- Copa
- Argentine/Uruguay (1-1, 4-5 tab)
L’Uruguay brise le rêve argentin
L'Uruguay remporte une interminable bataille du Rio de La Plata, a l'issue de la séance des tirs au but (1-1, 5-4). Messi devra encore patienter pour décrocher un titre avec la Seleccion.
Argentine – Uruguay : 1-1, 1-1 ap, 4-5 tab
Buts : Higuain pour l’Argentine, Perez pour l’Uruguay.
La Celeste ne s’en lasse pas. Elle a encore « gâché la fête » . Comme elle si sait si bien le faire. Comme il y a pile quatre-vingt quinze ans, lors du premier championnat sud-américain des nations, contre ce même voisin albiceleste, sur le terrain du Racing d’Avellaneda. Comme il y a soixante-et-un ans tout juste, dans un Maracana plein comme un œuf. Comme il y a vingt-quatre ans, déjà chez son rival du Rio de La Plata, dans un Monumental médusé. Car Carlos Tévez a flanché. Son tir au but manqué, au bout de la nuit, au bout du suspens, a donné la qualification à la Celeste, dont tous les tireurs ont froidement atteint leur cible, dans un climat d’hostilité généralisé. Il fallait un héros malheureux ce soir et le sort a voulu que ce soit le « joueur du peuple » .
On a longtemps cru que ce héros malheureux s’appelait Diego Pérez. L’ex-monégasque, auteur d’un but de renard dans les premiers instants de la partie (6e), glaça le sang du stade de Colon de Santa Fé, avant de réchauffer les cœurs albicelestes, en se faisant bêtement expulser pour un deuxième carton jaune (39e), coupable d’avoir fait avorter irrégulièrement une contre-attaque des locaux. Le second but d’ « el Ruso » en sélection, en rappelait un autre encaissé par l’Argentine il y a un an. En quart de finale de la dernière Coupe du monde (4-0), elle ne s’était jamais remise de l’ouverture du score rapide de la Mannschaft, à la suite d’un coup franc similaire à celui tiré hier par Diego Forlan.
Diego Perez, héros éphémère
Mais, devant un public sonné, l’Albiceleste se remet vite en ordre de marche, lorsqu’Higuain, grassement servi contre le Costa Rica par ses milieux, sans succès, expédie enfin un délicieux caviar de Léo Messi dans les filets d’un Fernando Muslera impuissant (18e). L’avant-centre du Real double même la mise dans un Cimetière des Eléphant ressuscité, mais il est signalé hors-jeu. Reparti de Santa Fé sous la bronca il y a une semaine après une prestation décevante contre la Colombie, Léo Messi déclenche les « olés » du public à chaque ballon touché. Intenable sur son côté droit, il prend un malin plaisir à semer la pagaille dans la défense charrua.
Après un premier tour laborieux, les Argentins se disent qu’ils tiennent enfin la meilleure version de ce petit bonhomme qu’ils voient se balader à longueur l’année sur le Vieux continent avec le maillot blaugrana. Fernando Gago, que l’on croyait perdu pour la nation après une saison blanche chez les Merengues, se montre impérial derrière la Pulga. Il récupère, fait vivre le cuir, puis le distribue avec une justesse, laissant Messi se faufiler dans la défense adverse.
Et pourtant, Messi…
L’Argentine tremble sur tous les coups de pieds arrêtés de Diego Forlan, qui mettent en évidence les grosses lacunes de la sélection dirigée par Batista dans le jeu aérien, Gaby Milito en tête. Par deux fois, la barre vient sauver Romero. Mais, à onze contre dix, Messi & co finissent par imposer leur griffe, sans parvenir à porter le coup de grâce. La formation d’Oscar Tabarez leur oppose une discipline tactique de tous les instants, colmatant avec efficacité les brèches provoquées par l’expulsion de Pérez. Un autre carton rouge, celui reçu par Javier Mascherano, fait de nouveau basculer la partie, juste avant d’entrer dans la prolongation. Forlan et Suarez, souvent esseulés, mènent la révolte.
L’attaquant de Liverpool se bat comme un chien et gêne constamment les centraux argentins, démontrant qu’un numéro neuf peut réaliser un grand match sans marquer ni même se procurer de réelles occasions de but. Les contre-attaques se succèdent, il y a du KO dans l’air. Forlan répond à Higuain, Alvaro Pereira à Tévez. Le Ballon d’or du mondial sud-africain fait passer un dernier frisson dans le dos des supporters albiceleste, avant que Pastore ne lui rende la pareille. Messi a la qualification au bout du pied, mais le ballon échoue dans les bras de Muslera. Il est l’heure de s’en remettre à la fatidique séance de tirs au but. Vous connaissez la suite. L’Argentine n’a pas besoin de rentrer chez elle. Elle y est déjà. Et c’est sûrement le plus douloureux : elle vivra devant sa télé le sacre d’un rival au Monumental, son stade, sa maison.
Florent Torchut, à Santa Fé
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