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Luyindula, ici, c’était Paris
Après 180 matchs, des buts, des déceptions et des mots, Peguy Luyindula et le PSG ont mis fin à leur collaboration. A 33 ans, l’international français prend la route de New York. Avec lui, c’est une partie de l’ancien PSG qui s’en va également.
Que retenir de Peguy Luyindula au PSG ? Son but contre Toulouse avec cette infâme liquette chocolat faussement appelée Louis Vuitton ? Son pénalty provoqué dans les arrêts de jeu de la finale de la Coupe de la Ligue 2008 ? Sa mise à l’écart pendant plus d’un an sous l’ère Kombouaré ? Son retour en équipe de France courant 2007 ? Il aura finalement tout connu dans la capitale, Peguy. Sans jamais être titulaire, sans jamais être vraiment remplaçant, sans jamais être vraiment bon, ni vraiment mauvais. Un peu à l’image du club depuis 2007. Pourtant, Peguy a aimé Paris. Il l’aime encore aujourd’hui. Il est d’ailleurs l’un des rares joueurs de l’effectif à s’être installés au cœur de la capitale lors de son arrivée. Pour lui, pas question de se caler dans un quartier résidentiel des Yvelines. Avec le maillot parisien, Luyindula a tout connu : Pauleta, le match couperet de Sochaux en mai 2007, le Parc avec ses Ultras, le Plan Leproux, Charles Villeneuve, Mateja Kežman, Mickaël Landreau, tout ça. C’est un pan de l’histoire du club qui s’en va. Un mec qui avait le PSG dans le cœur au fond. Sinon, comment expliquer cette fin presque heureuse alors que le mec est resté 601 jours sans porter le maillot du club en match officiel entre un match de Ligue Europe contre Benfica en mars 2011 et le 31 octobre dernier où Carlo Ancelotti lui donne douze minutes de jeu contre l’OM en Coupe de la Ligue. Son jubilé…
Entre les deux, il y a eu cette cassure. Violente. Humiliante. Une mort lente et annoncée. Après une saison 2011 moyenne (23 matchs de Ligue 1, zéro but), Peguy est prié d’aller voir ailleurs. Il n’a même plus le droit de rester avec les pros. Le début de son cauchemar. « C’est comme si je n’existais pas aux yeux du PSG. Les mecs, s’ils avaient pu me pisser dessus, ils m’auraient pissé dessus » nous avait-il confié dans le numéro 93 de So Foot. L’histoire est à deux doigts de mal finir. On parle de plainte aux prud’hommes, de harcèlement moral et de droit du travail. Et subitement, un miracle. En fin de contrat l’été dernier, le club et le joueur s’entendent pour une année supplémentaire. Comme pour enterrer la hache de guerre. Pas de plainte. Une année de salaire assurée pour ne pas jouer. Tout le monde est content. On s’est arrangés entre amis.
L’éphémère chronique
Dès lors, le joueur se livre dans les colonnes de L’Équipe sur cette période douloureuse : « Quand j’ai parlé avec le club et le coach, les choses ont toujours tourné essentiellement autour du foot. À partir du moment où mon quotidien redevenait normal, tout pouvait redevenir normal. Avant, j’étais dans une réelle souffrance, parce que je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Dès lors que cette souffrance s’arrêtait, garder la même attitude aurait été de l’entêtement. On aurait très bien pu se dire : « Ça ne marche pas et ça ne marchera jamais. » Et puis, se séparer bons amis. Mais ils voulaient que je reste dans le groupe, c’était aussi mon souhait. On est arrivés à un accord qui satisfait tout le monde. Cela va au-delà de la question de savoir qui s’assoit sur tel ou tel principe. Dans ces histoires-là, l’orgueil mal placé est toujours mauvais conseiller… » Un brin philosophe. Mature. Luyindula, comme Dhorasoo, détonne dans un club habitué aux caractériels et autres divas. Un mec de 33 piges capable de faire sa propre autocritique : « Au-delà du foot, j’avais aussi des problèmes dans ma vie privée, qui me minaient vraiment. C’était très dur. J’ai alors commencé à voir un psy. J’avais besoin d’aide. Si je n’avais pas reçu cette aide, je n’aurais pas pu gérer des problèmes qui étaient survenus dans ma famille. Mes erreurs de langage, elles découlent de ce niveau de détresse avancé. J’étais dans un mode de pensée assez nombriliste. Je ramenais tout à ma personne. C’est pour cela que des futilités me touchaient : les déclarations de x ou y dans la presse, les attitudes d’untel… »
Il y a dans les mots de l’attaquant une sorte de libération. Celle d’un joueur qui a parfois été très bon (à Lyon, notamment et par fulgurances au PSG) et qui a toujours su relever la tête. À Marseille, il arrive alors que l’idole Didier Drogba vient de partir. Pas évident. À Auxerre, il doit gérer une lutte pour le maintien. À Levante, il ne touche pas un rond, le club est fauché. Quand il arrive au PSG, il est payé au rendement. Un choix qui l’arrange, lui, le mordu de finance. Au final, Peguy a-t-il raté sa carrière compte tenu de son potentiel ? Niveau palmarès, il n’a pas à rougir (trois fois champion de France, deux Coupes de France et une Coupe de la Ligue). Niveau statistiques, il se barre avec 86 buts au compteur en Ligue 1 (une année pour Lionel Messi en somme). Il aura fait son boulot. Dans un bon jour, Luyindula était capable de tout. Il avait cette panoplie assez large du dribbleur-buteur-passeur. Même s’il était nonchalant, irrégulier et parfois boudeur, il savait tirer profit de la moindre opportunité. Avec son départ, il ne reste plus beaucoup d’historiques au sein du PSG : Sylvain Armand, Zoumana Camara, Guillaume Hoarau, Clément Chantôme et Mamadou Sakho. D’aucuns se souviendront de sa joie après son but libérateur contre Twente en Ligue Europa. Le mec a passé tout le virage Auteuil en revue, les bras en croix, hurlant sa joie avant d’être célébré par ses potes, Fabrice Pancrate et Sammy Troaré en tête. Eh oui, c’était ça, aussi, le PSG.
Par Mathieu Faure