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Luccin : « Tu ressens plus la pression à Marseille »

Propos recueillis par Swann Borsellino
Luccin : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Tu ressens plus la pression à Marseille<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Expatrié depuis son plus jeune âge, Peter Luccin restera toujours comme l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération. Aujourd’hui milieu de terrain du club suisse de Lausanne, l’ancien du PSG et de l’OM se confie avant un clasico qu’il connaît par coeur.

Peter, ça fait un petit moment qu’on n’entend plus parler de toi. Comment vas-tu depuis le temps ?
Tout va bien, je suis là, en Suisse, depuis le mois d’octobre. Je m’attèle à notre tâche principale, qui est d’essayer de sortir de cette zone compliquée dans laquelle nous sommes avec Lausanne. Mais si je devais te résumer mon état d’esprit du moment en trois mots, je dirais : tout va bien.

Après une longue carrière en Espagne, tu débarques en Suisse. Le changement n’est pas trop dur ?

Honnêtement, c’est un magnifique pays, avec une qualité de vie qui est très bonne. Les gens sont très chaleureux, très cools. C’est une autre vie. Moi je suis resté longtemps en Espagne, c’est très différent d’ici, mais j’aime les deux. Je vis quand même dans un pays où le hockey sur glace passe parfois avant le football ! La vie est très tranquille, très paisible ici. Et ce n’est vraiment pas désagréable.

Justement, tu as pas mal vadrouillé en Espagne. Quels souvenirs en gardes-tu ?
J’en garde un excellent souvenir. Ca a été mes plus belles années de footballeur. Dix ans en Espagne, à jouer dans des équipes au plus haut niveau. C’est là-bas que je me suis éclaté à 200%. Après, Marseille, je me suis éclaté pendant une année, pareil à Bordeaux et un peu moins à Paris, parce que ça a été assez difficile. Mais vraiment, en Espagne, j’ai pris beaucoup de plaisir. J’ai évolué à mon niveau.

On peut dire que tu es devenu un homme là-bas…
C’est clair. J’y suis arrivé à l’âge de 20 ans. Et je vais te dire si je suis devenu un homme en Espagne, c’est aussi parce que mes trois enfants y sont nés. On est resté vivre là-bas, les petits parlent les deux langues, mais maîtrisent peut-être mieux l’espagnol que le français. Tout le monde s’y sent bien, et c’est pour toutes ces raisons qu’aujourd’hui, nous vivons là-bas.

Tu resteras donc vivre en Espagne quand viendront tes vieux jours ?

On a quand même quelque chose sur Marseille, car on a toute notre famille là-bas. Moi j’ai ma mère, mon père et mes frères qui y sont. Ca fait beaucoup de monde. On passe nos vacances là-bas. Sinon, le reste du temps, on le passe en Espagne. Si c’est parce que c’est moins cher ? Non ! C’est parce que nous, on a construit notre histoire là-bas. Mes enfants, pour eux, c’est chez eux, ils y ont grandi.

Tu suis quand même le football français ?
Oui, ça je ne lâche pas ! Je ne vais pas te mentir et te dire que je suis tous les matchs de football français, mais tout ce qui est résumés de matchs et résultats, je suis au courant de tout. Après, il y a quelques équipes comme Marseille, Lyon ou Paris qui sont plus facile à voir car elles sont souvent télévisées. Ca me permet de rester à la page !

On dit souvent de toi que tu aurais pu faire une meilleure carrière. Tu répondrais quoi aux gens qui disent que tu es un talent gâché ?
Je répondrais simplement en disant qu’ils ont peut-être raison. Mais après, le problème est un peu plus profond et complexe que dire « Peter Luccin aurait pu faire une meilleure carrière » . Ce que je voudrais souligner, c’est que lorsque je suis parti en Espagne, j’ai quand même duré là-bas. J’ai passé dix ans à jouer dans les meilleures équipes espagnoles, même si ce n’était pas le Barça ou le Real. Je dirais que le fait que la plupart de mes matchs n’étaient pas retransmis en France a contribué au fait que les gens m’ont perdu de vue. Je pense que le fait de ne pas avoir eu de carrière internationale pousse les gens à dire que j’aurais pu faire mieux.

Tu penses qu’en Espagne, les gens pensent différemment ?
Je pense. Car au final, je ne suis resté que quatre ans en France. J’étais très jeune, j’étais immature, sur certaines choses en tout cas. J’ai pu commettre des erreurs. On ne m’a pas vu dans ma pleine mesure. Moi, aujourd’hui, je comprends tout à fait que des personnes en France puisse penser de moi que je ne suis pas un joueur accompli. C’est normal.

Marseillais de naissance, tu as joué deux saisons sous le maillot de l’OM. Tu en gardes de bons souvenirs ?
Oui. Surtout la première année, quand j’ai évolué au sein de ce que j’appellerais « l’équipe Laurent Blanc » . On a fait une super saison en championnat, on fait une finale de coupe d’Europe. J’en garde un excellent souvenir, car on gagnait beaucoup de match et on produisait du beau jeu. Il y avait des grands joueurs comme Blanc, Pirès, Dugarry, Gallas, Maurice. C’était vraiment une belle équipe. C’est surtout de cette année là que je garde un bon souvenir. L’année suivante a été assez difficile. Elle avait mal commencé avec le départ de Laurent Blanc, qui avait été très mal digéré par toute l’équipe. Blanc, c’était vraiment le patron, on savait qu’on pouvait se reposer sur lui, et le fait qu’il soit parti, ça a tout chamboulé. Ca laissait présager la mauvaise saison que l’on a eu, lors de laquelle nous nous sommes sauvés in extremis, grâce à un but important de Jérôme Leroy contre Sedan.

Donc Laurent Blanc entraîneur, c’est une chose logique pour toi ?

C’est plus que logique. C’est super logique ! Ca coule de source qu’il soit entraîneur. Il était déjà comme ça en joueur. Même s’il a une approche différente du football de Didier Deschamps, et je dis ça en ne connaissant pas personnellement Didier Deschamps. On connaît le caractère des deux joueurs. Deschamps l’aboyeur et Blanc la force tranquille. Il a cette facilité à être écouté qui fait de lui un sélectionneur et un entraîneur légitime aujourd’hui.

Quels souvenirs t’a laissé ton passage à Paris ?

Honnêtement, j’en garde un super souvenir. Même si à chaque fois que je reviens à Marseille, mes potes me posent la question, moi, que ce soit aujourd’hui ou à mes 80 ans, si je vis jusqu’à là, je dirai la même chose : je suis content d’avoir pris cette décision là car j’avais besoin d’un nouvel élan dans ma carrière. Il faut bien savoir qu’à ce moment là, les dirigeants olympiens annonçaient trois saisons de transition, et que moi, je voulais essayer de progresser. Le projet de Paris m’a séduit. On a eu cinq bons mois, avec le match contre Rosenborg. Et puis même, la vie à Paris, c’est top. Ma femme et moi étions comme des poissons dans l’eau là-bas.

Donc pour toi, être Marseillais et supporteur de l’OM ne doit pas empêcher de jouer pour l’ennemi parisien ?

Pour moi, rien n’est impossible. Ca doit dépendre du caractère des joueurs. Le football reste le football. Il y a beaucoup d’engouement autour de ce match, bien sûr, notamment à Marseille, mais pour moi, le plus important, c’est de jouer au football. Je suis un passionné de football. Pour moi, en tant qu’amoureux du football, il n’existe pas de frontières. Même si je jouais à Milan et qu’on me proposait quelque chose d’intéressant à l’Inter, je pourrais réfléchir. Il y a déjà assez de problèmes dans le monde pour qu’on se mette à réfléchir pour des choses comme ça. Après, j’accepte qu’on ne conçoive pas les choses comme moi, mais de toi à moi, aujourd’hui, je ne regrette rien.

Tu as vécu le clasico des deux côtés. Qu’est ce qui fait de ce match un moment si particulier ?

C’est particulier parce que l’on sait que dès que le calendrier sort en début de saison, supporters et joueurs regardent la même chose : la double confrontation contre le Paris Saint-Germain ou l’OM. C’est quelque chose de médiatiquement très fort qui, depuis l’époque Tapie, est un des grands trucs du football français. C’est le match le plus important. Beaucoup de personnes se demandent à partir de quand les joueurs rentrent dans leur clasico, moi je dirais qu’à une semaine du match, tu commences à y penser vraiment. En début de semaine, tu as une bonne pression, une pression saine. C’est le genre de match que l’on veut jouer, lors desquels tu veux te montrer. Tu sais que tout le monde regarde le match, tu dois briller, individuellement et collectivement.

Dans quelle ville sens-tu que le match est plus important de dans l’autre ?

Sans manquer de respect aux supporters parisiens, c’est à Marseille que tu ressens plus la pression. A Marseille c’est autre chose. Paris, la ville est tellement grande qu’il y a des gens qui s’en foutent, d’autres qui supportent l’OM, et une partie qui, quand même, est bien concernée. A Paris, les gens ont d’autres centres d’intérêts que le foot, type l’art ou la mode. A Marseille, le football est une vraie religion.

La différence, c’est aussi que l’on trouve beaucoup de supporters de l’OM à Paris…
Ca c’est clair. Je me souviens que quand je suis arrivé à Paris, j’ai été accueilli par des jeunes qui étaient content de me voir car ils aimaient l’OM. A Marseille, c’est très, très, très rare que tu croises quelqu’un dans la rue avec le maillot de Paris. C’est même impossible.

L’OM vit une série noire de dix matchs sans victoire. Tu en penses quoi ?
Ca doit être difficile par rapport à la comparaison avec les dernières saisons, lors desquelles ils ont ramassé beaucoup de titre. Mais il faut savoir que Marseille est une équipe très physique et que lorsque tu joues autant de matchs, avec autant de pression et autant de blessés, sur des joueurs pour lesquels l’impact physique est important, il y a forcément un moment où ça pêche. Tandis que quand ton équipe s’appuie plus sur l’aspect technique du jeu, ça peut être différent. Je ne dis pas que l’équipe de l’OM ne contient pas de techniciens, hein, mais que leur jeu est avant tout basé sur le physique.
Et que penses-tu de ce nouveau PSG ?
C’est un PSG différent. Je trouve qu’ils manquent un peu de fond de jeu. S’ils sont champions cette saison, c’est grâce aux coups d’éclats d’individualités. Ils arrivent à faire la différence. Mais ça manque de liant.
Pour finir, un petit pronostic pour ce soir ?
Je vois bien un 1-2. Tranquille.

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Propos recueillis par Swann Borsellino

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