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Lyon chérit Coco Tolisso
Cinq ans après avoir quitté l’Olympique lyonnais, Corentin Tolisso s’est laissé convaincre pour rejoindre les pas d’Alexandre Lacazette et rentrer à son tour au bercail, là où tout a commencé. Comme son pote d’attaque, le milieu de terrain de 27 ans vient renforcer le projet de Jean-Michel Aulas énoncé en fin de saison dernière, celui de retrouver une empreinte lyonnaise pour renouer avec ses vertus d’antan.
Il est un monde où l’OL vient de s’incliner lamentablement chez la lanterne rouge messine, presque condamnée à la Ligue 2. Un monde où l’OGC Nice remporte un match en retard trois jours après et condamne les Gones à une première saison sans dessert européen depuis 25 ans. Dans ce monde-là, qui ne remonte qu’au mois de mai dernier, Jean-Michel Aulas s’adresse aux supporters à travers une lettre ouverte, une fois la sentence tombée. C’est par le biais de cette missive que JMA fait part de ses ambitions : celui qui est, à l’époque, encore actionnaire majoritaire de son club, aspire à « retrouver nos fondamentaux, notre ADN OL », et que ce même ADN « soit le maître mot de l’avenir ». Après le retour symbolique d’Alexandre Lacazette, voilà donc celui de Corentin Tolisso. Bien que dans la force de l’âge, le milieu de terrain a accepté de faire le grand saut, celui qui consiste à délaisser le Rekordmeister avec lequel il a remporté treize trophées dont une Ligue des champions, pour rallier son OL, le même avec lequel il n’a jamais rien gagné jusque-là. Et le même dont l’armoire à trophées disparaît sous la poussière depuis qu’elle a été ouverte pour la dernière fois, afin d’y placer un Trophée des champions, remporté à New York il y a dix ans.
Aujourd’hui, moins de deux mois après qu’Aulas s’est épanché sur ses désirs les plus intimes, l’OL est désormais capable d’aligner un onze cohérent 100 % issu de sa propre formation. Anecdotique là aussi, mais symbole tout de même de ce renouveau entrepris, l’Olympique lyonnais a décidé de retoucher un peu son fameux blason frappé du lion, y ajoutant au passage des touches plus modernes, plus vives.
Deutsche Qualität
En cinq ans au Bayern Munich, Corentin Tolisso s’est fait la main aux exigences requises par le très haut niveau – celles qui manquent tant à l’Olympique lyonnais – en s’aguerrissant auprès de références à son poste, le tout dans un univers qui prône la rigueur et l’excellence comme ligne de conduite. En plus d’être devenu un joueur plus complet, que ce soit à la récupération ou quand il s’agit de distribuer, force est de constater qu’il est devenu plus fiable lorsqu’il est sur ses deux pattes, chose qui s’est effectivement raréfiée. Lors de ses cinq années passées là où la bière est reine, le natif de Tarare a subi pas moins de seize blessures, a été contraint de rester chez lui lors de 95 rencontres en cumulé (près de 40 % des rencontres du Bayern), pour une absence totale qui culmine à 548 jours, soit un an et demi de convalescence.
En comparaison, Corentin Tolisso n’avait eu à essuyer qu’une petite mésaventure de son temps à l’OL, un vulgaire claquage à la cuisse qui ne l’avait écarté des terrains que trois semaines. En dépit de ces pépins physiques à associer – entre autres – à la charge de travail physique en Bavière, le champion du monde a toujours su se mettre dans la poche ses entraîneurs. D’abord Carlo Ancelotti, qui le recrute en 2017, avant que tous ses successeurs préfèrent dans un premier temps le laisser sur la touche avant de se laisser convaincre par les capacités du Gone, et de l’incorporer dans le onze de départ. Peu à peu, Tolisso se fait une place dans les équipes de Jupp Heynckes, Niko Kovač, Hansi Flick et même Julian Nagelsmann, même si à son grand désarroi, une blessure est systématiquement venue enrayer le moteur, une fois la seconde activée. Et la chance de l’OL, dans l’histoire, c’est justement d’avoir su profiter du malheur de Corentin Tolisso, dont les blessures l’ont toujours empêché de s’imposer comme un taulier du Bayern Munich, même si le néo-Lyonnais a évoqué en conférence de presse« davantage un problème psychologique et mental plutôt que physique ». Difficile néanmoins d’imaginer qu’un Tolisso au niveau qui est le sien et libéré de tout pépin physique aurait effectué à l’âge de 27 ans un bond en arrière de la sorte.
Par ici la sortie ?
Dans une saison où l’OL jouera tout au plus 44 matchs officiels (ce qui suppose d’atteindre la finale de la Coupe de France, stade que les Lyonnais n’ont plus rejoint depuis leur victoire il y a une décennie) se pose alors la question de la quantification de l’effectif. Au milieu de terrain notamment, où, à l’heure où la reprise va sonner, personne n’a quitté le navire et aucune rumeur sérieuse n’a sorti la tête de l’eau. Ils sont donc neuf candidats à deux ou trois postes sur le terrain, selon ce que décidera Peter Bosz : Corentin Tolisso, donc, mais aussi Maxence Caqueret, Thiago Mendes, Lucas Paquetá, Houssem Aouar, Jeff Reine-Adélaïde, Romain Faivre, Florent Da Silva et Johann Lepenant. Si, dans un sens, le mercato lyonnais a de quoi faire rêver, la dégraissage a décidé de se faire attendre. Pourtant, l’un des grands enjeux pour Peter Bosz sera de réussir à concerner un vestiaire très bien garni, tant en qualité qu’en quantité, au cours d’une saison où les soirs de semaine seront passés sur le canapé, à regarder tantôt les performances du virtuose Amine Gouiri, tantôt celles du magicien Karim Benzema. En attendant que ces deux-là ne reviennent à leur tour à la maison ?
Par Clément Barbier