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Lukasz Piszczek, la droite décomplexée
On a connu Cafu, Maicon, Daniel Alves. Javier Zanetti aussi. Sûrement d’autres, également. Aujourd’hui, il y a Lukasz Piszczek. Tout comme ses célèbres « prédécesseurs », le Polonais porte une affection particulière pour le côté droit. Tout le côté droit. Focus sur un joueur qui pourrait être un des plus grands regrets de José Mourinho.
C’est un classique : quand deux clubs s’affrontent dans une compétition continentale, il y a toujours le plus gros qui essaye d’intimider le plus petit avant la rencontre. L’un des moyens traditionnels est de montrer un intérêt soudain pour un joueur. Histoire de le flatter, de le déboussoler un peu et pourquoi pas, un jour, le recruter. On peut par exemple parler de José Mourinho et de Lukasz Piszczek. Même si en vérité, c’est un peu plus spécial que cela. Par trois fois, leurs chemins auraient pu se croiser. La première, c’était en 2010, à l’époque où le Mou officiait du côté de l’Inter Milan. On lui avait proposé de prendre le Polonais pour laisser le généreux Maicon souffler un peu. L’entraîneur portugais avait refusé, arguant que celui qui jouait à l’époque pour le Hertha Berlin n’était pas si terrible que ça. La deuxième, ce fut cet été. Le Real Madrid voulait acheter, le Borussia Dortmund a déclaré qu’il n’y avait rien à vendre. Enfin, comme le hasard fait bien les choses (et que de toute façon, « jamais deux sans trois » ), Merengues et Schwarzgelben se sont retrouvés dans la même poule en Ligue des Champions. Et Mourinho de retenter sa chance.
De la complémentarité Piszczek-Kuba
Seulement voilà, Jürgen Klopp n’est pas vraiment de cet avis. « 15 millions d’euros pour Piszczek ? Mais nous ne sommes pas chez Kik, ici ! » . Kik, c’est l’équivalent de Tati en France. En vérité, ce sera une offre de 10 millions, donc pas mieux, qui sera balayée par le board du BVB. Car le natif de Czechowice-Dziedzice (pas mieux) est un joueur indispensable au système de Klopp. A lui seul, il incarne tout le football prôné par le coach à la barbe de trois jours: polyvalence, effort, pressing. On parle là d’un type qui est arrivé à l’été 2010 suite à la relégation du Hertha Berlin, en qualité de milieu offensif droit, et qui a dû reculer d’un cran pour faire plaisir à son capitaine en sélection, un certain Jakub Blaszczykowski. D’ailleurs, les deux hommes forment sûrement l’un des couloirs droits les plus complémentaires d’Europe. Quand l’un monte, déborde, l’autre redescend d’un cran. Quand l’un presse, mais se fait déborder, l’autre, qui le suit comme son ombre, intervient immédiatement pour couper l’offensive adverse.
Une mobylette de compétition
Mais Piszczek n’a pas nécessairement besoin de Kuba pour briller. Il sait faire le taf tout seul. Bien sûr, il est constamment porté vers l’offensive, mais il sait aussi revenir à toute vitesse quand il le faut. Plutôt que de le mettre en concurrence avec le joueur le plus rapide de l’équipe, Jürgen Klopp a eu le nez de le placer un cran derrière. « Il a vu quelles étaient mes qualités et comment je pouvais les utiliser dans notre système de jeu » , résume ainsi le peu prolixe numéro 26 du BVB, qui est donc là avant tout pour défendre. Ceci étant, il ne lui est pas non plus interdit d’attaquer. Et il le fait plutôt bien, comme en témoignent ses 24 passes décisives (5 buts) en 101 rencontres sous le maillot noir et jaune.
Ce sont pour toutes ces raisons (mais aussi pour signifier à l’Europe qu’il faudra mettre le prix pour l’acquérir) que le triumvirat Watzke-Zorc-Klopp a décidé il y a peu de le prolonger jusqu’en 2017. Il faut dire que les négociations n’ont pas trop traîné non plus, le joueur se sentant « en symbiose avec la culture foot, le club et les fans du Borussia » . Du coup, à moins d’un coup du sort, Lukasz Piszczek roulera encore longtemps pour le club de la Ruhr. Et il sera bel et bien présent sur la pelouse de Santiago Bernabeu. Quand on se souvient comment Essien a souffert à l’aller, on peut se faire du souci pour celui qui va jouer défenseur gauche (Arbeloa ?). Du coup, José Mourinho pourrait regretter de ne pas avoir pensé plus tôt à Lukasz Piszczek…
Ali Farhat