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Luis Rubiales, discours de tréfonds

Par Anna Carreau
3 minutes

Attendu par toute la presse espagnole pour présenter sa démission ce vendredi, Luis Rubiales a décidé de se livrer à un discours revanchard, avec des excuses ponctuées de « pardon mais… » et de propos davantage dignes d’un candidat d’extrême droite que d’un président de fédération.

Luis Rubiales, discours de tréfonds

Le discours de Luis Rubiales devant l’Assemblée générale de la fédération espagnole était tellement convaincant que la justice espagnole a ouvert une enquête pour agression sexuelle dès ses derniers mots prononcés. Celui qui avait déjà osé embrasser de force Jenni Hermoso et se tenir les cojones aux côtés de la reine d’Espagne et sa fille a fini de creuser sa tombe dans un monologue lunaire, applaudi chaleureusement par tout le parterre de visages qu’on ne manquera pas d’oublier, dont Luis De La Fuente, sélectionneur de la Roja masculine, et son homologue chez les filles, Jorge Vilda. Attendu pour présenter sa démission, Luis Rubiales n’a offert que sexisme, misogynie, machisme, paternalisme, victimisation et cynisme, avant de brailler à qui veut l’entendre : « JE NE VAIS PAS DÉMISSIONNER, JE NE VAIS PAS DÉMISSIONNER, JE NE VAIS PAS DÉMISSIONNER. »

Faux féminisme, assassinat social et clientélisme

Cherchant à justifier ses gestes inexcusables, il empile les explications bancales. Les mains sur les couilles pour célébrer le titre ? Une dédicace à Jorge Vilda, qui venait de le remercier juste avant du soutien indéfectible que lui a toujours transmis son président. Couplé à un pleurnichage qui ferait presque oublier qui est la victime dans l’histoire : « Jorge, ils ont voulu te faire ce qu’ils m’ont fait. Un faux discours, essayer de le transformer en vérité. Nous avons beaucoup encaissé, mais nous sommes ensemble. » Le baiser forcé à Jenni Hermoso que la terre entière a vu ? Un geste consenti, comme ce qu’il aurait pu faire à ses filles. « C’était un baiser spontané, mutuel, euphorique et consensuel. C’est elle qui m’a pris dans les bras et m’a rapproché de son corps, assure-t-il avec l’aplomb d’un mec qui se fait gauler en soirée. Et je lui ai dit : “un smack?” et elle a dit “d’accord”. » Tellement d’accord que l’attaquante a immédiatement affirmé qu’elle n’avait « pas aimé » le geste de son boss, saisi le syndicat FUTPRO pour qu’il défende ses intérêts et refusé d’apparaître à ses côtés dans sa vidéo d’excuse, malgré les nombreuses pressions émises par lui et Jorge Vilda.

Le faux féminisme est un grand fléau dans ce pays.

Luis Rubiales

Prenant Le Loup de Wall Street comme modèle, il enchaîne : « Ils ne cherchent pas à rendre justice, ils exécutent un assassinat social contre moi. En tant qu’Espagnol, je pense que nous devons réfléchir à la direction que nous prenons. Le faux féminisme est un grand fléau dans ce pays. Mes filles, apprenez-la, c’est une leçon de vie. Vous êtes de vraies féministes, pas le faux féminisme que je vois en ce moment. » Luis Rubiales clame ensuite que lui aussi est champion du monde, qu’il y a certes les 23 joueuses sur le pré, mais aussi les hommes dans le staff et à la fédération. « Le meilleur du football espagnol est ici, dit-il en se tournant vers l’assemblée qui applaudit la moindre déclaration. C’est vous qui m’avez mis à la tête du football espagnol pendant cinq ans. Avant que j’arrive, le football était ruiné. » Abusant une fois de plus de sa position et de son pouvoir, l’homme qui vient de fêter ses 46 ans annonce qu’il prolonge Jorge Vilda, pourtant lui-même prêt à quitter son poste après le Mondial d’un accord tacite avec les joueuses, pour un contrat de quatre années supplémentaires jusqu’en 2027, où il sera payé 500 000 euros par saison. Un ultime cadeau à son ami, devant d’autres amis, applaudissant tels les musiciens du Titanic un président de fédération qui n’a plus rien de la stature qu’exige sa fonction. Sinon celle d’un promoteur de l’impunité et d’une société archaïque plus du tout en phase avec ce qu’est l’Espagne de 2023.

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Par Anna Carreau

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