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Lyon, la gueule d’un champion ?
Alors qu’il croise Lens ce mercredi, l’OL entame 2021 avec un statut de leader de Ligue 1. Et, si les Rhodaniens ne veulent pas s'embarrasser avec une telle pression, la conjoncture pousse tout de même à s'interroger sur la capacité des Gones à pouvoir aller au bout.
Sale temps pour les comètes. En 2020, tous les plans qui y ont été tirés sont tombés à l’eau. Voyages, permis, fêtes, promotions, concerts, mariages, enterrements… L’œil vissé à son télescope, Rudi Garcia a tout vu. En partant du principe que 2021 sera fait du même bois, le coach lyonnais préfère aujourd’hui prêcher le faux pour ne surtout pas s’encombrer avec le vrai. Leader de Ligue 1 à égalité de points avec le LOSC, mais devant à la différence de buts, l’OL peut-il ambitionner d’être assis à la même place au soir de la 38e journée ? « Parler du titre ? Ça servirait à quoi ?, renvoyait-il fin décembre. Notre objectif est d’être en Ligue des champions, d’être dans les trois premiers. » À Lyon, comme ailleurs, l’avenir est beaucoup trop flou pour se projeter et avancer démasqué est surtout perçu comme un risque. « On aurait bien l’air fin de dire ça maintenant, pour que vous nous repreniez tous de volée, certainement justement, pour un manque d’humilité ou je ne sais quoi, anticipait face à la presse celui qui fête cette année les dix ans de son titre de champion de France avec le LOSC. Mais ne vous inquiétez pas pour notre ambition, elle est très forte. »
Plusieurs indicateurs sur le tableau de bord justifient la prudence du clan rhodanien. Déjà, la dernière fois que l’OL était leader à la veille de la 18e journée de Ligue 1, c’était en 2012-2013… année du premier titre de l’ère QSI du PSG. Même bloqué sur la troisième marche du podium, à un tout petit point de la tête, le club de la capitale reste le favori. D’ailleurs, cette répartition des rôles convient parfaitement à Garcia. « Le PSG n’a pas beaucoup de points d’avance aujourd’hui, mais il reste le grand favori et il est bâti pour remporter la C1 », reconnaissait-il lundi. Pourtant, la courte trêve a vu son rival procéder à un changement de pilote. « Tuchel est un excellent coach, il est allé en finale de la C1, ce n’est pas rien. Pochettino a été un très bon joueur du PSG et a aussi disputé une finale de C1, mais tout ça, c’est l’actualité de Paris. Ça ne nous regarde pas, commente pudiquement Garcia. On voit simplement que quelques années en arrière, Montpellier a été champion (en 2012, N.D.L.R.) alors que le PSG avait changé Kombouaré à la trêve. » Tiens, ne serait-ce pas un signe, ça ?
Revenu de nulle part
Si on se base sur la concurrence, dans un peloton extrêmement groupé, les Gones ont des arguments à faire valoir. En plus du PSG et l’OM, qui reste dans la course sans forcément briller, il faudra se débarrasser du LOSC. Les Dogues ont certes l’équipe la plus constante, mais devront gérer les remous du changement de propriétaire, et les potentielles ventes de joueurs nécessaires pour leur santé économique. Lyon de son côté devra voir comment il ressort du mercato hivernal, même si « à part le cas particulier de Jean Lucas, qui a peut-être besoin d’aller voir ailleurs (en prêt), tout le monde devrait rester », d’après Garcia, avouant être « serein » quant à la possibilité de conserver son capitaine Memphis Depay. Avec ou sans le Néerlandais, la seconde attaque et la troisième défense de Ligue 1 semble avoir de la réserve pour tenir la route.
Pour s’en convaincre, il faut se souvenir que l’Olympique lyonnais pointait début octobre à la 14e place du classement et restait sur une série de quatre nuls et une défaite contre Montpellier. On parlait alors du pire début de saison depuis 1995-1996. À cette époque, le staff demandait de la patience, alors que le groupe sortait d’un été marqué par une demi-finale européenne. C’est seulement à la suite d’une victoire rassurante à Strasbourg (2-3) que Rudi Garcia déclarait la saison 2020-2021 officiellement ouverte. Depuis, l’OL n’a plus trébuché. L’état d’esprit conquérant a été retrouvé, une équipe type s’est dégagée, et le trio Toko Ekambi-Memphis-Kadewere — impliqué sur 27 des 34 buts inscrits, soit 79,41% — matraque les défenses adverses. Au point de voir la tendance s’inverser : avec 37 points en 17 matchs, les Gones réalisent finalement ainsi leur meilleur début de saison depuis 2007-2008. Cette année-là, ils avaient soulevé ce qui reste leur dernier Hexagoal. Les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si l’OL a la caisse nécessaire pour continuer sa série de 14 matchs sans défaite. Alors à l’heure de retrouver Lens pour la première fois depuis cinq ans, le ciel semble suffisamment dégagé pour raviver quelques souvenirs de 2002, année où l’OL entamait un règne. Et après dix ans sans apercevoir la moindre étoile en championnat, pourquoi ne pas se mettre à rêver à l’aube d’une nouvelle décennie ?
Par Mathieu Rollinger