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«L’Udinese a changé de dimension»
Valerio Bertotto, 38 ans, est le joueur le plus capé de l'histoire de l'Udinese, dont il a porté 355 fois le maillot entre 1993 et 2006. Aujourd'hui retraité, l'ancien capitaine emblématique analyse l'incroyable saison de son club de cœur.
Comment expliquez-vous le succès actuel de l’Udinese ?
L’Udinese est l’un des clubs les mieux organisés d’Italie. Le propriétaire, la famille Pozzo, est la même depuis longtemps, le staff des dirigeants aussi, et on laisse le temps aux entraîneurs de travailler et aux joueurs de progresser. A terme, ce sont des choses qui finissent par payer. Parce qu’il ne faut pas oublier que ce qui se passe aujourd’hui vient de loin. Selon moi, c’est durant la période où Alberto Zaccheroni était entraîneur (1995-98, ndlr) que l’Udinese a changé de dimension. C’est lui le premier qui a joué avec trois défenseurs, une tactique peu utilisée en Italie mais qui perdure aujourd’hui encore, même s’il y a eu des périodes où le module a changé. C’est aussi sous sa direction que nous nous sommes qualifiés pour la Coupe UEFA puis la Ligue des Champions. Avant les années 90, lorsque vous parliez de la ville d’Udine à l’étranger, les gens vous disaient : « C’est près de Venise, non? » . Aujourd’hui, ils savent où c’est. Je me dis que c’est un peu grâce à nous. Nous avons réussi à devenir l’équipe d’une région, et pas seulement d’une ville.
Qu’est-ce que vous pensez de l’équipe actuelle ?
En plus de cette organisation sérieuse, il y a le talent. Parce que vous pouvez avoir le plus bel organigramme et le plus beau bus du monde, si vous n’avez pas de talent, vous n’irez pas loin. Cette année, il y a Sanchez, Di Natale et Inler, qui font une saison extraordinaire. Et Guidolin, un entraîneur qui sait ce qu’est le métier d’entraîneur, qui a déjà fait ses preuves et qui s’occupe avant du tout du terrain.
Le président du club a dit qu’il s’agissait de la meilleure Udinese de l’histoire. Vous êtes d’accord ?
L’équipe de cette saison est très forte, mais attendons avant de faire les classements. A mon époque, nous nous étions qualifiés pour la Ligue des Champions. S’ils y parviennent cette année, on pourra commencer les comparaisons.
Quelle image a l’Udinese en Italie ?
Sa cote de sympathie est assez grande, pour une raison très simple : il s’agit d’une petite équipe de province qui parvient régulièrement à se mêler à la lutte pour les premières places. Les gens aiment bien ce genre d’histoires. Et puis, c’est aussi une bonne publicité pour le football, car les supporters ici sont plutôt éduqués. Ils viennent au stade en nombre, mais ne sont jamais impliqués dans des bagarres, des insultes ou d’autres types d’incidents de ce genre. Enfin, je crois que les gens aiment bien le fait que les joueurs restent longtemps dans ce club, une chose devenue rare dans le football. Par exemple, le fait que Di Natale ait refusé d’aller à la Juventus cet été a plu. Moi aussi, j’avais fait le même choix à mon époque. A un moment, j’aurais peut-être pu signer au Milan ou à la Juve. Mais j’étais bien ici, comme Di Natale est bien, alors je suis resté.
L’Udinese peut-elle se mêler à la lutte pour le scudetto ?
Le scudetto, non, non. Il ne faut pas voir trop loin non plus. Mais je crois que l’équipe a une bonne chance de se qualifier pour la Ligue des Champions. Elle risque d’être en concurrence avec la Lazio pour la quatrième place. Et selon moi, elle a un avantage de poids : c’est que l’équipe joue à Udine, et non à Rome. A Udine, il y a plus de sérénité, alors qu’à Rome, au moindre dérapage de l’équipe, cela peut vite devenir très compliqué.
Propos recueillis par Stéphane Régy
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