- Coupe d'Italie
- Quarts
- Inter-AC Milan (2-1)
Lukaku-Ibrahimović, merci pour ce moment
En s'embrouillant juste avant la mi-temps, ce mardi soir dans le derby de Milan, Romelu Lukaku et Zlatan Ibrahimović ont rappelé que le football - et heureusement - n'est pas encore totalement aseptisé. Et que les front-contre-front font partie intégrante de ce sport. D'autant plus quand ils changent totalement la physionomie d'un match comme cela a été le cas dans ce quart de finale de Coupe d'Italie entre l'Inter et l'AC Milan qui s'est terminé par un but des deux hommes, un carton rouge pour Zlatan et une qualif' pour Lukaku. Et un bon moment pour les téléspectateurs.
Impossible de savoir ce qu’il y a dans la tête de Romelu Lukaku au moment où il prend ses pas d’élan pour tirer son penalty. Mais au regard de la puissance que l’attaquant de l’Inter a mis dans le ballon – qui a touché la transversale avant de terminer dans les filets -, il y a fort à parier qu’il a pensé à Zlatan Ibrahimović et à son altercation avec lui quelques secondes avant la mi-temps. Une embrouille qui s’est terminée par un front-contre-front à la suite des mots de l’ancien buteur du Paris Saint-Germain envers la génitrice de Lukaku. C’est en tout cas la version que le Belge a hurlé en rentrant aux vestiaires : « He wants to talk about my mother ? Vuole parlare della mia madre ? Fils de p*** ! » Et vu l’état de colère dans lequel était Lukaku, qui semblait être prêt à régler ça dans un octogone avec le Z, il ne faut clairement pas exclure cette version.
And the winner is… Lukaku
Quelques secondes après cette altercation, les réseaux sociaux se sont divisés en deux catégories : ceux et celles qui pensent que Romelu Lukaku gagnerait ce combat et ceux et celles qui jurent que Zlatan Ibrahimović en sortirait vainqueur. Un débat auquel même le champion de MMA Khabib Nurmagomedov a pris part en votant pour le Suédois. Pourtant, une chose est certaine, ce mardi soir sur le terrain, c’est bien le Belge qui a fini les bras en l’air. Et ce, même si l’attaquant rossonero avait remporté le premier round en ouvrant le score d’une jolie frappe croisée. Mais ça, c’était avant la faute de Romagnoli sur Lukaku qui s’est terminée par une première petite embrouille entre les deux hommes, avant que Zlatan ne vienne y mettre son grain de sel et repartir avec un carton jaune, tout comme l’ancien de Chelsea. Rien de grave en soi. Sauf que juste avant l’heure de jeu, pour un petit croche-patte, le Suédois va prendre un second carton jaune synonyme d’expulsion. Tandis que Lukaku, lui, égalise sur penalty et repart avec la qualification pour les demi-finales de la Coupe d’Italie en poche. KO technique.
Souviens-toi les années 1990
Les experts en lecture labiale n’ayant toujours pas donné leur verdict, impossible pour le moment de savoir les propos qui ont été tenus par les deux hommes. En partant du principe que seulement quelques noms d’oiseaux ont été balancés et que cela reste dans la limite du trashtalking – autrement dit sans insultes racistes, homophobes ou autres propos nauséabonds -, il faudrait alors remercier Romelu Lukaku et Zlatan Ibrahimović pour ce moment. Une embrouille à l’ancienne avec un tête-contre-tête qui rappelle que, même en 2021, le football peut parfois faire sortir de leurs gonds deux stars mondiales. Et le fait que les deux joueurs aient partagé le même vestiaire à Manchester United (pendant un an) et le même agent – à savoir Mino Raiola – (pendant plusieurs années) rend cette altercation encore plus savoureuse.
Il s’agissait bien là d’un vrai derby, sans bisou dans le cou(loir), sans câlin après une faute, sans excuse après un but face à son ancien club, et sans échange de maillots au coup de sifflet final. L’idée n’est pas de faire l’apologie de la violence ou du manque de civilisation, mais de rappeler que le monde professionnel peut parfois encore se rapprocher du football amateur. Un monde où les tacles de boucher sont légion, le chambrage et les insultes aussi. Un monde qui adore Zlatan Ibrahimović, célèbre pour ses coups de sang et ses punchlines envoyées à l’adversaire – à l’image de celle balancée à Duvan Zapata il y a quelques jours. Et un monde qui – si ce n’était pas encore le cas – adore aussi Romelu Lukaku. Car coller son front à un adversaire qui a eu des propos déplacés, avoir envie de lui en coller une, se calmer et prendre au pied de la lettre la fameuse phrase si chère aux entraîneurs « la réponse, c’est sur le terrain qu’il faut la donner » fait aussi partie du football. C’en est même sa meilleure définition.
Par Steven Oliveira