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Lucas Moura : « Ce soir, c’est le moment de tout lâcher »
Ce mardi soir, Paris affronte Barcelone. Mais c'est aussi le jour de la Saint-Valentin... Heureux en amour, Lucas Moura est l'homme idoine pour évoquer les deux sujets. Le Brésilien accueille chez lui, à Neuilly, pour parler mariage, comédies romantiques et Ligue des champions.
Salut Lucas. Comment s’annonce le match de ce soir face à Barcelone ?C’est le choc. Le match que tout le monde attend, face à une grande équipe. Contre Barcelone. Contre Messi. Le genre de matchs que tous les joueurs rêvent de jouer.
Dans quel état d’esprit abordes-tu cette rencontre décisive pour la suite de la saison ?Avec beaucoup d’envie. Pour être honnête, ce match m’obsède depuis plusieurs semaines. Bien sûr, on prend les rencontres les unes après les autres, mais c’est tout simplement impossible de ne pas penser à un tel rendez-vous longtemps à l’avance. L’attente a été particulièrement difficile, car il ne faut pas laisser le stress l’emporter. Ce soir, c’est le moment de tout lâcher. Je pense que l’on est capable de faire deux grands matchs et de l’emporter.
Ce serait bien, oui. Mais il faut avouer que, à part cette victoire 3-2 au Parc, le PSG reste sur de sérieuses déconvenues face aux Catalans…Peut-être qu’on a manqué un peu d’expérience par le passé. Désormais, on est beaucoup plus forts. Cela fait maintenant cinq ans qu’on se connaît et qu’on joue la Ligue des champions. Chaque année, on s’habitue un peu plus au très haut niveau. Je crois qu’on a gagné le respect sur la scène européenne. Maintenant, le moment est arrivé. On sait que ça va être difficile. Il faudra faire deux matchs parfaits.
Nombreux sont ceux qui pensent que l’équipe est moins forte que l’année dernière…Je ne suis pas d’accord. Je trouve qu’on est mieux organisés, qu’on arrive à mettre plus d’intensité.
Les résultats en championnat sont objectivement moins bons… C’est vrai, mais c’est toujours compliqué de changer d’entraîneur. Il faut du temps pour intégrer une nouvelle philosophie de jeu et l’appliquer à la perfection. Plus généralement, cela fait quatre ans que l’on gagne tout en France, c’est difficile de rester au top. Après, pour les matchs de Ligue des champions, l’état d’esprit change. Tu es naturellement plus motivé. On ne peut pas comparer. On le sait, ce sont des matchs à part.
Est-ce que tu prends du plaisir en Ligue 1 quand même ? (rires) Oui ! Cette année, le championnat est beaucoup plus resserré, c’est intéressant. Franchement, Monaco est trop fort. Depuis le début de saison, on cherche à les dépasser. Pour le moment, on est à trois points. Le suspense reste entier. L’année dernière, on a fini avec 30 points d’avance, et les gens disaient qu’on avait gagné trop facilement. Là, on se rend compte que ce n’est pas si facile d’être champions. Si on gagne cette année, cela sera encore plus beau.
Aujourd’hui, il y a des stars à Lyon, Monaco et Nice, de nouveaux projets prometteurs à Marseille et à Lille… Trouves-tu que la Ligue 1 s’améliore ?Oui. Le niveau du championnat est en train de monter en puissance. La Ligue 1 devient plus attractive. Nos adversaires ont recruté beaucoup de grands joueurs. C’est bien pour le sport, c’est bien pour la France.
Sur un plan plus personnel, tu es le joueur le plus utilisé par Unai Emery cette saison. Comment expliques-tu ta progression par rapport à tes débuts sous le maillot parisien ? C’est un tout. D’abord, je suis très heureux ici, à Paris. Je me suis habitué à la culture française et à la ville. Pour moi, le temps d’adaptation est fini. Ensuite, le coach me donne beaucoup de temps de jeu, c’est primordial pour la confiance. Enfin, j’ai beaucoup d’envie. L’envie de m’améliorer, d’aller encore plus loin chaque saison. J’aimerais pouvoir entrer dans l’histoire du club.
Dans quels secteurs penses-tu avoir progressé en particulier ? Je suis plus efficace. Quand je suis arrivé il y a quatre ans, j’ai eu beaucoup de critiques à ce sujet. En mode : « Il est bon, mais il ne marque pas. »
Les statistiques, je trouve qu’on en parle beaucoup trop en Europe. Bien sûr, c’est important, mais ce n’est pas tout dans le foot. Tu peux faire un bon match sans marquer de but. Tu peux créer de l’incertitude, aider défensivement, faire une passe décisive… Mais bon, je sais que je suis un attaquant. Je comprends ce besoin d’efficacité. C’est ce que je cherche désormais.
Que t’a apporté chaque entraîneur ?J’ai connu Ancelotti, Blanc et Emery. Chacun d’entre eux m’a appris quelque chose. Avec Laurent Blanc, par exemple, j’ai beaucoup travaillé sur le jeu sans ballon. Pendant trois ans, il m’a fait bosser mes appels et mon repli défensif. Avec Emery, je progresse davantage dans mon positionnement sur le terrain, et surtout dans l’intensité. Il me demande d’être à fond tout le temps. Il adore ça.
Venons-en un peu aux critiques… Récemment, tu as marqué un but largement hors jeu à Lille, dans une position où tu aurais pu t’abstenir d’intervenir pour ne pas annuler le but. Sans conséquence, cette action a toutefois relancé les débats sur ton intelligence tactique, souvent décriée. Les supporters parlent avec beaucoup d’émotion. Ils ont le droit de parler et de critiquer. Parfois ils ont raison. J’écoute à chaque fois. Quand c’est la vérité, j’essaie d’améliorer. Si c’est stérile, je laisse tomber. Pour moi, l’important, c’est ce que je pense, ce que le coach pense et ce que mes coéquipiers pensent de moi. Je ne me prends pas trop la tête avec le reste.
Mais cette critique, est-ce que tu l’entends ?
Oui. En même temps, c’est normal que je perde parfois des ballons. Mon jeu, c’est de provoquer et de dribbler. C’est beaucoup plus facile de perdre la balle quand tu tentes de faire la différence, plutôt que de jouer tranquille et de faire la passe en retrait. Mais petit à petit, j’ai appris à reconnaître le meilleur moment pour dribbler, et celui où je devais temporiser. J’ai progressé dans ce domaine aussi.
On l’a évoqué, mais l’autre défaut qui revient souvent, c’est la finition. C’est un problème qui semble remonter à loin. Il paraît que tu as touché trois fois la barre transversale lors de ton premier match. Tu peux nous raconter ça en détail ?Hein ? C’est quoi cette histoire ? (Rires)
C’est partout sur internet. Dans des articles et sur la bible Wikipédia.C’est dingue… Ce n’est absolument pas vrai. C’est quelqu’un qui a voulu faire une blague. Mon premier match pro, je n’ai joué que quatre minutes à São Paulo (rires). Je compte sur So Foot pour rétablir la vérité (Son agent Mattheus intervient et rappelle qu’à l’heure actuelle, Lucas est le meilleur buteur brésilien en Europe, ndlr). Voilà, ça aussi il faut le rappeller !
C’est vrai, et pourtant cela ne suffit toujours pas à t’assurer une place de titulaire en sélection. Ton sélectionneur, Tite, a récemment déclaré : « Les gens en demandent beaucoup à Lucas, et moi aussi. Mais il est en concurrence avec Willian, Coutinho, Neymar et Douglas Costa. Il n’y a pas de place pour cinq joueurs. » Toi, tu te sens vraiment cinquième dans la hiérarchie ? Au Brésil, il y a beaucoup de grands joueurs, en particulier à mon poste. Il n’y a rien à dire, il faut respecter les choix du coach. D’autant plus que la sélection traverse une bonne passe. Cela fait sept matchs que le nouveau sélectionneur est arrivé, et il y a eu sept victoires, avec un seul but encaissé. Du coup, c’est difficile de lui donner tort. Il n’y a rien à dire, il faut attendre l’opportunité. C’est sûr que c’est frustrant, car c’est le maillot que j’ai le plus envie de porter… Pour l’instant, le sélectionneur ne m’a pas appelé pour m’expliquer ce qu’il attendait de moi. Mais ce n’est pas un problème, cela dépend de chaque coach. J’attends mon tour et je fais de mon mieux pour mériter la sélection.
Pour en revenir à notre chère Ligue 1, quel est ton joueur préféré dans le championnat, hors PSG ?
(Il réfléchit) Mon joueur préféré de Ligue 1, c’est Lassana Diarra. Celui qui est à Marseille. Je ne sais pas ce qui lui arrive actuellement, il a un peu disparu. Mais il était vraiment fort. Il a un style que j’adore, un peu semblable à Thiago Motta, dont je suis fan.
À l’inverse, est-ce qu’il y a un joueur que tu détestes plus que Rod Fanni ?Bonne question ! Non, il n’y en a pas. Je n’ai jamais compris ce qu’il foutait là, à ce moment précis (rires). Je pense que c’est le meilleur geste de sa carrière… J’ai encore la rage. Après ça, je suis resté une semaine sans dormir. Je n’arrêtais pas de ressasser cette action.
Tu penses que ce but aurait pu changer ta carrière ? Voire effacer ton image de tout-droit ? (Il sourit) On ne peut pas savoir ce qui allait se passer, on ne peut pas dire. Mais si j’avais marqué, j’aurais sans doute été bien placé pour le prix Puskás !
Sur cette action, il t’a visiblement manqué un petit coup de pouce céleste… Je dis ça, car tu crois en Dieu, au point de prier avant chaque match.Oui, c’est très important pour moi…
Tu penses vraiment que Dieu se soucie des footballeurs ? Que Jésus va t’aider à bien tirer un corner ou transformer un penalty ?Je crois que Dieu peut t’aider dans tout ce que tu entreprends. C’est pour ça que chaque fois que je joue ou que je voyage, je prie Dieu pour qu’il soit avec moi. Je lui demande de me venir en aide, de me garder des blessures. Mais surtout, je lui demande de m’aider à mettre en pratique tout le talent qu’il m’a donné.
Aimons-nous les uns les autres, c’est un beau message pour cette soirée de Saint-Valentin. L’amour, c’est un sujet qui te parle ?Oui, je me suis marié récemment… (Avec la charmante Larissa Saad, ndlr.)
On le sait, dans le football, ce n’est pas toujours facile de trouver une femme qui s’intéresse vraiment à toi, et non pas à ton argent ou ta notoriété… Comment as-tu su que Larissa était la bonne ? Comment reconnaître la perle rare ?C’est l’amour. C’est la confiance. Je la connais depuis très longtemps, cela s’est fait naturellement. Chaque jour qui passe, nous développons notre confiance l’un envers l’autre. Au début, j’ai beaucoup prié Dieu, je lui ai demandé de bénir notre relation. Après ça, j’ai senti une paix incroyable dans tout mon corps. Dès lors, j’ai su que c’était elle. Pour toute la vie.
Tu peux partager tes techniques de drague ?
Je ne suis pas un bon dragueur, je suis très timide. Mais dans l’intimité, mon secret, c’est d’être plutôt marrant. Quand nous sommes tous les deux, je fais beaucoup de blagues. J’en fais tellement qu’elle s’énerve… Après, je pense que mon atout, c’est que je souris tout le temps. Je pense que la vie est belle. Il ne faut pas être triste. J’ai la santé, la famille, les amis, je vis de ma passion, je fais ce dont j’ai toujours rêvé. Je n’ai pas le droit de me plaindre. C’est pourquoi je suis tout le temps en train de sourire. Et elle aussi. Du coup, nous allons très bien ensemble.
Tu t’es marié en décembre dernier, à seulement vingt-quatre ans. Comment as-tu vécu ce moment si particulier ? Tu as pleuré ? Beaucoup. Je n’ai jamais ressenti une émotion comme ça. C’était le plus beau moment de ma vie, devant toute ma famille et mes amis. J’ai craqué quand je l’ai vu avancer avec la robe (il rigole avec son agent qui le mime en train de pleurer, ndlr). Pour moi, c’est une bénédiction. Maintenant, j’espère que les enfants vont bientôt arriver.
C’est quoi le plus important pour toi dans ta relation : l’intensité du sentiment ou la complicité sur le long terme ? Les deux. Pourquoi choisir ? Quand on est amoureux, on se donne l’un pour l’autre. Si l’amour est véritable, tu peux faire durer la passion éternellement.
C’est vraiment émouvant comme réponse, Lucas… Tu as une comédie romantique à nous conseiller pour après le match ?Perso, je suis pas très films romantiques (rires). Je préfère les films d’action. Le dernier Rambo, par exemple, j’ai beaucoup aimé. J’adore Sylvester Stallone. J’aime bien Will Smith aussi. Un de mes films préférés, c’est À la recherche du bonheur. Il est à la rue, mais il se bat pour son enfant. Les belles histoires au cinéma, ça donne de la motivation. Et cela m’inspire pour la vie en général.
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Propos recueillis par Christophe Gleizes