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Lucas, sans faire de bruit
Pas vraiment titulaire ni franchement remplaçant, pas excellent ni totalement décevant, Lucas Moura continue pourtant son bonhomme de chemin. Dans le plus grand silence, il réalise même sa meilleure saison à Paris.
Hatem Ben Arfa et son chef-d’œuvre. Hatem Ben Arfa a marqué deux fois et réalisé une passe décisive. Hatem Ben Arfa a sorti son match de l’année. Enfin le vrai Hatem Ben Arfa ! Faut-il compter sur un retour en fanfare d’Hatem Ben Arfa ? Après la victoire 4-0 du Paris Saint-Germain face à Avranches en quart de finale de la Coupe de France, il n’y en a eu que pour Hatem Ben Arfa. Pourtant, un autre homme s’est distingué : Lucas Moura. Auteur d’un but et de deux passes décisives pour le Français, le Brésilien a fait plus que le taf. Comme souvent face aux équipes de second rang. Mais cette prestation réussie n’est pas si anecdotique que ça. Car loin des vidéos réclamant un nouveau statut, loin des interviews évoquant un futur proche, loin des Une de journaux, Lucas effectue sa meilleure saison au sein du club de la capitale.
Déjà 16 buts, soit trois de plus que la saison passée
Suffit de jeter un coup d’œil sur les statistiques pour s’en persuader. Niveau temps de jeu d’abord, celui qui est arrivé en France en janvier 2013 et qui a profité du repositionnement d’Edinson Cavani en pointe pour choper le couloir droit l’été dernier n’avait jamais autant joué en Ligue des champions (512 minutes contre 507 en 2014-2015). Idem en championnat, où il n’est qu’à une titularisation de son record de 2015-2016. Les buts, ensuite : avec seize pions toutes compétitions confondues, le Sud-Américain a déjà explosé son meilleur total (treize la saison dernière) et a doublé celui d’il y a deux ans alors qu’il a disputé autant de rencontres. Concernant les passes dé’, il s’aligne sur ses performances récentes (neuf en 2014-2015, huit en 2015-2016, huit cette saison), mais reste loin de son bilan de 2013-2014 (quinze). Signe que le jeune homme qui aimantait les critiques sur son rendement a progressé devant les cages, quitte à devenir plus égoïste.
Cependant, ces chiffres ne convainquent pas totalement. Oui, Lucas est toujours plus décisif, toujours plus efficace (un but toutes les 193 minutes contre 1195 durant ses premiers mois, ou contre 247 l’an dernier), mais il y a une chose qui pousse les fans du PSG à émettre régulièrement des réserves sur le joueur de 24 ans : sa capacité à exister lors des gros rendez-vous. Un gros problème quand on sait que l’ambition numéro un de Paris reste évidemment la C1. Les comparaisons avec Ángel Di María et Julian Draxler confirment ce constat : lors du match aller contre Barcelone, le premier a par exemple rappelé qu’il pouvait sortir une énorme partition contre n’importe qui, pendant que le deuxième montrait lui aussi une faculté à supporter la pression en trouvant très rapidement le chemin des filets contre les Catalans, Lyon ou l’Olympique de Marseille.
Un style indispensable dans l’effectif
Mais peut-on vraiment adresser des reproches au natif de São Paulo ? Présenté comme un futur Ballon d’or au moment de son transfert à quarante millions d’euros, Lucas n’a jamais revendiqué quoi que ce soit. Pas plus qu’il se plaint lorsqu’il assoit son fessier sur le banc. Toujours souriant en dépit des critiques faciles qui s’abattent sur sa tronche, Rodrigues Moura da Silva, de son nom complet, sait pertinemment qu’il est très loin du niveau de Neymar, à qui on l’a trop comparé à ses débuts. Mais sait aussi qu’il n’est pas inutile pour autant. Certes, le PSG ne doit pas compter sur lui pour être le facteur X d’une victoire finale en LDC (le retour au Camp Nou l’a plus ou moins prouvé), mais il peut au moins se satisfaire de posséder un mec répondant présent face aux petits. Et même Paris a besoin de ce genre de soldats qui participe à la bonne vie du groupe tout en acceptant de défier Avranches avec sérieux avant de passer le relais quand un gros bras européen s’avance.
« Il offre des options côté droit, il peut centrer, pour arriver à rentrer dans la surface, avec la motivation pour marquer des buts. Je crois qu’il a la capacité de marquer. Nous avons besoin de joueurs qui rentrent dans la surface, qui marquent. Il a montré qu’il avait des qualités et qu’il aidait beaucoup l’équipe » , avait noté Unai Emery après la victoire de ses hommes contre Lille en février sur un but vainqueur de l’attaquant. Parce que l’entraîneur est parfaitement conscient de l’importance d’un Lucas dans un effectif. Et si ce dernier a d’ores et déjà été placé, selon RMC, dans la catégorie des partants durant le prochain mercato (en compagnie de Blaise Matuidi, Grzegorz Krychowiak et Ben Arfa), il faudra trouver un profil équivalent. Tant dans l’apport sur les terrains de Ligue 1 que dans le comportement sur les bancs de C1.
Par Florian Cadu