- Ligue 1
- J30
- Nice-Marseille (3-0)
Lumineux contre l’OM, Amine Gouiri confirme
À lui seul, Amine Gouiri a mis l'Olympique de Marseille à genoux samedi à l'Allianz Riviera (3-0). Passeur décisif, buteur et principal détonateur des siens, le Niçois a porté les Aiglons du haut de ses 21 ans. À l'image de sa saison.
On attendait Milik, on scrutait le retour de Dolberg enfin débarrassé de tous ses ennuis : mais le « derby » Nice-Marseille a finalement été marqué par un autre attaquant. Un buteur de 21 ans qui, comme Benzema en son temps, a été biberonné au centre de formation de l’OL avant d’être courtisé par l’Algérie. Sauf que l’homme en question n’a pas eu sa chance à Lyon, et qu’il en a ras le bol des comparaisons flatteuses avec KB9 : « Au début, quand on me comparait à lui, j’étais trop content. Mais au bout d’un moment, c’est bon, chacun est différent, chacun son parcours, confiait le principal intéressé à Onze Mondial. C’est un peu lassant à la longue, j’avoue. » Alors depuis le début de saison, le jeune homme en question multiplie les masterclasspour qu’on imprime son blase. La dernière en date, celle contre Marseille (3-0) avec un but et une passe décisive, histoire de bien faire résonner ce nom : Amine Gouiri.
Ne l’appelez plus Benzema
Ce nom, les supporters algériens en rêvaient pour les matchs de mars. Raté, le gamin a rendez-vous avec l’équipe de France Espoirs. Mais ce nom, les supporters lyonnais le connaissent eux depuis quelques années. En 2018 déjà, Bruno Genesio avait l’intention de lancer le pur produit du Rhône, né à Bourgoin en 2000 et joueur de l’OL depuis 2013, chez les grands. Manque de pot : Gouiri se fait les croisés en août 2018. La suite, tu connais : Genesio prend ses cliques et ses claques, Rudi Garcia ne compte pas sur lui, et à l’été 2020, Gouiri file à Nice pour 7 petits millions d’euros (il est coté aujourd’hui à un montant trois fois supérieur). Chez les Aiglons, le jeune attaquant signe pour 4 ans. Mais sa première saison n’est pas encore terminée qu’on peut déjà parler de révélation. À l’aube du printemps, Amine Gouiri pèse 16 buts en 36 matchs avec Nice, pour 7 passes décisives (12 buts et 6 passes en championnat). C’est simple : il est à la fois meilleur buteur et meilleur passeur du club. Il est aussi le meilleur buteur français de L1 derrière les deux internationaux Mbappé et Ben Yedder, mais aussi le quatrième meilleur buteur français des 5 grands championnats. Et ce, à 21 ans seulement, dans une équipe du ventre mou, alors qu’il est balloté à plusieurs postes, de la pointe de l’attaque au flanc gauche quand Dolberg est de la partie, sans que cela n’affecte son rendement. C’est simple : quand on parle d’homme providentiel cette saison à Nice, Gouiri n’est jamais loin.
Les sucettes à l’Amine
Auteur d’un doublé à Lens pour son entrée en matière, l’ancien lyonnais réalise une saison aussi aboutie que sa prestation face à Marseille. Toujours au bon endroit et dans le bon tempo, Gouiri a aussi le don de rarement se tromper ballon au pied ou dans ses courses, avec une appétence rare pour un buteur : celle de la passe juste. Contre l’OM, il l’a encore prouvé à plusieurs reprises en servant des coéquipiers mieux placés qui ont gâché ses offrandes, alors qu’il aurait pu lui-même prendre les choses en main. Il a finalement attendu un cadeau des Marseillais pour le faire, sur une demi-occasion où il n’a pas tremblé pour s’offrir son but de la soirée, en renard. Son septième en 2021 en 14 rencontres. De là à parler de Gouiri-dépendance ? Peut-être. « On a pu le voir dès le premier entraînement, il a vraiment des qualités incroyables. Il prouve malgré son jeune âge. Il n’avait jamais fait une saison longue en pro avant, sa régularité est juste fantastique. C’est un bosseur, il a un très bel avenir devant lui », confiait il y a peu l’expérimenté Schneiderlin à Eurosport. Et cette dépendance qui touche les Niçois pourrait s’étendre. Appelé en Bleu pour le début de l’Euro Espoir fin mars, on a du mal à voir comment Gouiri pourrait ne pas y briller, et amener les Bleuets vers les sommets. Avant de s’inviter chez les plus grands ? Patience. Même si, au rythme fou affiché par le Niçois, ça pourrait aller vite, très vite. À moins que Deschamps ne voit aussi en lui le nouveau Benzema.
Par Adrien Hémard