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Lyon et la Grenier dépendance
L'Olympique lyonnais a du mal en ce début de saison. Du coup l'Olympique lyonnais compte beaucoup (trop) sur Clément Grenier. Une dépendance pas forcément bienvenue qui souligne les carences de l'équipe de Rémi Garde.
Il y a un peu plus d’un an, à l’été 2012, alors que Yoann Gourcuff enchaînait de jolies prestations estivales, Clément Grenier s’est retrouvé au milieu d’un projet de deal qui l’envoyait à Nice. Un projet de deal façon NBA, de ceux qui ressemblent à de fausses bonnes idées peu avant la fermeture du marché : Clément Grenier + Jérémy Pied en échange de Fabien Monzón. L’histoire de l’équipe qui souhaite à tout prix boucher un trou dans son cinq de départ, quitte à balancer du talent ou des tours de draft. Le 18 août, Yoann Gourcuff se blesse contre Troyes et se lance dans une énième saison galère. Jean-Michel Aulas se ravise alors et Clément Grenier reste finalement au club.
Vous pouvez donc relire cette phrase calmement et respirer un coup : Clément Grenier + Jérémy Pied en échange de Fabián Monzón. Pour info, Fabián Monzón, que les supporters lyonnais ont déjà oublié, erre aujourd’hui à Catane avec Miroslav Plašil. Drôle d’ironie pour Clément Grenier qu’on a longtemps comparé à son coéquipier breton pour son profil « belle gueule, bien élevé, joueur élégant » et qui est désormais devant lui dans les charts et dans les cœurs des Lyonnais. Après une fin de saison en apesanteur – avec en passant quelques buts cruciaux à Montpellier, Nice ou Rennes qui ont permis à Lyon de finir le championnat en troisième position – Grenier monte dans un avion pour l’Amérique du Sud avec les Bleus. Courtisé par Arsenal avant de prolonger jusqu’en 2016, l’Ardéchois pèse désormais lourd à l’OL. À l’orée de cette nouvelle saison, cet improbable deal passait donc pour une mauvaise blague du passé.
Leader par défaut
Si ces derniers mois ressemblent à la jolie histoire vue et revue du joueur dont on doutait et qui explose, celle-ci se poursuit cette saison avec des prestations irrégulières dans un groupe qui alterne le très bon (les deux premières journées) et le beaucoup moins bon (le reste). Avec comme point de bascule, ce fameux tour de qualification contre la Real Sociedad qui a violemment ramené les Lyonnais sur terre. Lors de cette double confrontation, Clément Grenier a été l’un des seuls à surnager jusqu’à trop en faire. Trop en faire : trois mots révélateurs du malaise lyonnais et de l’attente trop élevée placée dans son meneur de jeu. Alors oui, Clément Grenier est le genre de joueur qui peut réveiller un Gerland tristoune avec un frisson, un geste, un coup franc, une passe, un sourire. Alors oui, Clément Grenier peut faire ponctuellement gagner son équipe, mais dans un milieu où Gonalons fatigue et Malbranque accuse son âge (sans parler de l’arlésienne Gourcuff), il fait finalement figure de leader technique par défaut d’une équipe qui souffre offensivement.
Dans cette copie lyonnaise volontaire mais brouillonne, Clément Grenier est la réponse séduisante parce que facile du moment. Un cadeau ni pour lui, ni pour son club et une réalité qui en dit long sur le chantier à ciel ouvert de Rémi Garde. L’an dernier, son OL, bien qu’irrégulier, pouvait être cette équipe compacte, cohérente, où tout le monde joue ensemble et qui peut enquiller victoire sur victoire en Ligue 1. Cette année, avec un recrutement low cost, une intersaison mouvementée due aux vrais/faux départs de Gomis et Briand et des joueurs un ton en dessous, l’édifice paraît beaucoup plus friable. Dans ce contexte, Clément Grenier doit continuer à apprendre. Apprendre à faire le tri dans son jeu pour tenir un match dans son intégralité et gagner en régularité. Pour devenir une version bêta de Juninho aussi, plutôt qu’un très honnête 10 de province. Pas une mince affaire.
Par Antoine Mestres