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Lyon, Amiens et Toulouse devant le conseil d’État : ce qu’il faut retenir
Ce jeudi, les clubs d'Amiens, Lyon et Toulouse voyaient leur recours à la décision de la LFP d'arrêter la saison 2019-2020 de Ligue 1 examinée par le Conseil d'État. Au terme de plus de trois heures de débats, la situation n'a pas l'air d'avoir particulièrement avancé. Mais au moins, les clubs ont été entendus.
Une audience qui n’a pas fondamentalement fait avancer le débat
Les positions des différentes parties étaient bien connues, des semaines de déclarations par médias interposés s’en étaient assurées. Cette audience, plus que décisive dans l’avancée du débat, a surtout été une formalité pour laisser aux clubs de Lyon, Amiens et Toulouse une dernière chance de faire entendre leurs arguments et tenter de retourner la décision de la Ligue devant le Conseil d’État. Résultat : plus de trois heures à brasser et re-brasser les arguments des mécontents d’un côté, et des décideurs de la Ligue de l’autre. Grosso modo, on dénonce d’un côté une décision prise à la va-vite et profondément injuste pour les clubs lésés ; quand de l’autre on estime avoir pris la décision la plus prudente en prenant en compte tous les paramètres et l’intérêt général. Dialogue de sourds, vous dites ?
Jean-Michel Aulas est aussi coriace en vrai que sur Twitter
Le président lyonnais boxait sans doute ce jeudi le dernier round d’un combat qu’il mène tambour battant depuis des semaines. Et sa détermination n’a évidemment pas bougé d’un poil. Son camp a bataillé pendant plus d’une heure et demie sur le moindre détail qui pourrait mettre à mal la légalité, ou le bien fondé de la décision de la Ligue d’interrompre la Ligue 1 le 30 avril dernier. La déclaration du Premier ministre le 28 avril comme base de la décision ? La fameuse date fantôme du 3 août donnée par l’UEFA et brandie comme un argument en faveur de l’arrêt ? Canal + qui rompt son contrat avec la Ligue avant même que la décision d’arrêter la saison n’ait été actée ? Chaque brèche a été exploitée par JMA dans l’espoir de défendre les intérêts de son OL, à savoir une éventuelle participation aux coupes d’Europe et le pactole qui l’accompagnerait. Il s’est même permis des petits scuds discrets à Didier Quillot, à qui il a notamment tenu à rappeler qu’il était « assez récent dans la fonction », et donc qu’il n’avait pas son expérience dans le milieu. Aussi piquant que sur la toile.
La LFP, droite dans ses bottes
En position de force, la Ligue avait une parade à toutes les réclamations portées par Lyon, Amiens et Toulouse. Qu’il s’agisse de la reprise du championnat, au sujet de laquelle elle assure avoir « travaillé sur à peu près tout ce qu’il était possible de faire » ; de la question du calendrier d’une telle reprise, pour lequel la Ligue en est notamment venue à la conclusion que « l’intérêt général l’emporte très largement sur le petit intérêt particulier que l’OL cherche à obtenir » ; ou qu’il s’agisse du système de classement, pour lequel elle a concédé avoir « pris la décision la plus juste, la moins mauvaise, tout en étant conscient qu’elle était forcément injuste dans la mesure où le championnat n’allait pas à son terme ». Avant de conclure : « Quoi que la Ligue aurait fait, il y aurait eu des frustrations et des recours. » Difficile de les contredire.
« En quoi la relégation d’Amiens permet-elle de lutter contre le COVID-19 ? »
Dans son plaidoyer contestant la décision de sa relégation, le club d’Amiens a sans doute sorti l’argument le plus absurdement implacable de cette audience : mais, si la décision d’acter deux relégations en Ligue 1 a été prise compte tenu des circonstances exceptionnelles liées à la crise sanitaire, « en quoi la relégation d’Amiens permet-elle de lutter contre le COVID-19 ? » Spoiler : aucunement, mais ce n’était pas vraiment l’idée a priori.
Et on joue à 22 ?
Au détour de débats qui ont surtout tourné en rond et repris des arguments existants, une possibilité évoquée par l’Amiens SC a particulièrement retenu l’attention du juge des référés : celle d’une édition unique de Ligue 1 à 22, pour la saison 2020-2021. Une solution « la moins pire » qui permettrait, argumentent les Amiénois, de repêcher les lésés de Ligue 1 comme de permettre aux promus de Ligue 2 d’accéder à l’élite, et avec quatre relégations au bout de cet exercice exceptionnel. Du côté de la Ligue, on a rétorqué, entre autres, que rajouter quatre journées à la Ligue 1 poserait de belles contraintes de calendrier.
Une décision la semaine prochaine
Comme prévu, le Conseil d’État n’a pas tranché immédiatement sur cette épineuse question. Plutôt, le juge des référés a laissé aux clubs jusqu’à samedi 13h pour faire parvenir d’ultimes documents et clôturer son instruction, avant de se prononcer définitivement en début de semaine prochaine. Ce qui laisse encore tout le temps à Aulas de plaider sa cause.
Alexandre Aflalo