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Lucas, le choix de soliste
À Amsterdam, le Brésilien a raté un face-à-face en début de seconde période. Un mois après celui de Reims, le numéro 7 du PSG peine toujours à faire le geste décisif dans la surface de réparation. À 22 ans, il serait temps qu'il passe un cap. Pourtant, il est loin d'être le plus maladroit.
C’est difficile de détester Lucas Moura. Vraiment. D’une, parce que le garçon est attachant, affable, naïf et bien élevé. De deux, parce qu’on se dit qu’à un moment donné, il va vraiment avoir le déclic. Une chose est certaine, ce n’est pas à Amsterdam que le numéro 7 francilien a franchi un cap. Forcément, on va remettre sur la table son face-à-face avec Cillessen du début de seconde période. Une occasion nette qu’il rate – puisqu’il ne trouve même pas le cadre – mais que, paradoxalement, il se crée tout seul. Tout lui en une situation, en somme. Alors là, on repense au match de Reims où, dans une situation analogue, il oublie Ibrahimović autant qu’il oublie de faire un vrai crochet. Et voilà le Brésilien sous les critiques.
À partir de 1’25
Depuis, le joueur gamberge, repense à cette action, aux critiques de Laurent Blanc, notamment celles émises après la victoire contre Bastia au Parc des Princes (2-0, avec un but de Lucas), puisque l’entraîneur-spectateur avait été incisif envers son joueur : « Dans le jeu, je le trouve beaucoup mieux, mais pour un attaquant, les stats sont importantes et un attaquant qui ne marque pas, on ne peut pas dire qu’il fait une grande saison. » Prenons l’exemple de l’an passé. Le Brésilien a joué 36 matchs de Ligue 1 (18 titularisations) pour un résultat comptable de 5 buts et 10 passes décisives. Honnête pour un mec qui arrive derrière Cavani, Ibrahimović et Lavezzi dans la hiérarchie offensive. Mais quand on pèse 45 millions d’euros, on n’a pas le droit de se planter, c’est la dure réalité du football moderne. Au vrai, ce n’est pas vraiment pour ses ratés offensifs que ce futur chauve déçoit (car ils ne sont finalement pas si nombreux), c’est avant tout pour ses mauvais choix.
Lève la tête, gamin
Janvier 2014. Le PSG accueille Bordeaux au Parc des Princes et Lucas Moura passe une soirée compliquée sur le côté droit de l’attaque. Pendant plus d’une heure, il va jouer à l’envers. Quand il faut centrer, il dribble, quand il faut prendre l’espace, il s’arrête, quand il faut la donner, il tente un crochet. Etc, etc, etc. Le môme joue à l’envers et prend une soufflante d’Ibrahimović. Au final, il va rester dans son match et sortir deux passes décisives sur les deux buts parisiens. Frustrant. Car le Brésilien joue comme ça. À l’instinct. Sans aucune cohérence tactique ni physique. C’est simple, il n’anticipe jamais rien. Aucun appel. Ou si peu. Son truc favori, récupérer la gonfle, se mettre en marche et improviser sans jamais savoir ce qu’il fait. L’homme n’utilise pas les espaces, il tente de le créer balle au pied. Tactiquement, c’est un cauchemar, car il est difficile de l’utiliser intelligemment. Et puis, à force de porter son ballon, le mec se fatigue et perd en lucidité.
Alors, oui, il n’a que 22 ans, cela demande du temps pour appréhender l’exigence du haut niveau. OK. Mais le Brésilien porte sur lui le poids de son transfert. On sera toujours plus exigeant avec lui. C’est comme ça. Comme lors de son rush fou contre l’OM, qu’il se crée encore tout seul, mais qui se termine par un gros… rien. C’est beau, ça va vite, c’est imprévisible, mais ça ne va pas au fond. Cette action ressemble à Lucas. Cette action, c’est Lucas. En attendant, hier sans lui, le PSG présente un bilan offensif proche du néant. Un comble. Finalement, difficile d’en vouloir à Scolari, puis à Dunga de ne pas l’avoir pris en équipe du Brésil. Il peut mieux faire. Il doit mieux faire. Sauf si son objectif avéré est de saloper toutes les offensives criantes du PSG. Si c’est le cas, là-dessus aussi, il a du retard sur le vrai croqueur de Paname. Car à ce jeu, Ezequiel Lavezzi est déjà loin devant. Très loin.
Par Mathieu Faure