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- OM-Nîmes (2-1)
Luiz Gustavo, un revenant à point nommé
Pour sa première titularisation depuis le 2 février, Luiz Gustavo a signé un retour gagnant face à Nîmes, samedi au Vélodrome. Le milieu de terrain brésilien a livré une prestation convaincante, inscrivant même le second but marseillais. De quoi se poser des questions sur sa faible utilisation depuis plusieurs semaines.
Comment avait-il pu être vulgairement relégué sur le banc de touche ? Comment avait-il pu perdre si facilement ce statut de taulier indiscutable sur le terrain ? Il fallait remonter au 2 février et à une défaite à Reims pour retrouver le dernier match disputé par Luiz Gustavo dans la peau d’un titulaire avec l’OM. Plus de deux mois sans démarrer une rencontre, avant de soudainement sortir du chapeau de Rudi Garcia pour la réception de Nîmes, samedi, à la surprise générale vu les propos tenus par le technicien marseillais deux jours plus tôt en conférence de presse : « Luiz joue où je lui dis de jouer. C’est un formidable homme et un formidable joueur. Mais j’aime bien le bons sens et la logique. Est-ce que vous pensez qu’un entraîneur se passerait de l’un de ses meilleurs joueurs s’il est à 100% ? Il y a des choses dans le vestiaire et qui ne vous regardent pas. J’attends qu’il revienne à 100% dans sa tête et dans son corps. » Et comme par magie, c’était suffisamment le cas quarante-huit heures plus tard pour le faire démarrer dans l’entrejeu, où il a signé un retour gagnant sur la pelouse du Vélodrome.
Taille patron
Les supporters marseillais ont pu retrouver le joueur intelligent et rassurant qu’ils avaient adoré la saison passée. Pas toujours à l’aise dans les vingt premières minutes – il faut dire qu’il avait cumulé 94 minutes de jeu depuis sa dernière titularisation –, il n’a pas tardé à retrouver des sensations et à se mettre dans le bon rythme. À son poste de prédilection, Gustavo a souvent joué juste (94% de passes réussies), n’hésitant pas à aller vers l’avant et même à tenter sa chance de loin, comme lorsqu’il a touché le poteau, avant de marquer son premier pion de la saison plus tard dans la rencontre, d’un lob enroulé magnifique. « Je l’ai trouvé bon dans l’agressivité, dans la récupération du ballon et son utilisation, où il pêchait ces derniers temps, s’est réjoui Garcia après le match. Je l’ai trouvé beaucoup plus fluide, sûr dans ses transmissions, ça m’a fait plaisir pour lui parce que c’est un garçon attachant. »
L’international brésilien a répondu aux doutes de son entraîneur sur le terrain, sans trop vouloir s’étendre sur sa mise au placard – il faut l’appeler ainsi – au micro de Canal + quelques secondes après le coup de sifflet final : « Je n’ai pas besoin de parler, je travaille. C’est le plus important. » Pas besoin de se lancer dans une polémique, il y a une saison à boucler et un podium à aller chercher s’il n’est pas déjà trop tard. Une fois de plus, sur le terrain comme dans ses paroles, Gustavo a prouvé qu’il avait l’âme d’un leader. Et si Garcia s’était trompé en le poussant sur le banc si longtemps ? N’aurait-il pas pu rendre quelques services à cet OM bancal ? Une chose est sûre, le milieu de 31 ans a forcément manqué à la formation marseillaise. Surtout qu’il n’a jamais bronché, même quand il a fallu dépanner en défense pour compenser les absences de Rami, l’intégration difficile de Ćaleta-Car ou l’éclosion retardée de Kamara. « J’ai commencé la saison défenseur central. Ça ne me dérange pas de jouer à ce poste, mais je m’y sens prisonnier, confiait-il dans les colonnes de L’Équipe fin octobre. Au milieu, j’aide beaucoup plus mes coéquipiers. » Tout était dit.
Garder Luiz à tout prix
L’association Lopez-Sanson, souvent utilisée par Garcia dernièrement, manquait certainement d’impact et d’expérience pour vraiment s’imposer comme une paire indéboulonnable. Le constat est là, le retour de Gustavo est une bonne nouvelle à tous les niveaux pour l’OM. En première partie de saison, malgré des prestations parfois décevantes, le Brésilien était aussi le premier à venir s’exprimer devant la presse, souvent pour insister sur la cohésion d’équipe et encourager ses potes de vestiaires, comme après l’ultime défaite de Marseille en Ligue Europa : « On a besoin de bosser, de progresser, de lever la tête, de reprendre confiance. On a besoin de rester ensemble. Cette saison, on n’est pas au niveau européen. C’est la vérité. »
Et l’Olympique de Marseille a besoin de Luiz Gustavo. Le club phocéen a besoin d’un joueur de cette envergure, avec une telle expérience, pour pouvoir s’appuyer sur des bases solides afin de relancer un projet déjà à bout de souffle. À deux ans de la fin de son contrat, l’ancien joueur du Bayern semble encore vouloir aider l’OM, malgré les rumeurs l’envoyant aux quatre coins du monde. « Luiz n’est pas un joueur comme les autres, c’est un joueur de classe mondiale et il faut le respecter, a prévenu son agent Roger Wittmann au Phocéen cette semaine. Nous aurons le temps d’analyser la situation lorsque la saison sera terminée. Mais je peux vous dire que Luiz est très heureux à Marseille. Il est amoureux de cette ville. » Ça devrait donc être un jeu d’enfant pour Marseille de conserver le seul champion d’Europe de son effectif cet été. Quelle aubaine.
Par Clément Gavard