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Luka Modrić, l’empereur du milieu
Très en vue lors de la manche retour face au PSG, Luka Modrić a remis ça sur la pelouse de Stamford Bridge la semaine passée : un caviar délicieux pour Benzema, une maîtrise de tous les instants et une qualité technique inébranlable. Dans le sillage du Croate, le Real a dominé les Blues dans le cœur du jeu, un secteur où N'Golo Kanté avait attiré toute la lumière à lui il y a tout juste un an.
Il est des joueurs sur lesquels le temps semble parfois ne pas avoir de prise, l’âge ne devenant alors qu’un chiffre abstrait, sans lien avec ce qu’ils sont capables d’offrir sur un terrain. Du haut de ses 36 printemps dont plus de la moitié à manier le ballon sur les plus belles pelouses européennes, Luka Modrić fait partie de ceux-là. Le commentaire de Vinicius Jr, lui demandant son âge sur Instagram après son récital du match retour face au PSG, n’a d’ailleurs rien d’anodin : « Tu as 23 ans ?? Quel crack!!! » Dans l’ombre de Karim Benzema qui a logiquement récolté toutes les louanges après avoir planté deux triplés, le natif de Zadar a également brillé de mille feux face aux Parisiens, puis face à une formation de Chelsea éteinte par la maîtrise merengue. Là où N’Golo Kanté et Jorginho avaient rayonné l’an passé en demi-finales – le champion du monde tricolore étant même désigné homme du match à l’aller comme au retour –, les Madrilènes ont cette fois renversé la vapeur.
Trois vieux papys qui font de la résistance
Chaque saison, la question se pose : le trio Modrić-Kroos-Casemiro pourra-t-il encore se montrer à la hauteur pour porter le Real Madrid, malgré les années qui passent ? Et chaque saison, la réponse est à peu près la même quand viennent les grands rendez-vous du printemps : oui. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard de constater que l’entrejeu est le seul secteur de jeu qui n’ait pas été bouleversé depuis le triplé historique en Ligue des champions (en dehors des trois lascars, seuls Karim Benzema et Dani Carvajal étaient déjà là). « Tous les trois forment aujourd’hui le meilleur milieu du monde, salivait d’ailleurs Carlo Ancelotti en décembre dernier. Ils se complètent très bien. Quand les trois jouent ensemble, personne ne peut se comparer à eux. »
Et certainement pas les protégés de Thomas Tuchel, noyés sur leur propre pelouse mercredi soir. Sorti dès la pause après 45 minutes quelconques, N’Golo Kanté symbolise peut-être le plus gros écart avec la victoire londonienne de l’an passé. « Si vous ne mangez pas pendant la journée plusieurs jours de suite, cela peut avoir un effet, a tenté Thomas Tuchel pour expliquer la prestation décevante de son joueur, qui observe actuellement le jeûne du ramadan. Il a l’habitude, mais peut-être que cela explique en partie pourquoi nous avons eu l’impression qu’il n’était pas à son meilleur niveau. » Le petit et gentil n°13 de l’équipe de France n’est pourtant pas le seul à avoir peiné, même si Jorginho a pu sauver les apparences en délivrant une passe décisive à Kai Havertz.
Le roi Lukita
Alors certes, les trentenaires merengues n’ont peut-être plus les jambes pour briller tous les trois jours. Voilà donc pourquoi Modrić (tout comme Kroos) a pris soin de se reposer samedi soir face à Getafe, ratant ainsi son deuxième match de l’année. Histoire d’être sûr d’avoir les jambes pour remettre ça. « C’est difficile de l’arrêter parce que c’est un joueur fantastique. Quand j’étais enfant, il jouait pour mon équipe favorite, le Dinamo Zagreb, a assuré en conférence de presse un Mateo Kovačić qui se sera heurté au talent du trio madrilène, sans parvenir à trouver sa place en trois saisons au sein de la Casa Blanca. Il aime le football. C’était très sympa de se croiser l’autre jour et de jouer l’un contre l’autre. »
L’influence de l’ancien joueur de Tottenham sur le jeu des probables futurs champions d’Espagne reste particulièrement élevée, malgré l’expérience ratée du faux numéro neuf face au Barça, en l’absence de Benzema. Au point de le voir prendre les commandes depuis le banc de touche le 2 avril dernier lors de la victoire à Vigo, en l’absence de Carlo Ancelotti, atteint de la Covid. Sorti à la 74e minute, le Croate s’était alors lancé dans une séance de coaching, envoyant Nacho s’échauffer pour suppléer Militão. Une première étape vers la reconversion pour un garçon en fin de contrat dans quelques semaines ? Pas si vite, Lukita a encore quelques friandises à offrir.
Par Tom Binet