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Lugano, le capitaine n’abandonne jamais
Arrivé en star au PSG, et désormais remplaçant des remplaçants, Diego Lugano continue de porter le brassard en Uruguay. Moins concurrencé avec la Celeste qu'au PSG, Lugano jouit surtout chez lui d'un statut de référent national.
Diego Lugano souffre. Mis de côté par Carlo Ancelotti, le capitaine de la Celeste voit aussi sa chère sélection décliner avec lui. Lors de ses deux derniers rendez-vous avec l’Uruguay, face à la Colombie et à l’Équateur, le rugueux défenseur central s’est révélé incapable de maintenir à flot la Celeste. Pire, il a participé activement aux contre-performances des siens. Face à la Colombie, son marquage trop lâche sur Falcao a contribué à l’ouverture du score prématurée des Cafeteros (3e). Même faux départ face à La Tri, où, en retard, il fauche Caicedo en pleine surface (7e), avant de contempler, impuissant, la transformation du pénalty. Malgré ces deux fautes individuelles, il serait toutefois injuste de faire peser sur les épaules du capitaine la responsabilité des inquiétants résultats des Charrua. Au-delà du cas Lugano, c’est tout l’Uruguay qui peine à trouver un second souffle, entre le vieillissement de certains de ses cadres (Godín, Forlán …) et la méforme d’autres (Pereira, Arévalo, voire Cavani).
Au « Paisito » , le petit nom affectueux de la nation aux 3,5 millions d’habitants, le capitaine est d’ailleurs loin d’être montré du doigt. Idolâtré pour ses qualités de meneur d’homme et son esprit de sacrifice, il semble disposer encore de quelques droits à l’erreur avant de voir sa position fragilisée. Lors du second acte, face à l’Équateur, le stade Centenario a d’ailleurs retrouvé par moment son irréprochable capitaine, tout en tacles rageurs et en harangues envers ses troupes. Si Lugano manque peut-être tout simplement de temps de jeu pour retrouver le niveau qui était le sien avant son arrivée au PSG, la grande estime que lui porte Óscar Tabárez semble le mettre à l’abri d’un soudain déclassement.
« Si ma situation au PSG devait avoir un impact sur mon statut en sélection, j’y repenserais »
« Lugano, en plus de ce qu’il apporte comme footballeur, a des qualités de leadership » , disait de lui El Maestro avant la Coupe du monde 2010. Il figure surtout le parfait relais de Tabárez sur le terrain. L’ex-instituteur apprécie les manières de cet ancien premier élève de sa classe, polyglotte – il maîtrise six langues – passionné sur le terrain, et modèle de comportement en dehors. Le genre à prendre par la main ses coéquipiers pour aller leur faire signer des autographes. Tabárez veut une sélection fidèle à sa traditionnelle garra, mais aussi responsable et généreuse. Lugano incarne ces valeurs, qu’il se trouve au sommet ou au creux de la vague.
Mardi soir, après la terne prestation livrée face à l’Équateur, l’ex-idole de Fenerbahçe et du São Paulo FC fut ainsi l’un des seuls membres de la Celeste à s’attarder devant les micros. « Je me sens mal, a-t-il déclaré, on a pris un point sur six, comment pourrais-je me sentir ? » Deux jours auparavant, dans une interview donnée à Ovacion, le défenseur faisait un point sur sa situation présente : « Je vis en France, je joue dans une grande équipe, mon salaire est élevé, donc je ne devrais pas m’en faire… Mais si ma situation au PSG devait avoir un impact sur mon statut en sélection, j’y repenserais, la Celeste est trop importante pour moi. » Le discours pouvait avoir les contours de celui d’un mercenaire, mais il transpirait surtout la conscience de son statut de privilégié et l’amour de sa sélection, de son pays. L’Uruguay, là où on ne jette pas aux ordures une carrière irréprochable pour quelques mois de méforme. Là où il ne fait pas face, non plus, à la concurrence de Thiago Silva, Alex et Sakho.
Par Thomas Goubin