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Lyon, avantages et inconvénients à n’avoir plus que la Ligue 1

Par Nicolas Jucha
6 minutes
Lyon, avantages et inconvénients à n’avoir plus que la Ligue 1

Leader du championnat avec quatre longueurs d'avance sur Paris et Marseille après 22 journées, Lyon est déjà éliminé de tous les coupes nationales. Un avantage dans la lutte pour le titre alors que le plus sérieux rival, Paris, est encore engagé dans toutes les compétitions ?

« Si on faisait une étude statistique, je pense qu’on arriverait plus ou moins à du 50-50. Moi, je jouais toujours tout à fond. Je suis pour mettre la meilleure équipe à chaque fois » explique l’expérimenté Guy Roux. L’année où il a remporté la Ligue 1 avec Auxerre, en 1996, le technicien bourguignon s’était également adjugé la Coupe de France, tout comme le Lille de Rudi Garcia en 2011. Pour rappel, en 2002, Lens s’était écroulé dans la dernière ligne droite alors que le club de l’Artois ne disputait plus aucune coupe et avait dominé le classement quasiment toute la saison. Le bénéficiaire de l’époque : Lyon. « Un club, précise Guy Roux, qui a été éliminé des deux coupes sans faire d’impasse quand d’autres s’amènent avec l’effectif B dans les coupes nationales. » Reste à savoir si l’OL d’Hubert Fournier sera moins fébrile dans les dernières foulées que le RCL de 2002.

L’avantage du calendrier

Pour Matthieu Chalmé, qui a remporté le championnat en 2009 avec Bordeaux avant de connaître le black out de 2010, Lyon a clairement une opportunité à saisir car « en ayant moins de matchs, on a forcément moins de blessés » . Une théorie qu’appuie Franck Queudrue, aujourd’hui agent de joueurs, mais joueur lensois au début de la saison 2001-2002 : « Ils vont pouvoir se focaliser sur la préparation du championnat, il n’y aura pas une seconde compétition pour faire office de grain de sable qui enraye la machine. Ils vont avoir des semaines complètes pour se préparer, et avoir le temps de bien se reposer. » Les blessures menacent quand même, à l’image d’Alexandre Lacazette, absent pour trois semaines après sa blessure aux ischio-jambiers contractée contre Metz. « La fatigue a peut être influé sur la blessure de Lacazette » concède Guy Roux, pour qui, néanmoins, les joueurs préfèrent enchaîner : « J’ai déjà vu des entraîneurs engagés en coupe mettre leurs titulaires au repos en milieu de semaine et perdre le samedi. Cela a des effets pervers, les joueurs que vous n’emmenez pas seront frustrés, ils vont faire un entraînement moyen à la place du match. Ils auraient mieux fait de jouer. »

Pour appuyer sa démonstration, l’ancien boss de l’AJA évoque le top du top : « Des joueurs comme Ronaldo ou Messi qui enchaînent tous les matchs, ce sont de super professionnels qui feraient grandement la gueule si on les sortait de l’équipe.« Pourquoi vous me sortez ? Je n’ai pas ma place dans cette équipe aujourd’hui ? » À mon avis, ils se sont déjà embrouillés avec leurs entraîneurs pour ces raisons-là. » Maintenir la dynamique est certes important, mais pour Chalmé, « le cœur du problème, c’est éviter que les cadres ne se blessent. Jallet, Gonalons, Lacazette, ce sont les trois joueurs indispensables à la bonne marche de l’équipe. Ils apportent toute leur expérience et de la facilité aux autres joueurs. » L’indisponibilité de Lacazette est donc un premier avertissement pour l’OL ? Selon l’ancien latéral droit de Bordeaux, les Rhodaniens peuvent compter aussi sur leurs réserves : « Avec Yoann Gourcuff, s’il est en pleine possession de son physique, ou Grenier, s’il peut revenir sur les deux derniers mois, ils peuvent accrocher Paris jusqu’aux dernières journées. » Un PSG qui, lui, a le désavantage d’être encore en lice sur quatre tableaux.

Le PSG dispersé, mais mieux armé

« On ne peut pas comparer les effectifs parisiens et lyonnais, mais c’est vrai que de ne pas avoir d’autres compétitions quand Paris joue sur quatre tableaux, cela donne un petit avantage à Lyon » , admet Chalmé, avec néanmoins un bémol de taille : « Paris a deux équipes, contrairement à Lyon. » Pour Franck Queudrue, « mieux vaut être sur une compétition et la remporter que dans quatre sans en gagner une seule » , à l’image d’un Bayer Leverkusen qui, en 2002, avait été vice-champion d’Europe et d’Allemagne tout en perdant la finale de la Coupe… Pour Chalmé, « il reste beaucoup de matchs, on en saura plus quand Paris va reprendre la Ligue des champions » . Et surtout, selon lui, « il ne faut pas enterrer Marseille » , autre prétendant actuellement dans le dur, mais qui, comme l’OL, n’a plus que le championnat pour briller. Face à deux adversaires ainsi allégés, le PSG peut-il s’écrouler comme le Bordeaux de Laurent Blanc en 2010 ? Matthieu Chalmé : « On ne peut pas comparer Paris avec le Bordeaux de 2010, car ils ont un effectif beaucoup plus large, avec seulement des internationaux. On s’est écroulés, car on faisait moins tourner, certains joueurs ont enchaîné trop de matchs. »

Pour le défenseur aujourd’hui à l’US Lège Cap Ferret, la Ligue des champions avait néanmoins eu un impact il y a cinq saisons : « Ce n’est pas tant la finale de Coupe de la Ligue (perdue contre Marseille, ndlr) que le quart de finale de Ligue des champions (élimination contre Lyon, ndlr) qui nous avait mis un coup derrière la tête. Nous, c’était plus mentalement et physiquement où on avait eu du mal. Paris a des internationaux très expérimentés, et cela devrait les sauver. » Pour Chalmé, le retard à l’allumage du PSG en début de saison explique beaucoup de choses car « ils ont sûrement débuté la saison en pensant qu’il suffirait de jouer pour gagner » alors que les signes annonciateurs de difficultés étaient présents : « À cause de la Coupe du monde, ils n’ont pas tous eu la même préparation, ils ont eu pas mal de blessures, rien n’a tourné rond… » Pour l’ancien Bordelais, l’essentiel est que « malgré tout les Parisiens ne sont qu’à quatre points du premier. Cela se jouera dans les dernières journées si Lyon et Marseille continuent. »

Quand le championnat se joue sur la piste de danse

Reste à savoir si l’avantage du calendrier ne se transformera pas en pression supplémentaire pour les jeunes pousses lyonnaises. « Ce club a trop de vécu, cela ne va pas les perturber » estime Guy Roux. Pour Franck Queudrue, l’expérience de gestionnaire du président de l’OL prévient toute décompression ou fébrilité, car « le club a l’expérience grâce à Jean-Michel Aulas et ses collaborateurs. Même si l’équipe est jeune, elle est bien entourée. » L’ancien défenseur de Lens prévoit même un OL champion s’il parvient à éviter blessures et suspensions. « L’objectif n’est pas d’être champion au départ, donc cela ne va pas leur donner plus de pression. Les deux favoris, c’était Paris et Monaco » rappelle Chalmé, admiratif de « ce que font les Lyonnais, notamment en sortant autant de jeunes et en les encadrant avec des anciens » . L’encadrement des jeunots, probablement la clé de la réussite aussi pour Guy Roux.

Non pas que les plus jeunes plient sous la pression, mais plutôt sous la tentation de prendre du bon temps. « Les mœurs de sortir en discothèque après les matchs et parfois avant, c’est ce qu’il y a de pire. Quand vous les mettez au repos, vous pensez leur permettre de récupérer, et en fait vous leur permettez de sortir une fois de plus en discothèque » gronde l’ancien maître du Stade de l’Abbé-Deschamps. « Quand on sort un joueur à 15-20 minutes de la fin pour le préserver pour la semaine suivante, il est prêt 15-20 minutes plus tôt pour sortir en boîte… » Ezequiel Lavezzi likes this. Guy Roux a une théorie limpide comme de l’eau de roche : « Une nuit de discothèque équivaut à un match disputé. » Pour le technicien, la réussite ou non d’une saison tient finalement à un fil : « Il y a les joueurs qui sortent et ceux qui ne sortent pas. Cela peut déterminer la différence entre une saison réussie et une saison ratée. Parfois, le club qui descend, c’est celui qui a le plus de « porteurs ». » Hubert Fournier est prévenu, il va devoir faire le tour des boîtes de la région lyonnaise chaque soir jusqu’à fin mai…

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Par Nicolas Jucha

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