Cela signifie quoi, être Mister Univers ?
Pour moi, c’est déjà la troisième fois que je suis élu Mister Univers. Chaque fois que je remporte un nouveau titre, je me dis que le travail que je fais paye. C’est une confirmation que ce que je fais est correct. Je pense même être l’athlète espagnol avec le plus de titres internationaux. Je ne suis pas du genre à me contenter de ce que j’ai. J’en veux toujours plus, je continue à toujours travailler plus.
Quand avez-vous commencé le culturisme ?
De mes 9 ans jusqu’à mes 21 ans, je jouais avec le centre de formation du Real Madrid. Ensuite, j’ai un peu continué à jouer au football en deuxième et troisième divisions. Mais j’avais déjà commencé, avant, à me rapprocher de la musculation. Je l’ai très tôt intégrée à mes entraînements. Je me suis vraiment mis à pratiquer le culturisme à mes 23, 24 ans.
Vous avez commencé la musculation dès votre époque au Real Madrid ?
Au Real Madrid, nous ne faisions jamais de musculation avec des poids ou des appareils. À cette époque, on pensait que la musculation n’était pas bonne pour la pratique du football, et plus généralement pour la pratique de n’importe quel sport. Aujourd’hui, les choses ont changé. Les entraîneurs, les préparateurs physiques ont intégré la musculation dans leur préparation. Faire de la musculation est bon pour n’importe quel sport.
Quel joueur de football étiez-vous ?
Latéral droit. Je me caractérisais par ma force physique, ma puissance, ma fougue, mon envie. J’étais un joueur certes limité, mais qui misait beaucoup sur le courage et la ténacité.
Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
Je me rappelle que le Real Madrid m’a éduqué à être toujours compétitif. Les gens m’ont entré dans la tête que, peu importe ton domaine, il faut que tu sois le meilleur. C’est ce que j’ai gardé de plus positif lors de mon passage de onze ans au Real Madrid. Nous étions beaucoup de jeunes dans le centre de formation. Il y avait beaucoup de concurrence entre nous. Seuls les meilleurs étaient conservés chaque été. Cela m’a aidé dans ma vie à tenter de toujours être le meilleur dans ce que je faisais. Avec sportivité, bien évidemment.
Vous ne gardez aucun mauvais souvenir ?
Il y a forcément le moment où l’on te demande de prendre la porte. Quand j’ai quitté la Cantera, je n’ai jamais ressenti une telle frustration. Je n’avais pas réussi à décrocher ce pourquoi je me battais depuis le début, depuis mes neuf ans. Mon objectif était d’atteindre l’équipe première. Ce rêve ne s’est jamais réalisé. De ma génération, Cañizares, Macheda, Aragon, Sastre, Caminero y sont arrivés.
Vous avez gardé contact avec quelques-uns d’entre eux ?
Depuis que j’ai quitté le club, je n’ai jamais eu de contact avec eux. Pas par leur volonté, mais dès que j’ai quitté le monde du football, je ne voulais plus avoir de rapport avec. Je suis une personne assez extrême. Je vois les choses en blanc ou en noir, pas en gris. Et je n’ai jamais vraiment eu d’amour pour le football. J’appréciais ce sport, mais j’étais toujours plus individualiste. Le foot est un sport d’équipe, je n’étais sans doute pas fait pour lui. Les planètes se sont bien alignées, et mon destin m’a poussé vers un sport individuel. J’ai fait de la boxe américaine, de la boxe thaïlandaise… Et au final, j’ai choisi le culturisme parce que tu es ce que tu travailles. Dans le sport collectif, tu ne dépends pas que de toi-même.
Finalement, heureusement que le Real Madrid ne vous a pas retenu…
(Il coupe) Oui, merci au Real Madrid de ne pas m’avoir conservé. En me fermant une porte, ils m’en ont ouvert une autre.
Y a-t-il des similitudes entre le football et le culturisme ?
Non, je n’en vois aucune. Le culturisme est un travail que tu fais 24 heures sur 24. C’est un travail très solitaire, tu ne dépends de personne, d’aucun entraîneur, d’aucun coéquipier, à part de toi. Il faut être très strict avec soi-même.
Pourtant, la musculation est aujourd’hui plus importante qu’avant dans le monde du football…
Oui, du tout au tout. Aujourd’hui, une bonne condition technique ne suffit plus. Actuellement, dans n’importe quel sport, la musculation est primordiale. Le concept de fitness a enfin été enregistré. Et c’est très positif pour la grande majorité des sports. Dans le football, la musculation offre de la puissance, de la vitesse. En augmentant leur masse musculaire, les joueurs sont plus résistants au contact.
Actuellement, quel footballeur vous semble le mieux entretenu musculairement ?
Le meilleur exemple est Cristiano Ronaldo. Il fait un bon travail musculaire et cela se voit sur le terrain. Toute cette puissance, cette vitesse n’ont rien d’inné. C’est un exemple que le travail paie. D’une certaine manière, Cristiano pratique le culturisme. Si l’on compare au monde de l’automobile, il est la Formule 1 du culturisme dans le football. Désormais, tous les joueurs pratiquent le culturisme. Dès qu’ils se rendent dans un gymnase, ils en font.
Pour finir, pourquoi votre surnom est « Pitbull » ?
J’ai toujours eu ce surnom, avant même de faire du culturisme. Ce sont des chiens qui ont une mauvaise image car les gens ne s’informent pas assez sur eux. Ils sont très fidèles, ont un comportement très noble. Et surtout, ce qu’ils veulent, ils font tout pour l’avoir. Dans la vie, il faut tenter d’approcher tes rêves et ne rien lâcher.
Aucun lien avec Luis Suárez donc, qui mord aussi…
Luis Suárez est un mauvais exemple. Mordre un adversaire n’est pas un exemple de ténacité. La ténacité, ce serait un joueur de football qui lutte constamment, qui ne baisse jamais les bras. Ma comparaison avec le pitbull vient de mon côté de combattant, mais sans violence. Et de toute façon, je serai pour Madrid lors du prochain Clásico.
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