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Lyon, fin de cycle, début des emmerdes ?
L'Olympique Lyonnais vit un été à la monégasque : 120 millions de recettes transferts, plusieurs départs pour des clubs du gratin européen, et surtout, une équipe à reconstruire. Ce qui, dans la vie d'un club, peut être source de grands dangers. L'OL peut-il rater son virage ?
Alexandre Lacazette à Arsenal, Corentin Tolisso au Bayern Münich, Maxime Gonalons à la Roma, ou encore Emmanuel Mammana au Zénith St-Petersbourg. Cet été, l’Olympique Lyonnais a fait sauter la banque dans des proportions que ne renierait pas l’AS Monaco, spécialiste certifié des grosses ventes depuis 2004. Près de 120 millions d’euros, de quoi mettre dans le vert l’action boursière et se préparer à quelques investissements prometteurs. 40 plaques ont été réinjectées depuis, soit une belle plus-value de 80 millions tout de même. Mais pour Lyon, le plus dur commence sûrement, car pour tout club, la fin de cycle peut être synonyme de renouveau mais surtout de gros danger.
D’autant qu’à l’OL, ce ne sont pas que les deux meilleurs joueurs -Lacazette et Tolisso- qui se sont fait la malle, mais aussi le capitaine emblématique (Gonalons), un défenseur très prometteur (Mammana), ainsi qu’un joueur d’expérience (Mathieu Valbuena), un latéral droit qui n’a jamais démérité (Christophe Jallet), et un milieu offensif à fort potentiel (Rachid Ghezzal). Entre 4 et 5 titulaires en moins, cela plombe forcément une équipe. Plus d’une écurie française -y compris après un titre de champion ou une finale de C1 comme le Monaco de 2000 et 2004- a connu des lendemains qui déchantent après avoir démantelé son onze-type.
La fin d’un premier âge d’or de la formation lyonnaise
Surtout pour l’OL, c’est plus que la fin d’un cycle sportif qui s’annonce, mais la fin d’un premier âge d’or dans la stratégie de formation tous azimut du club. Lacazette, Tolisso, Gonalons voire dans une moindre mesure Ghezzal, ce sont quatre purs produits de la formation locale qui plient bagages. Un an après Samuel Umiti, dont le départ à débouché sur de grosses difficultés défensives chez les Gones. Alors certes, on ne peut pas reprocher à Jean-Michel Aulas d’avoir chèrement vendu ses joyaux à des clubs de premiers plans comme Arsenal, le Bayern Münich ou le FC Barcelone. Pour les formateurs du club, c’est un arrache cœur mais aussi un grand honneur.
En revanche, le court laps de temps pour digérer la saignée présage d’une sérieuse baisse de niveau et surtout, d’une dilution de cet esprit maison. Des produits de l’académie qui font la fierté lyonnaise depuis près de dix ans maintenant -et la convoitise de tous les autres clubs formateurs français, qui ont fait de l’OL un exemple à suivre-, il ne reste qu’Anthony Lopes, Nabil Fékir, Moctar Diakhaby, Jordan Ferri voire Clément Grenier. Plus là par défaut que par réel désir du côté lyonnais. Cinq titulaires potentiels issus de son centre de formation, auxquels il faut ajouter quelques jeunes pousses qui vont tenter de se faire une place, cela reste honorable dans une Ligue 1 où les clubs ambitieux peinent à promouvoir leurs jeunes.
Mariano Diaz, Bertrand Traoré, Marcelo… Lyon multiplie les paris
Pour Lyon, en revanche, cela sonne comme un sensible retour dans le rang -sauf à voir rapidement émerger en Aouar ou Maolida un futur cador-, surtout au vu du recrutement allègrement tourné vers l’étranger. Mariano Diaz à la place de Lacazette, Kenny Tete à celle de Jallet, Bertrand Traoré à celle de Valbuena… ou encore Marcelo pour régler les problèmes défensifs. Individuellement, la cellule de recrutement lyonnaise a sûrement visé des joueurs de talent. Sur le plan collectif en revanche, il va falloir du temps -surtout, au vu du nombre de paris- pour que la mayonnaise prenne. Et plusieurs échecs sont envisageables, en premier celui de Mariano Diaz, 23 ans, 27 buts en seconde division espagnole en 2015-2016 mais moins de dix matchs de Liga avec le Real Madrid. Le Dominicain doit assurer la succession d’un Alexandre Lacazette qui enfilait ses 20 buts minimum en championnat depuis trois ans. Si la bonne surprise est possible, la probabilité d’échec l’est tout autant alors que l’OL n’a pas de plan B dans le rôle de pur buteur.
Pour animer le flanc droit, Bertrand Traoré affiche à 21 ans un potentiel plus qu’intéressant avec déjà trois saisons réussies dans l’équipe néerlandaise. En revanche, le Burkinabé, frère d’Alain l’ancien de Lorient, n’a jamais réussi à exister à Chelsea, et n’offre donc pas toutes les garanties dans un championnat de Ligue 1 souvent difficile à appréhender pour les joueurs offensifs. En clair, à l’heure de la reprise du championnat, la plupart des éléments tendent à montrer que l’OL de 2017-2018 est plus faible que celui de l’an dernier. Il va donc falloir vite monter en régime, ou alors avoir la sagesse de laisser du temps à cette équipe de le faire. Or, dans un contexte où la politique de Jean-Michel Aulas est de plus en plus contestée -ce dont l’intéressé s’agace ostensiblement sur Twitter- et les compétences de Bruno Génésio remises en question par une grande partie des supporters, il n’est pas certain que cet Olympique Lyonnais débute la saison avec la sérénité nécessaire pour se reconstruire… Moins qu’un outsider, l’OL commence son exercice comme une énigme.
Par Nicolas Jucha