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Lucas Paqueta, la faute et le goût
Coupable d'une main provoquant l'égalisation marseillaise sur penalty, puis d'une semelle synonyme d'expulsion, Lucas Paquetá peut regretter d'avoir miné la domination lyonnaise, mais aussi d'avoir mis fin au spectacle qu'il proposait jusqu'alors.
Daft ou pas, c’était une soirée à danser le funk. Une soirée où Lucas Paquetá s’est mis à virevolter entre les lignes marseillaises, à marquer les temps du talon et à faire péter les paillettes. Mais pour le Brésilien, elle s’est achevée à la 70e minute en faisant péter la cheville de Payet. Second carton jaune et donc retour anticipé aux vestiaires. Contrairement à trois des cinq derniers matchs où l’ancien du Milan a trouvé le chemin des filets, il n’y aura donc pas de choré pour célébrer une action décisive, même si celle qu’il a créée sur l’ouverture du score de Karl Toko Ekambi, ce centre qu’a laissé couler Houssem Aouar, aurait pu le mériter. Le problème, c’est qu’entre un début de récital canon et son expulsion, Lucas Paquetá a trébuché. En contrant du bras la frappe de Pape Gueye, le milieu de terrain lyonnais a offert juste avant la mi-temps un penalty à un OM qui avait besoin de ce genre de coup de main pour ne pas couler. Sortir les abdos pour montrer que le ballon a d’abord rougi ses côtes n’aura en rien impressionné M. Millot, qui opposera aux biscotos une première biscotte au goût de double peine.
Paquetá, ma che bella
Alors oui, après ce match nul (1-1), les Lyonnais peuvent crier à l’injustice. Leur directeur sportif Juninho n’a d’ailleurs pas attendu qu’on lui en donne le feu vert. « Je sais qu’il ne faut pas parler de l’arbitrage, pourtant, ce soir, ça touche la main de Paquetá, mais ça touche le ventre d’abord. Tu ne peux pas donner le jaune en plus, enrageait le directeur sportif au micro de Canal+. Après, on a tous vu la main de Nagatomo… C’est l’arbitre qui décide de la rencontre. » C’est son point de vue. Mais si les Lyonnais doivent crier à l’injustice, c’est surtout parce qu’avec ces deux fautes de jeu, c’est une des meilleures prestations de Lucas Paquetá qui a été écourtée. À la récupération, à la conservation, à l’orientation, le garçon de 23 ans a prouvé pourquoi l’Olympique lyonnais a consenti à débourser 20 millions d’euros pour relancer ce joyau. En témoignent ses 89% de passes réussies, dont une décisive, mais aussi ses 8 duels gagnés sur 11 joués dimanche au Vélodrome.
L’occasion de voir que, même si ses dernières sorties ont été moins éblouissantes que ses premiers pas en France, le Carioca s’impose par le jeu, mais aussi par l’effort. Débarqué fin septembre entre Rhône et Saône, il avait impressionné par son volume, alors qu’on l’attendait plus dans un registre de meneur. « Le style Paquetá, c’est un mélange de combat pour récupérer le ballon et de joie pour jouer avec », résume-t-il dans une interview à L’Équipe. Lui, l’ancien gringalet (1,53m à 15 ans) a aujourd’hui les armes physiques pour donner corps à cette mentalité : « Dans ma vie, j’ai toujours été quelqu’un qui aimait vaincre, tout le temps. Donc je pense que j’avais déjà cette volonté de guerrier en moi. De toute façon, ça ne peut pas s’acquérir. La culture de Flamengo m’a simplement aidé à le développer. Et c’est ce que j’essaye d’apporter à l’OL. » La prochaine fois, ce sera pendant 90 minutes, et la seule occasion de soulever le maillot sera au moment d’exulter après un but.
Par Mathieu Rollinger