- Ligue Europa
- Groupe A
- Liverpool / Udinese (2-3)
L’Udinese retourne Andfield et Liverpool
Dominateur, Liverpool a laissé filer plusieurs occasions de tuer un match qui lui était promis. C’était sans compter sur le froid réalisme italien. Au terme d’une folle seconde mi-temps, l’Udinese repart de chez les Reds le sourire aux lèvres.
Liverpool – Udinese : 2 – 3Buts : Shelvey (23e), Suarez (75e) pour Liverpool ; Di Natale (46e), Coates (CSC, 70e), Pasquale (72e)
En galère dans leur championnat respectif, Liverpool et l’Udinese doivent se servir de cette Ligue Europa pour respirer un coup. Les Reds l’ont bien compris. Sauf que la récompense ne les attendait pas au bout. En face, à part suffoquer, l’Udinese n’a pas brillé. Manque d’implication ? D’application ? C’est selon. Qu’à cela ne tienne, les hommes de Francesco Guidolin ont réalisé le braquage du soir. Avec une équipe bis (Gerrard, Suarez ou encore Sahin sont absents), Liverpool a fait le boulot en première mi-temps avant de subir la loi des contres italiens. L’Udinese n’a pas plaisanté : trois buts en trente minutes. On a retrouvé le réalisme italien.
Rouge sur blanc, tout fout le camp
Pleins de bonnes intentions, les Reds mettent de l’intensité d’entrée. Ce n’est pas très beau, ni talentueux – à l’image de ce qu’ils produisent en Premier League – mais les offensives ont le mérite d’exister. En face, l’Udinese n’est pas une équipe de peintres. Mais les hommes de Guidolin laissent faire. En attendant, sereinement. Les prises de risque se font rares. Seuls les coups de pied arrêtés font office d’animation. Dans leur cage, Pepe Reina et Zeljko Brkic repoussent de timides tentatives. L’ultra remuant Emmanuel Agyemang-Badu apporte de la percussion et du mouvement. Le tout restant stérile. Le Ghanéen a dû se sentir bien seul d’ailleurs. A peine aidé par Faraoni. Di Natale, quant à lui, ayant laissé sa grinta et son talent à la maison. Liverpool en profite pour se ragaillardir. Et ça paye. A force de maitriser le ballon, les coéquipiers de Jamie Carragher sont récompensés. Malgré son faciès de vieux briscard et son crâne lisse comme un fessier de bébé, Jonjo Shelvey n’a que 20 ans. Pourtant, c’est lui qui impulse chaque attaque. Il ouvre le score d’un coup de casque sur un centre de Stewart Downing. Après ses deux buts face aux Young Boys Berne, le jeune Anglais revêt de plus en plus des airs de leader technique. Tant mieux. L’équipe de Brendan Rogers en manque cruellement.
La réponse des joueurs du Frioul ? Inexistante. Pas plus bouleversés que ça d’être menés, ils laissent Oussama Assaidi et Downing poncer les ailes puis repiquer dans l’axe. Liverpool se prend même à développer du jeu. Un comble. Le pressing est si faible que Carragher se permet des relances coquines. Reina, lui, aurait même eu le temps de tailler le bout de gras avec les fans postés derrière sa cage. A part donner le minimum syndical défensivement, les Bianconeri roupillent dès qu’ils sont en possession de la balle. Liverpool n’en demandait pas tant.
Liverpool tend l’autre joue
Au retour des vestiaires, les pensionnaires d’Andfield devaient s’attendre à gérer « à l’italienne » ce second acte. Trop présomptueux. En trente-cinq secondes, Di Natale se rappelle que son équipe a besoin de lui. Servi par Lazzari, l’homme aux 155 buts en Serie A douche l’ambiance en égalisant. Le coup derrière la nuque est difficile à digérer pour les Reds. Auteurs d’un bon match, un tel scenario est dur pour des têtes déjà bien amochées. Dans l’obligation de pousser, les joueurs de Liverpool repartent de plus belle. Le public commence tout de même à flipper un peu à l’heure de jeu. Cela tombe « bien » . C’est le moment choisi par Rogers pour lancer ses deux superstars Steven Gerrard et Luis Suarez. Grâce à eux, la maitrise du jeu bascule encore un peu plus du côté rouge. Cependant, l’impensable se produit. Prise à la gorge, l’Udinese place un blitz monumental. Et prend deux buts d’avance eu deux minutes, rien que ça. D’abord par Coates, qui inscrit l’un des plus beaux CSC de la saison en trompant Reina de la tête. Puis par Pasquale, d’une frappe lointaine, bien servi par Di Natale. Liverpool peut se sentir flouer, mais n’abandonne pas pour autant. Trois minutes plus tard, Gerrard laisse étonnamment le soin à Suarez de tirer un coup franc bien placé. L’Uruguayen trouve la lucarne pour recoller à 2-3. La rencontre prend des airs de match de coupe tant les deux équipes sont fébriles derrière. Une bouillie de football s’ensuit. Deux-trois frayeurs plus tard dans la surface italienne, le glas des espoirs anglais sonne. Une défaite d’autant plus rageante qu’elle n’est le résultat que de contres rondement menés et conclus par l’Udinese. Quand ça ne veut pas…
Pierre Girard