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Lyon, dernier frein pour l’Europe
En s'inclinant contre le Paris Saint-Germain en finale de la Coupe de la Ligue, l'Olympique lyonnais a probablement tiré un trait sur une possible participation européenne la saison prochaine. À moins d'un miracle, c'est-à-dire un sacre en Ligue des champions au mois d'août, l'OL va se retrouver sans Coupe d'Europe à jouer pour la première fois depuis vingt-quatre ans.
Sur les coups de minuit, vendredi soir, l’OL a sans doute perdu bien plus qu’un trophée. Dans les rangs rhodaniens, avant cette finale de l’ennui contre le Paris Saint-Germain, il y avait bien sûr l’envie de mettre fin à une disette lyonnaise de huit années, le dernier titre remontant à 2012 avec une Coupe de France remportée contre Quevilly. Mais il y avait aussi cette évidence : ce match contre le PSG représentait le meilleur moyen pour Lyon de s’assurer une qualification européenne, et donc d’éviter au club de se prendre une claque en se retrouvant sans sésame continental pour la première fois depuis la saison 1996-1997. Dans un entretien accordé au Progrès début juillet, Rudi Garcia disait ceci : « On veut soulever la Coupe de la Ligue et se qualifier pour la Ligue des champions. À chaque fois, on jouera pour gagner, mais on n’est pas obligé de gagner non plus pour remporter ces matchs. On peut avoir plusieurs résultats utiles… Comme le président, je n’envisage pas une saison sans Coupe d’Europe. On va être européens ! On va saisir cette ou ces occasions. » Sauf que l’OL doit désormais compter sur un miracle en Ligue des champions pour sauver sa saison.
Méthode Coué et regrets
La méthode Coué ne suffira bientôt plus à éclipser les craintes du coach lyonnais. Quelques minutes après le tir au but vainqueur de Pablo Sarabia, vendredi soir, Garcia n’a (évidemment) pas voulu se projeter sur une éventuelle saison sans Europe pour son OL, éludant une ultime question à ce sujet en conférence de presse : « Vous me poserez la question le jour où on sera éliminés de la Ligue des champions, je n’ai rien à dire là-dessus aujourd’hui. » Un peu avant, toujours avec ce besoin de positiver, le technicien français avait tenu à souligner, malgré quelques imperfections, la bonne prestation de son équipe. « C’est très bien ce qu’on a fait. On aurait pu être un peu plus juste sur quelques transitions et poser un peu plus de problèmes au niveau des occasions, développait-il. Mais bon, les tirs au but, c’est un exercice technique, ils ont été meilleurs que nous puisqu’ils les ont tous marqués. On sait qu’on est capable de rivaliser avec l’une des meilleures équipes d’Europe, si ce n’est la meilleure. » Le PSG ressemblait pourtant à tout sauf à un cador européen sur la pelouse de Saint-Denis. Si Lyon « n’a pas à rougir » , selon Garcia, il peut quand même regretter de ne pas avoir réussi à vraiment bousculer un Paris endormi, la faute notamment à un jeu avec ballon dramatique – seuls Caqueret et Aouar sont sortis du lot – et au faible apport offensif des latéraux Cornet et Dubois. Une partie finalement à l’image de la saison de Lyon : triste, décevante et brouillonne.
La cour des miracles
Les deux premières sorties lyonnaises de l’été dernier (3-0 contre Monaco et 6-0 contre Angers) annonçaient un avenir ensoleillé, la suite aura ressemblé à un océan d’incertitudes et de tâtonnements dont Garcia n’aura jamais réussi à totalement s’extirper, ne parvenant pas à donner une ligne directrice au jeu lyonnais. Et si le Français avait récupéré l’équipe dans un sale état à l’automne (9 points en 9 journées), il n’a pas réussi à retourner l’opinion publique en sa faveur (1,6 points par match en Ligue 1, deux victoires sur les sept derniers matchs de championnat avant l’arrêt définitif). Sans Europe, à quoi ressemblerait la saison prochaine pour l’OL ? Jean-Michel Aulas avait anticipé cette éventualité sur OL TV fin avril : « Nous allons continuer le plan. Pour moi, c’est l’année une du plan Juninho. Cette année, il a découvert un certain nombre de choses, il correspond parfaitement, on a l’homme qui va permettre de relancer l’Olympique Lyonnais dans les années qui viennent. On profitera d’une année où on ne jouera pas tous les trois jours. Cette saison, on ne nous a pas fait de cadeau, on a eu beaucoup de blessés. »
Pas de grands bouleversements, donc, sachant que le boss lyonnais pourra brandir l’excuse d’une saison perturbée par la crise sanitaire – après tout, l’OL avait encore largement la possibilité de terminer à une place européenne via le championnat – pour maintenir Rudi Garcia, sous contrat jusqu’en 2021, à son poste. « Il faudra regarder pourquoi on n’est pas qualifiés en Coupe d’Europe si cela arrive, avait prévenu Aulas début février. Il peut y avoir beaucoup d’aléas qui ne sont pas du ressort de l’entraîneur. » Au-delà de l’avenir du coach, c’est surtout le mercato qui s’annonce délicat pour Lyon : comment retenir des joueurs comme Memphis Depay, Houssem Aouar ou encore Moussa Dembélé sans la carotte européenne ? Avec un manque à gagner estimé à 100 millions d’euros à cause du coronavirus, l’OL devra aussi se passer des primes de participation à des compétitions comme la C1 ou la C3. Pire, cette absence sur la scène européenne pour la première fois depuis vingt-quatre ans – même si Lyon avait aussi quasiment connu une saison sans Europe en 2014-2015 après son élimination en tour préliminaire contre l’Astra Giurgiu – est un coup dur pour l’image du club rhodanien. « On est confiant pour l’avenir, promettait encore Aulas le 10 juin dernier devant les médias. Si nous ne devions pas jouer de Coupe d’Europe, on mettrait tout notre poids économique et en termes de passion, d’envie et de détermination, pour qu’on ait d’autres objectifs en complément. Mais mon petit doigt me dit qu’on le sera. Et peut-être pas au niveau où vous l’imaginez. » Après tout, les miracles ne se produisent que pour ceux qui y croient.
Par Clément Gavard