- Supercoupe de l'UEFA
- Real Madrid-Manchester United (2-1)
Lukaku-Pogba, dans les temps
Après un match moyen face au Real Madrid, les deux stars de Manchester United concentrent les critiques. Et elles y sont habituées. Sauf que leur activité reste en réalité satisfaisante au regard notamment de leur âge.
190 millions. Voilà l’énorme somme qu’a lâchée Manchester United pour attirer dans ses filets deux jeunes bonhommes destinés à devenir des piliers du club dans les années à venir. Paul Pogba d’abord, acheté 105 millions en 2016 et joueur le plus cher de l’histoire jusqu’à l’arrivée de Neymar au Paris Saint-Germain. Et Romelu Lukaku ensuite, qui vient de coûter 85 millions aux Red Devils. Deux mecs qui représentent les deux plus gros transferts du club. Deux mecs qui cristallisent les critiques depuis leurs débuts. Deux mecs qui n’ont pourtant que 24 ans et encore le temps de grandir.
La Supercoupe de l’UEFA a fait dans le classique et symbolise bien la chose. Lukaku et Pogba ont encore déçu, n’ont pas permis à United de soulever le trophée et doivent donc en prendre plein la gueule. Le premier, coincé entre Sergio Ramos et Raphaël Varane, a vendangé des occasions franches (enfin surtout une), n’a soi-disant pas été à la hauteur (trois frappes dont deux cadrées) et son but facile à planter n’a servi à rien. Le second a tiré autant, mais n’a pas été capable d’élever son niveau de jeu pour régner au milieu du terrain où se trouvaient Casemiro, Toni Kroos et Luka Modrić. Pour la majorité, il convient donc de s’arrêter sur leurs limites et de pointer du doigt leur rendement. Une nouvelle fois.
Un CV déjà bien rempli
Bah non, pas nécessairement. Car en réalité, les deux potes payent davantage pour leur prix et leur talent entrevu (sans doute) trop tôt que pour leurs performances en demi-teinte. Au vrai, Pogba comme Lukaku offrent des prestations totalement satisfaisantes pour leur jeune âge. À 24 piges, l’attaquant sort de quatre saisons de Premier League à quinze caramels ou plus (hormis en 2014-2015, où il a scoré à dix reprises), a fait trembler les filets pour son premier match avec MU et son profil, aussi peu esthétique soit-il, va sûrement lui permettre de battre son record de pions en championnat (25). À 24 piges, le milieu est déjà considéré comme le patron des siens par son entraîneur (qui l’aligne systématiquement) et possède un palmarès déjà bien garni (quatre Serie A, deux Coupes d’Italie, une League Cup et une Europa League).
Relativiser les déceptions, diminuer la demande
Alors, pourquoi sont-ils toujours les premiers à se faire déglinguer dans la presse et dans les bars ? Parce qu’ils ont habitué à l’excellence ? Non. Parce qu’ils s’affichent trop quand ils sont loin du terrain ? Peut-être. Parce que leurs capacités pourraient leur permettre de faire bien mieux ? Sûrement. Mais qu’on se le rappelle une fois pour toutes : Lukaku et Pogba ne seront jamais aussi décisifs et aussi forts que Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo. Cela peut paraître évident, mais ça va mieux en le disant. Les deux monstres physiques et médiatiques ont l’avenir dans leurs pieds, certes. Reste que ce qu’ils montrent depuis quelques années demeure largement convenable. Pas au regard de leur salaire, diront certains. Ça n’est pas la question, répondront d’autres. De quoi continuer à alimenter le débat. Avec une interrogation fondamentale : aujourd’hui, le Manchester de David de Gea, Ander Herrera, Henrik Mkhitaryan et Antonio Valencia serait-il plus fort sans les deux acolytes, ou au contraire bien moins impressionnant ?
Par Florian Cadu