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Lucho business

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Lucho business

Avec quelques absences majeures en attaque à l'heure de clasher Manchester United, Marseille compte plus que jamais sur son meneur argentin. Dont on cherche encore à mesurer exactement la valeur.

Lucho Gonzalez reste une énigme. Car en bon Argentin, le gaillard donne dans le contrepied. Quelque soit le bout par lequel on prenne le cas Lucho, on peine à trouver de vraies certitudes. Plutôt des pistes. Et à quelques heures de retrouver Manchester United en huitième de finale de Ligue des Champions, Marseille prie pour que son milieu albiceleste élève enfin son niveau de jeu cette saison pour combler le forfait d’André-Pierre Gignac assorti d’une probable absence de Mathieu Valbuena, sans doute encore un peu juste. Le hic, c’est que l’on ne sait pas vraiment qui est Lucho. Un chef d’orchestre qui donne le tempo de son équipe ? Une individualité capable de débloquer des situations sur son seul talent ? L’extra essentiel dans une formation qui tourne déjà bien ?

Il a besoin des autres

Avant son arrivée, l’OM voyait en sa recrue phare un véritable dépositaire du jeu. Technique sobre mais efficace, vision du jeu, sens tactique et justesse dans l’exécution de la passe (car il ne s’agit pas que d’avoir une bonne vue pour être un bon meneur). C’est vrai, au premier abord, Lucho a tous les atouts pour tenir la baguette et dicter le jeu. Sauf que… ben sauf que l’affaire n’est pas aussi simple. L’an passé, plusieurs mois durant, l’ancien milieu de Porto n’a absolument pas éclairé le jeu olympien. La faute à un petit retard dans sa préparation, c’est vrai, et probablement aussi à un certain temps d’acclimatation au Championnat de France. Rien à redire. Mais à bien y regarder, c’est tout l’Olympique de Marseille qui tournait au ralenti, sans idée directrice au niveau de la création. Et à ce moment-là, on a commencé à comprendre : et si Lucho ne faisait pas partie de cette gamme de joueurs qui, à eux seuls, métamorphosent sensiblement l’expression d’une équipe ? D’ailleurs, comme un fait exprès, quand en seconde partie de saison, Valbuena et ses potes ont commencé à trouver leurs marques devant, le joueur formé à Huracan s’est plus facilement mis en évidence. Joueur plutôt lent, pas forcément hyper habile dans les petits espaces (comme pouvait l’être un Zinedine Zidane, une autre tortue certes, mais à la virtuosité technique vertigineuse sur quelques pas), l’international argentin a besoin, plus que d’autres peut-être, qu’autour les courses soient bonnes. Résultat : un titre honorifique de meilleur passeur de Ligue 1 (12) assorti de cinq pions qui vont bien pour dire son influence sur le jeu olympien.

Davantage buteur en C1

Donc Lucho, ce serait ça : la valeur ajoutée dans une escouade déjà bonne. Mais là encore, l’international argentin nous perturbe dans cette conclusion un peu hâtive. Car à bien y regarder, en Ligue des Champions, le bonhomme est bien plus buteur que passeur, ce qui ne manque pas de surprendre à la lecture des caractéristiques vues plus haut. Et pourtant, sur près de quarante matches de C1 (39 précisément), Lucho a trouvé treize fois la cible : faites le compte, un but tous les trois matches, ce qui constitue une très bonne stat pour un milieu, davantage relayeur que pur dix qui plus est. Un chiffre qui prend tout son relief quand on découvre que le maître de la passe n’a dispensé que quatre assists dans cette compétition. Surprenant ? Un peu mais pas tant que ça. On l’a dit, Lucho donne sa pleine mesure quand son équipe a déjà la main sur le jeu. Or, que ce soit avec Porto ou avec Marseille, El Comandante a évolué dans deux écuries dominatrices sur le plan national mais à la valeur très relative en C1 (on parle du Porto post-2004). Et du coup, retour au postulat de départ : quand son équipe n’a pas la mainmise sur l’adversaire, Lucho ne peut pas faire le jeu. Et l’ancien de River Plate de s’en remettre alors à son flair, à son sens du deuxième ballon, pour compenser son influence collective amoindrie.

Résultat : plutôt passeur quand son équipe domine, davantage buteur quand les siens sont sous pression. Bon partout, excellent nulle part, le coup du verre à moitié plein ou à moitié vide. Classique. Et deux façons de voir les choses, quelque part entre celle d’un ex-international français lâchant en off « S’il était si fort, il ne serait pas à Marseille mais à Lyon » , et celle de tout l’OM qui se dit que, n’empêche, qu’est-ce que ça fait du bien d’avoir Lucho dans ses rangs.

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