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Luis Enrique et la Roma se sont manqués
Il était parti sous les hués des supporters de la Roma qu'il avait fréquenté lors de la saison 2011/12, lors du Trophée Gamper 2015, l'entraineur blaugrana retrouve son ancien club avec un triplé en poche. Qui l'aurait cru ?
À qui faut-il se fier ? Aux tifosi qui gardent globalement un mauvais souvenir de son passage dans la capitale, ou aux principaux intéressés qui ne cessent de se faire des mamours par voie de presse interposée ? « Ce sera un plaisir de retrouver notre ancien coach » a déclaré Totti. « Mon expérience romaine fut unique, je suis encore reconnaissant pour l’opportunité qui me fut offerte. Une année compliquée, mais positive » , rétorque Luis Enrique. Ce qui est certain, c’est que son expérience à la Roma n’a laissé personne indifférent. Ce qui l’est encore plus, c’est que personne, ni même lui, ne s’attendait à ce qu’il recroise son ancien club en étant détenteur de tous les titres possibles.
Bratislava Boy
Le regard de Totti vaut plus que mille paroles lorsqu’il voit le chiffre 10 affiché sur le panneau des changements. Déjà entré en jeu lors du dernier quart d’heure à l’aller, cette fois, le capitaine doit laisser sa place à la 76ème minute alors que La Roma ne mène que 1-0. Un score identique à la défaite du match aller en Slovaquie, et donc insuffisant pour se qualifier, tout juste bon pour les prolongations. Okaka entre en jeu, huit minutes plus tard, Stepanovsky égalise. 1-1, on en restera là, les giallorossi sont éliminés dès les préliminaires de l’Europa League par le modeste Slovan Bratislava. Voici l’entrée en matière de Luis Enrique à la Roma. Une contre-performance et une gestion initiale du Pupone qu’il trainera comme un boulet toute la saison et que les tifosi ne lui pardonneront jamais.
Le Gijonais fut le premier entraineur adoubé par les néo-propriétaires américains. C’est d’ailleurs l’émergent Vincenzo Montella qui en avait fait les frais. En pleine « Guardiolamania », le board avait été débaucher Luis Enrique chez l’équipe réserve du Barca qu’il venait virtuellement d’amener en Liga (3ème place de Liga Adelante). On avait appelé cette opération « Le projet » . Un titre qui sentait le mauvais block-buster à la française. Pas de Jean Reno, mais la volonté d’exporter puis d’implanter le jeu à la barcelonaise dans un contexte différent. Choix risqué quand on connait l’environnement romain qui ne pardonne pas le moindre faux-pas, surtout lorsqu’on débarque avec un salaire de deux millions d’euros, soit le deuxième plus gros de la Serie A à égalité avec Allegri et derrière Mazzarri. Un poil provoquant, non ?
Grosse fatigue
Huit mois plus tard, Luigi Enrico débutait son dernier entrainement en lisant une lettre d’adieu à ses joueurs, il officialisait son départ, prétextant un trop plein de fatigue accumulée. Entre temps, la Roma s’était faite sortir en quart de la Coupe d’Italie, finissait la saison à une anonyme 7ème place, loupant une qualification européenne pour la première fois depuis quatorze ans. « Les résultats comptent, mais pour moi ce ne fut pas une mauvaise saison. Cette équipe s’est nettement améliorée au niveau de l’investissement. » Ça, c’était ce qu’il avait raconté quelques heures plus tard en conférence de presse. Un discours qui a laissé évidemment les supporters indifférents : « Ils n’ont pas compris ce que j’ai fait, mais je pense avoir été honnête du début jusqu’à la fin. » C’est vrai, on ne peut pas lui enlever le fait d’avoir donné sa démission, s’asseyant sur sa deuxième année de contrat. Mais là encore, ce n’est pas le genre de choses qui émeut l’opinion publique.
Cette dernière retiendra une équipe déséquilibrée (64 buts inscrit pour 59 encaissés) et des idées très confuses puisque jamais il n’aura aligné la même formation deux fois d’affilée. Tactiquement sans identité, avec des expériences manquées – De Rossi défenseur central, Taddei et Perrotta arrières latéraux – et une tentative de greffe hispanique (José Angel, Bojan Krkic) totalement loupée. Stekelenburg, Kjaer, Gago furent d’autres échecs même si la responsabilité fut cependant partagée avec la cellule de recrutement. Bref, pas grand-chose de positif à conserver, tout juste un 4-0 contre l’Inter qui ne pèse pas lourd face aux deux défaites lors du derby et un 7-0 encaissé au Juventus Stadium en deux matchs. Trois ans plus tard, difficile de dire du bien du passage de Luis Enrique dans la Capitale. Malgré tout, en juin dernier, la Roma fut une des premières à se féliciter publiquement du triplé de l’Espagnol via Twitter, comme pour dire : « On avait quand même tapé dans le mile » , alors que ce fut juste une grosse erreur de casting.
Par Valentin Pauluzzi