowski et Ziyech. Tous sont enfin dotés d’une technique fine et soyeuse, précieuse dans un système comme celui de Lyon, qui place un bloc compact bas sur le terrain et compte sur des sorties de balle propres, soit pour se projeter rapidement en contre, soit pour conserver le cuir et faire souffler la défense.
Le changement tactique qu’a mis en place Rudi Garcia après la reprise, en basculant en 3-5-2, a également permis de rééquilibrer et de stabiliser l’équipe. Désormais tous trois placés au cœur du et face au jeu, ils profitent de la profusion d’espaces qui s’offrent à eux pour donner la pleine mesure de leur talent et faire parler leur discipline tactique. Face à Munich ce mercredi, toutes ces qualités seront une nouvelle fois nécessaires, car le milieu bavarois est ce qui se fait de mieux en Europe, notamment en matière d’impact physique et de qualité technique. Alors d’accord, l’entrejeu rhodanien est jeune, un trou d’air n’est pas à exclure, et il ne faudra surtout pas être trop tendre. Mais les Lyonnais ont prouvé qu’ils pouvaient rivaliser avec les plus grosses équipes du continent : c’est d’ailleurs bien ce trio en feu que redoutent le plus les Allemands. « Je les regarde quasiment tous les week-ends, je pense que leur milieu est leur gros point fort, a ainsi confié Corentin Tolisso. Il est très fort, les trois courent énormément et font beaucoup de travail défensif. Et avec la balle, on sait de quoi ils sont capables. » Suffisamment pour renverser un nouveau géant ?
Par Valentin Lutz