- Copa America
- Uruguay/Pérou
L’Uruguay, favori masqué ?
L'Uruguay attaque sa Copa America cette nuit à San Juan contre le modeste Pérou. Après un coup de moins bien post-mondial, la Celeste se prépare sans trop faire de bruit à entrer dans la compétition, alors que l'Argentine à domicile et le Brésil nouvelle génération sont sous le feu des projecteurs et semblent mal le vivre. Et si le vrai favori, c'était eux ?
Diego Forlan avance masqué. Coutumier des débuts de saison raté, le joueur est plutôt un diesel qui une fois lancé ne s’arrête plus. La saison passé, il avait démarré mollement avant d’offrir à l’Atletico, le loser sympa du championnat espagnol des années 2000, une Europa League et donc sa première grosse émotion depuis le titre de 1996. Et ce juste avant de régaler la terre entière pendant la coupe du monde. Tour à tour capitaine, meneur de jeu, buteur décisif, leader glamour et médiatique de l’équipe surprise du mondial sud africain, Diego Forlan a marché sur l’eau dans la plus grande des compétitions. Si bien que certains en faisaient même un candidat au Ballon d’Or après cette année faste. Cette saison, il a pris le même départ. Son temps de passage en novembre (3 buts) était le même que les saisons précédentes. Sauf que cette fois-ci, Forlan n’a pas réussi à enclencher la vitesse supérieure et à aligner les gardiens de Liga. Il a laissé ce plaisir à Agüero et a achevé une saison très moyenne avec huit réalisations.
Si certains interrogent donc et questionnent ce Forlan labellisé Copa America 2011, lui reste sûr de sa force et renverse même la perspective. Sa saison moyenne est en fait une chance pour lui de cartonner cet été. Positiviste, il a déclaré: « Je n’ai pas beaucoup joué ces derniers mois, du fait des problèmes personnels que l’entraîneur a eu avec moi, ce qui m’a permis de bien me reposer. Dans le mauvais, il y a toujours quelque chose de bon qui sort, et dans ce cas, le mauvais a été de peu jouer en fin de saison, et le bon de pouvoir m’entraîner dur pour être bien avec la sélection. Ces deux derniers mois m’ont permis de recharger les piles. J’arrive meilleur qu’en Afrique du Sud. » La problématique tactique de l’Uruguay a également évolué et ce renversement pourrait lui profiter. S’il était l’an dernier le centre névralgique et la plaque tournante du système Tabarez, Forlan est désormais un pion du trio d’attaque Suarez-Cavani-Forlan. Cavani a explosé cette saison et surpris son monde avec le Napoli nouveau. Suarez a réveillé un Anfield au bord de la sinistrose depuis son arrivée au mercato d’hiver et renvoyé Fernando Torres au rang de souvenir. Forlan ne devrait donc plus avoir à porter l’équipe sur ses épaules. Il peut désormais partager un peu la pression avec ses deux compères, pression qu’il a diluée doucement mais surement en conférence de presse « C’est un privilège d’avoir des grands joueurs, jeunes et avec de l’expérience comme Edinson Cavani et Luis Suarez. Avoir cette qualité est toujours important pour atteindre de grands objectifs » Malin.
Une rhétorique précautionneuse très rodée
Encore trop peu consistant dans la durée pour faire figure de favori historiquement ancré à chaque grande compétition, ce que sont l’Argentine et le Brésil, mais bien trop fort pour être comparé aux équipes les plus faibles de la Copa, l’Uruguay avance caché, avec le bon rôle, bien calé juste derrière les deux grands Sud-Americains. Tabarez la joue donc modeste, et ce même avant d’affronter un Pérou déjà faiblard mais en plus privé de Farfan et Pizarro, ses buteurs dominants évoluant en Bundesliga. S’il se remémore le glorieux passé de la Celeste ainsi que son riche palmarès en Copa America (l’Uruguay est la première équipe à égalité au nombre de titres avec l’Argentine, ndlr), le malicieux coach uruguayen prend soin d’oublier toutes ses réussites récentes. « L’étiquette de favori s’attribue seulement pour les antécédents et les statistiques, pour nous elle n’a pas plus de valeur que ça. Le pire que l’on pourrait faire serait de sous-estimer cette équipe du Pérou » , a-t-il avancé. Suarez confirme en conférence de presse. Finalement, les Uruguayens se mettent bien. Leurs résultats cette année, plutôt moyens, donnent de la consistance à leur rhétorique de favori masqué (9 matches amicaux disputés, 5 victoires, un nul contre les Pays-Bas mais 3 défaites contre le Chili, l’Estonie et l’Allemagne, ndlr). Les précédents historiques ne leur donnent pas tort non plus. Lors de la dernière édition, la Pérou avait battu l’Uruguay 3-0. Juste ce qu’il faut donc pour ne pas avoir à assumer un lourd statut de favori et se mettre bien dans les roues argentines et brésiliennes pour exploser dans le sprint final.
L’Argentine a proposé une partition énigmatique et sans saveur en ouverture contre la Bolivie, et le Brésil a été infoutu de mettre un but au Vénézuela. L’Uruguay sera lui dans le groupe C. Si ce groupe ressemble sur le papier au groupe de la mort avec le Chili, le Mexique et le Pérou, l’affaire devrait être en réalité plus simple que prévue. Le Mexique se pointe avec une sélection olympique renforcée par cinq éléments de plus de 22 ans et devrait jouer le rôle de faire-valoir. Le Pérou sans ses leaders offensifs n’aura que son envie à proposer en retour. Quant au Chili joueur, désormais mené par Alexis Sanchez, il sera le principal concurrent de l’Uruguay. Qui pour arriver à ses fins se passera volontiers de Suarez aux buts, moins de boucle d’or devant.
Par Antoine Mestres
Par