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Lucas Perri, la doublure qui peut faire suer Anthony Lopes
Arrivé cet hiver en provenance de Botafogo, Lucas Perri est déjà entré dans le cœur des supporters lyonnais en seulement deux matchs de Coupe de France. De quoi faire trembler Anthony Lopes sur ses appuis ? Réponse la saison prochaine... avec un titre glané entre-temps ?
Qu’on l’aime ou pas, la culture de l’instant est bel et bien ancrée dans les mœurs. Du côté de Lyon, elle se manifeste par la prestation pleine de sang-froid de Lucas Perri, ce mardi soir face à Strasbourg en Coupe de France. Après 90 minutes tranquilles, sur lesquelles il n’a eu qu’une seule parade à faire (sur une frappe de Dilane Bakwa à la 77e, c’est dire…), le natif de Campinas, dans l’État de São Paulo, a prouvé que ses sautillements à répétition n’étaient pas inutiles : chauffé à blanc lors de la séance de tirs au but, il écarte la tentative de Thomas Delaine de sa main ferme, avant d’en prendre trois, puis de terminer en levant les yeux au ciel pour admirer celle de son quasi-homonyme Lucas Perrin s’envoler dans le ciel de Décines-Charpieu. Et voilà comment Lyon s’est qualifié pour les demies de la plus belle des compétitions, réussissant presque à faire oublier son début de saison catastrophique. Mais la culture de l’instant peut parfois s’avérer utile pour penser à plus long terme : après sa deuxième titularisation en Coupe de France, Lucas Perri, 26 ans, 1,96m pour 98 kg, a fait montre d’un potentiel pour s’inscrire dans la durée avec les Gones.
Gueule d’ange et main très ferme
Pourtant, le coup de cœur était loin d’être évident : lorsqu’il est recruté au mercato hivernal, le numéro trois dans la hiérarchie des portiers de la sélection brésilienne sort d’une saison pleine, mais mi-figue mi-raisin avec Botafogo, autre club membre de la galaxie Textor. Jugez plutôt : 38 matchs disputés, 16 clean sheets et… 36 buts encaissés. Des stats qui ne permettent pas de se faire un avis définitif, mais Perri compense avec son arme secrète : sa paire de mimines. De quoi rappeler qu’à une époque où la qualité principale du gardien de but moderne est sa capacité à se servir correctement de ses pieds, l’adage « jeu de mains, jeu de gardien » n’est pas encore tout à fait has-been. Lucas Perri ne s’est pas contenté de le prouver face à Strasbourg. Mi-juillet 2023, à l’occasion d’une victoire (2-0) contre le Red Bull Bragantino, il s’est illustré en sortant son geste signature : un dégagement du poing droit surpuissant, à la manière d’un service de volley, capable de filer jusqu’à la ligne médiane. Ce n’était pas une première, mais la confirmation que ce type de relance n’est pas qu’un geste de clown qui veut faire le malin à l’entraînement.
Após zerar o mundo do futebol, o Lucas Perri resolveu começar a jogar vôlei! 🏐 #Brasileirão2023 pic.twitter.com/R4Ch6O4H2X
— TNT Sports BR (@TNTSportsBR) July 16, 2023
Anthony Lopes est prévenu : s’il est assuré de garder les bois des Gones en championnat jusqu’à la fin de la saison, il est mathématiquement fort peu probable que l’OL effectue une remontada jusqu’à décrocher l’Hexagoal. En revanche, il ne reste que deux marches aux hommes de Pierre Sage pour potentiellement soulever la Coupe de France, un an après avoir échoué aux portes de la finale face au FC Nantes. Ce serait alors le premier trophée ramené sur les bords du Rhône depuis le Trophée des champions 2012 et nul doute que le nom de Lucas Perri y serait directement associé. 2012, c’est aussi l’année lors de laquelle Anthony Lopes est arrivé dans le groupe lyonnais, devenant indéboulonnable à son poste la saison suivante, écœurant tous les candidats (Mathieu Gorgelin, Ciprian Tătăruşanu, Julian Pollersbeck ou encore Rémy Riou) venus lui souffler sur la nuque. Mais au bout d’une décennie sans titre, l’équipe masculine de l’OL est en train d’opérer sa mue, à défaut d’une révolution copernicienne. Quitte à trancher dans le vif en bousculant une hiérarchie bien établie. Et si la saison en cours se conclut par une qualification européenne miraculeuse, on pourra alors fortement parier qu’il y aura aussi Perri en la demeure.
Par Julien Duez