- C1
- 8es
- Lyon-Juventus (1-0)
Lyon enrhume la Juventus
Après une première mi-temps pleine de panache, marquée par un but de Lucas Tousart, et une seconde intéressante dans la solidarité déployée, l'Olympique lyonnais a déjoué les pronostics pour s'offrir un avantage inespéré, ce mercredi, face à une Juve bien pâlotte. Le match retour en Italie s'annonce épique, mais les Gones ont prouvé qu'ils avaient de la ressource et de bons anticorps.
Olympique lyonnais 1-0 Juventus
But : Tousart (31e)
On leur promettait l’enfer. Celui dans lequel on arrive les pieds devant. Parce que trop faible, pare que déplumé, parce que déjà trop fragilisé et attaqué de toutes parts. Pourtant, Lyon a profité de ce huitième de finale aller face à la Juventus pour faire une petite piqûre de rappel. Ce club aime l’Europe. Il sait rivaliser avec les plus grands, ou du moins les contraindre. Il y a eu le Bayern, le Real, Manchester City avant ça. Rebelote ce mercredi soir à Lyon, où les champions d’Italie sont pour la première fois de leur histoire en position de se faire éliminer par une équipe française après cette défaite ramenée du Rhône (1-0). Voilà de quoi apporter de l’eau au moulin de Jean-Michel Aulas et Rudi Garcia, mais surtout de redonner confiance à des joueurs qui en ont bien besoin. Les voilà qui tiennent leur exploit.
Le premier jour d’un condamné
La banderole piquante des Bad Gones, la chasse au clown sur les réseaux sociaux, une ville plongée dans la paranoïa du coronavirus… L’avant-match ne laissait finalement que peu de place au sportif et encore moins aux chances d’une équipe fiévreuse en championnat, condamnée par avance face à la Juve. Et si tout ça n’était qu’une énorme entreprise de diversion ? Car une fois l’exaltant tifo du Groupama Stadium et quelques minutes d’observation dissipées, Lyon étreint progressivement les champions d’Italie pour mieux les surprendre. Organisés dans un 3-5-2 rigoureux, les hommes de Rudi Garcia appliquent leur plan : flanquer Jason Denayer sur le dos de Ronaldo, voir Lucas Tousart anesthésier le milieu turinois, Bruno Guimarães s’emparer des platines, Léo Dubois et Maxwel Cornet conquérir leur couloir respectif et Karl Toko Ekambi en détonateur. Chose faite par le Camerounais lorsque sa tête décroisée sur un corner rebondit sur la transversale (21e).
À ce moment, le diagnostic est évident : cette Juventus tousse et n’a que CR7 à mettre devant sa bouche. Par deux fois (4e et 24e), le Portugais enrhume son vis-à-vis belge avant d’adresser deux centres vicieux qui prennent de court Anthony Lopes. Mais soit Cuadrado est trop court, soit Cornet fait l’effort. Au fil des minutes, les Lyonnais s’enhardissent et prennent conscience de leur bonne forme. Et après avoir pas mal tourné autour du pot, c’est finalement Houssem Aouar qui s’infiltre sur le côté gauche et trouve parfaitement Lucas Tousart en retrait, qui emballe l’affaire d’un plat du pied autoritaire (1-0, 31e). Le mur saute grâce au futur joueur du Hertha Berlin et tout Lyon semble enfin viser dans le même sens.
Les vertus de la souffrance
Intenable et opportuniste, Toko Ekambi aurait pu en remettre quelques couches avant la pause, mais ses frappes terminent au-dessus du cadre de Szczęsny, alors que la mimine de Cuadrado dans la surface sur un de ses centres ne mérite pas d’être sanctionnée. Toujours mieux que les coups francs de Ronaldo qui s’empalent irrémédiablement dans le mur lyonnais. Le mur, c’est justement ce qui préoccupe les lyonnais au retour des vestiaires, face à une Juve obligée de pousser. Mais aucune brèche n’est laissée aux Azzurri d’un soir, alors que Maxwel Cornet brise d’une brique les circuits entamés par le quatuor Ronaldo-Dybala-Higuaín-Ramsey. Les Gones jonglent alors entre solidarité, abnégation et contrôle, mais sortent plus prudemment de leur camp, ce qui laisse donc les visiteurs poser leur siège. Mais la pépite de Dybala (79e) comme la tête ramollo d’Higuaín (82e) donnent alors raison aux Lyonnais, poussés par un stade sautant à l’unisson.
Et c’est tout un peuple qui s’allie alors contre un homme : Cristiano Ronaldo, quelque peu secoué sur un bon centre de Dybala qu’il ne peut reprendre que de l’épaule, n’obtient rien de cette action (84e). Mais à mesure que le bloc lyonnais redescend, la doublette argentine continue elle de faire courir des frissons : Pipita trouve le petit filet (85e), alors que la Joya pense égaliser d’un exploit individuel avant d’être signalé hors jeu (88e). Les décisions arbitrales vont alors dans le sens des Rhodaniens, puisque rien n’est sifflé quand Guimarães déstabilise Dybala dans la surface. Et au bout de cinq minutes de souffrance et de résistance, Lyon peut enfin faire tomber son masque : il vient de signer là son acte de renaissance.
Lyon (3-5-2) : Lopes – Denayer, Marcelo, Marçal – Dubois (Tete, 78e), Guimarães, Tousart, Aouar, Cornet (Andersen, 81e) – Toro Ekambi (Terrier, 66e), Dembélé. Entraîneur : Rudi Garcia.
Juve (4-3-3) : Szczęsny – Danilo, Bonucci, De Ligt, Alex Sandro – Bentancur, Pjanić (Ramsey, 61e), Rabiot (Bernardeschi, 78e) – Cuadrado (Higuaín, 69e), Dybala, Ronaldo. Entraîneur : Maurizio Sarri.
Résultats et classement de la Ligue des championsPar Mathieu Rollinger, au Groupama Stadium