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Luis Suarez: «J’étais vraiment nul pour les études»

Propos recueillis par Jorge Lopez
Luis Suarez: «J’étais vraiment nul pour les études»

Ovationné par la plèbe à Montevideo vendredi après son quadruplé face au Chili, le meilleur buteur de la zone AmSud, Luis Suarez, analyse la renaissance de la sélection uruguayenne.

Cela va bientôt faire un an que tu as rejoint Liverpool. Quel bilan fais-tu de ton expérience en Angleterre pour l’instant ?

C’est une très bonne expérience, je m’y plais mais il faut que je continue à progresser. Il faut que je m’adapte encore plus. Le plus étrange, c’est l’intensité qu’il y a durant les matchs. Ça joue à un rythme infernal, ça change vraiment de l’Eredivisie. La Premier est un championnat très exigeant, parce que tu dois sans cesse être en train de courir. Moi, la grinta je l’ai toujours eue, je me suis toujours bagarré pour chaque ballon, mais c’est vrai que depuis un an, j’ai l’impression d’avoir enclenché une nouvelle vitesse.

Quel est ton rapport avec Dalglish ?

Au début j’ai eu un peu de mal à communiquer avec lui car je ne parlais pas beaucoup anglais, mais il m’a toujours donné énormément de confiance. Lui ce qu’il veut, c’est que je joue comme je sais le faire. Il ne m’a pas mis de pression, bien au contraire, c’est quelqu’un qui est toujours en train d’encourager.

Quels sont les objectifs de Liverpool cette saison ?

Malheureusement nous ne sommes pas en coupe d’Europe. C’est dommage car c’est toujours intéressant de disputer ce genre de compétitions… L’avantage, c’est que ça nous laisse des forces pour le championnat. Notre objectif, c’est de nous qualifier pour une coupe d’Europe… La Premier League c’est une compétition très difficile, mais personnellement je ne me suis pas fixé d’objectif. Si on peut faire mieux qu’une qualification pour une coupe d’Europe et viser plus haut pour remporter un titre, on ne se gênera pas.

Est-ce que tu penses encore à la victoire de la Copa America ou tu es enfin redescendu sur terre ?

Chaque jour qui passe me fait redescendre un peu plus de mon nuage, c’est clair. Je ne suis plus aussi excité par ce titre même si j’y pense souvent, mais différemment. Les messages des gens, les remerciements de ceux qui te disent que tu leur as égayé la vie, c’est ce qui m’a le plus marqué. On a réussi à rendre les Uruguayens heureux. C’est comme ça que j’analyse la performance de l’équipe en Copa America. Dans le football tout le monde recherche la gloire individuelle et collective, mais rien ne paie plus que d’avoir réussi à unir un pays comme nous l’avons fait en devenant champions il y a quelques mois. Quand nous sommes allés en Uruguay pour fêter le titre, j’ai vu des larmes de joie, des sourires… Ce sont des images fortes que je n’oublierai jamais. Franchement, je ne me rappelle pas avoir vécu un moment aussi fort que lorsque nous avons ramené la coupe au pays. C’est tout simplement inoubliable.

La Copa America, c’était un moyen pour vous de confirmer après votre demi-finale au Mondial?

Notre but, c’était d’atteindre la finale et nous y sommes parvenu. L’Uruguay attendait un titre depuis beaucoup trop d’années… Il fallait en finir. Notre performance à la Coupe du monde nous a en quelque sorte ouvert les yeux sur notre potentiel. Aujourd’hui on est conscient de nos capacités. C’est quelque chose qui s’est vu lors de la dernière Copa America, non ?

Quel est le secret de la renaissance de la Celeste selon toi?

La raison fondamentale de cette renaissance, c’est le groupe de joueurs qui composent la sélection. Il est tout simplement spectaculaire. On est tous pareils, je veux dire par là qu’il n’y en a pas un qui se croit supérieur aux autres ou un truc dans le genre. On est vraiment très soudés, un peu comme une famille. Ces derniers temps, l’Uruguay récolte les fruits de son travail. Ça fait des années qu’on travaille tous ensemble, qu’on souffre tous ensemble. Pour ça. Pour gagner des titres. Dans l’équipe, tout est sain, la parole est donnée à tout le monde. Le gars qui a une sélection est aussi légitime que celui qui en a 100. C’est bête à dire, mais notre secret c’est vraiment le groupe. On voit tous les choses de la même manière. Et si ce n’est pas le cas, le coach est là pour trancher. Tout le monde a une confiance aveugle en Tabarez. Depuis que je porte le maillot uruguayen, je n’ai jamais vu un mec faire la gueule ou s’énerver. La sélection, c’est du pur plaisir. La cohabitation est juste géniale. Pour moi, c’est un peu comme mes frères. Je prends soin d’eux et ils prennent soin de moi. Et je ne parle pas seulement des autres joueurs mais de tous les membres du staff. Après, footballistiquement parlant, je crois que la clé de la réussite, ça a été de bien définir ce que chacun d’entre nous devait faire sur le terrain. On avait la grinta, mais on ne savait pas se canaliser. Désormais on a toujours la grinta, mais on s’applique plus, tout est plus réfléchi. Nous somme plus sereins, donc plus confiants en nos capacités. Tous les joueurs respectent à la lettre les consignes du Maestro (NDLR : Tabarez), les vieux, comme les jeunes.

Est-ce que cette réussite aurait été possible sans Tabarez?

Le Maestro est responsable de tout ce qui arrive de beau au football uruguayen. La discipline qu’il a imposée à tous les niveaux, c’est l’une des clés de l’Uruguay. Tabarez sait aussi créer et unir un groupe comme personne d’autre. Pour arriver où nous en sommes, nous avons beaucoup souffert et il a su créer une alchimie entre joueurs expérimentés et jeunes talentueux. Au début du projet, même quand les résultats n’étaient pas bons, le Maestro a toujours gardé confiance en nous. La finale de la Copa America par exemple, c’est peut-être notre meilleur match à tous. Chacun faisait l’effort nécessaire pour que l’autre puisse faire la différence. Je crois qu’on peut encore progresser, mais nous sommes aujourd’hui arrivés à maturité.

Une maturité que vous avez montrée bien avant la finale de cette Copa America…

Contre l’Argentine, c’est vrai qu’on avait fait preuve de beaucoup d’aplomb. Pour être dans le dernier carré du tournoi, nous devions montrer ce dont nous étions capables. L’Argentine devait absolument gagner parce qu’elle était chez elle, mais nous, les Uruguayens, on aime ce genre de scénarios. Comme on dit chez nous, c’est quand les patates sont cuites que l’on montre vraiment ce qu’on a dans le ventre. Personnellement, j’ai beaucoup souffert contre l’Argentine, mais l’idée de perdre ne m’a jamais traversé l’esprit. Même avec un joueur en moins… Nous avions notre garra pour accomplir notre objectif. Franchement, j’avais l’impression qu’on était invincibles. C’est un sentiment qui est toujours présent aujourd’hui d’ailleurs. Mentalement, on est vraiment costauds.

Tu te rappelles de ce que tu faisais en 95?

Bien sûr. Quand ‘manteca’ Martinez met le dernier tir au but de la finale, c’est peut-être l’un de mes meilleurs souvenirs d’enfance. A un moment, j’ai pensé qu’on ne verrait plus l’Uruguay à pareille fête. C’est pour ça que je suis vraiment très heureux d’avoir contribué à remettre mon pays sur le chemin de la victoire en ayant marqué, en plus, un but lors de la finale. Ce genre de choses, ça n’a pas de prix. Gagner un titre avec son pays, c’est la plus belle chose qui puisse arriver à un footballeur. Je n’échangerais ça contre rien au monde.

Tu as réalisé un rêve d’enfant ?

Tu sais, je me suis déchiré pour devenir footballeur. Je n’avais pas beaucoup de talent alors j’ai dû me battre pour en arriver où j’en suis aujourd’hui. Alors, oui, on peut dire que j’ai réalisé un rêve d’enfant.

Tu aurais fait quoi si tu n’avais pas réussi dans le football ?

Aucune idée. Moi j’avais juste le football en point de mire… L’école, c’était vraiment pas mon truc. J’étais vraiment nul pour les études.

A part le football, tu pratiques d’autres sports ?

J’aime bien le basketball, mais je préfère le regarder à la télévision plutôt que d’y jouer. Sinon, il y a le ping-pong et là pour le coup, je me démerde plutôt bien.

Quels objectifs te fixes-tu avec la sélection uruguayenne dorénavant ?

J’aimerais jouer toutes les compétitions possibles avec l’Uruguay. La priorité, ce sont les éliminatoires pour le Mondial. Ce serait bien qu’on se qualifie directement et le plus rapidement possible… Mais mon grand rêve, ce serait de jouer les Jeux Olympiques. Ça ne dépend pas de moi, mais c’est vrai que j’aimerais bien pouvoir disputer une médaille. J’ai aussi de bons espoirs pour la Coupe des Confédérations en 2013. J’espère d’ici là qu’on aura su garder le même cap…

Video : Le quadruplé de Suarez face au Chili

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Propos recueillis par Jorge Lopez

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