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Lyon et ses points de côté
Particulièrement à la peine depuis quelques matchs, la défense de l’Olympique lyonnais tousse actuellement. Un constat qui peut en partie s’expliquer par des lignes latérales sans doute un poil trop offensives.
Devant le spectacle proposé par son club, l’ancien gardien de but s’agace. S’il n’a disputé que 17 rencontres avec l’Olympique lyonnais, entité qui l’a formé, Nicolas Puydebois y a toute de même remporté trois championnats. Et de par son poste, le retraité de 36 ans sait qu’une bonne défense constitue souvent la base d’un trophée soulevé. Alors, après la défaite spectaculaire subie contre Monaco, le consultant rhodanien se lâche dans des propos relayés par le site Olympique-et-Lyonnais : « On a ressenti un vrai manque de sérénité de la part de la charnière centrale. Marcelo est fautif sur le but victorieux de Monaco, et Morel doit monter sur Baldé sur sa réalisation. Il est difficile pour une équipe d’être sereine, quand sa défense est si fébrile et commet autant d’erreurs individuelles. »
Moins bonne défense qu’Amiens
Difficile de lui donner tort. Avec les trois pions encaissés face au club princier et depuis le succès sensationnel devant le Paris Saint-Germain, l’OL reste ainsi sur huit caramels gobés en trois rencontres (trois contre Bordeaux, deux autres contre Monaco). Un problème qui ne se limite pas à l’année 2018 – malgré une série de sept clean-sheets consécutifs toutes compétitions confondues obtenue entre le 22 octobre et le 26 novembre 2017 –, puisque les Gones représentent la huitième meilleure défense de Ligue 1 seulement avec 28 réalisations récoltées (Amiens, premier non-relégable qui se bat contre la relégation, fait par exemple mieux). À l’heure de rencontrer Montpellier en huitième de finale de Coupe de France, meilleur élève de l’Hexagone dans le domaine derrière le PSG et seule équipe à avoir fait trembler les filets d’Anthony Lopes à quatre reprises cette saison, l’arrière-garde lyonnaise pose donc légitimement question.
La limite des latéraux « modernes »
Au-delà de la méforme actuelle du duo Marcelo-Jérémy Morel (Mouctar Diakhaby et Mapou Yanga-Mbiwa n’ayant pas non plus montré récemment grande assurance) et des défaillances axiales constatées, Puydebois poursuit son accusation avec les termes suivants : « L’OL concède beaucoup trop de penaltys. Huit depuis le début de la saison, dont trois pour le seul Ferland Mendy. Beaucoup de ces fautes sont, comme ce dimanche soir, évitables. Cela démontre un vrai manque de maîtrise et d’expérience dans notre surface de réparation. » Sans prendre de gants, mais sans l’enfoncer de manière exagérée non plus, l’ex-portier met en cause Mendy, auteur d’erreurs décisives. La raison en est assez évidente : le jeune Ferland fait partie des latéraux dits « modernes » , qui se distinguent davantage pour leur disponibilité offensive que pour leur rigueur défensive.
Avec ce genre de joueurs qui ne demandent qu’à devenir plus complets, les efforts fournis pour épauler les potes d’attaque se payent régulièrement par des fautes de concentration derrière. Si ce style d’arrières de côté s’est rendu indispensable dans le football d’aujourd’hui, le souci de l’OL est qu’il ne dispose que de profils similaires pour occuper ses zones latérales. Qu’ils se nomment Rafael et Kenny Tete à droite ou Fernando Marçal et Mendy à gauche, tous ont tendance à préférer s’amuser avec Mariano Díaz plutôt que de rester sagement soulager leur charnière centrale. Contrairement à Christophe Jallet, parti à Nice cet été en observant la forte concurrence débarquée.
L’addiction offensive
L’inquiétude, c’est que le goût de ces latéraux « modernes » pour la moitié de terrain adverse n’est pas franchement compensé par les joueurs de couloir évoluant un cran au-dessus qui laissent les milieux centraux boucher les trous. À droite, Bertrand Traoré court beaucoup, mais le tacle est loin d’être sa qualité première, alors que Maxwel Cornet offre avant tout sa sueur pour amener du danger. À gauche, les rares replis de Memphis Depay expliquent pourquoi José Mourinho n’a pas souhaité conserver le Néerlandais à Manchester United (ce qui laisse à penser que le plus discipliné Houssem Aouar va garder le poste lors des semaines à venir). Si l’on ajoute à ces limites latérales le fait que Nabil Fekir, légèrement fatigué, ne kiffe pas énormément courir quand sa teamn’a pas le ballon, les maux de têtes défensifs lyonnais ne semblent plus si surprenants. Reste que si cela a pour conséquence de donner des rencontres généreuses en rebondissements (la moitié des matchs de l’OL s’est achevée sur un score de quatre ou cinq buts lors de ses dix derniers rendez-vous), personne ne s’en plaindra. Hormis le clan de Puydebois.
Par Florian Cadu