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Lucas : « J’étais un peu crevé une fois à Moscou… »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
Lucas : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J’étais un peu crevé une fois à Moscou&#8230;<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Parmi toute la masse de fans de football venus encourager leur équipe nationale en Russie, Lucas Ledezma constitue un cas à part entière. Son fait d’arme ? Avoir avalé 14 200 kilomètres entre la ville argentine de Córdoba et Moscou à vélo. Avec pas moins de 21 pays traversés en six mois, cet aventurier souhaitait promouvoir une action caritative avant d’imaginer Messi soulever le Mondial.

14 200 kilomètres à vélo de Córdoba à Moscou… Tu as laissé ton vélo de côté pour le Mondial, maintenant ?Ouais, je l’ai mis dans un coin de l’auberge de jeunesse dans laquelle je séjourne. À Moscou, j’utilise les transports en commun comme le métro, le bus… Comme les temps de trajet sont relativement courts, je préfère ce type de déplacement.

Quand es-tu es arrivé à Moscou ? C’était le mercredi 13 juin, je crois. Attends… Non.

Sur le continent, j’ai traversé douze pays.

Je suis arrivé une semaine avant le Mondial, le mercredi d’avant (6 juin, N.D.L.R.). Après avoir pédalé pendant cinq mois tous les jours et claqué mes cent ou 150 kilomètres, j’étais un peu crevé une fois à Moscou…

La distance entre Córdoba et Buenos Aires indique 698 km, puis celle entre Barcelone et Moscou 3598 km. Soit au total, 4296 km pour rallier Moscou… Comment tu t’es débrouillé pour faire 10 000 bornes de plus ? J’ai démarré mon périple à Córdoba, puis je suis remonté jusque Cancún, au Mexique. En vélo, cela fait approximativement 10 000 kilomètres que je suis parvenu à boucler en 110 jours. De Cancún, j’ai pris un vol pour Barcelone. Et là, tu te retrouves avec cette distance de 14 200 kilomètres !

Mais pourquoi avoir décidé de rallier Moscou par Cancún ? Bien sûr, cela aurait été plus facile… Mais le but, ce n’était pas d’arriver le plus vite possible. Découvrir l’Amérique latine en vélo, c’était un réel désir que je souhaitais accomplir un jour. Sur le continent, j’ai traversé douze pays et sans mentir, je crois que c’étaient les paysages les plus magiques de tout mon voyage. C’était une découverte, une traversée spirituelle. Car tu es peut-être sur ton vélo, mais tu restes seul face à la nature.

Tu as dû aussi galérer durant ce périple… C’était quoi, ton plus gros bourbier ? Le Paso de Jama (col situé à 4200 mètres d’altitude dans la Cordillère des Andes entre le Chili et l’Argentine, N.D.L.R.) était sans doute l’épreuve la plus difficile.

La première chose qui t’impressionne, c’est le métro. Il me paraît énorme et son fonctionnement est incroyable.

C’était pendant le quinzième jour de course, autant dire le début de mon aventure. Là, j’ai vraiment souffert. Mais en réalité, cette difficulté est devenue une force pour la suite : après avoir passé cela, je savais que je ne ressentirais plus jamais de douleur aussi forte pendant mon voyage. Quand le moral n’était pas hyper bon, je me rappelais de Jama et cela m’aidait à relativiser.

Rester seul loin de tes proches, ça devait aussi peser sur ton moral. Tu as une petite amie à Córdoba ? Oui, je suis en couple ! Bien entendu, c’était compliqué à ce niveau-là. (Rires.) Mais bon, je vais rentrer d’ici quelques jours, on verra bien comment vont se passer les retrouvailles…

Au niveau financier, tu as pu t’en sortir ? J’avais mis des sous de côté, et un sponsor m’est venu en aide pour les premiers besoins. Mais je t’assure que ma première aide dans ce voyage, c’était celle des gens. Ils m’accueillaient à bras ouverts. C’était fondamental durant ce voyage.

Désormais, quelles sont les différences que tu peux faire entre Córdoba et Moscou ? Déjà, la ville est beaucoup plus grande. La première chose qui t’impressionne, c’est le métro. Il me paraît énorme et son fonctionnement est incroyable. Les gens sont très organisés et disciplinés, je trouve cela très agréable au quotidien. Tu peux carrément voir les matchs de football dans le métro. Tous les points principaux du centre-ville sont couverts par le trafic souterrain. Voir une ville si grande aussi unie, c’est fabuleux.

Comment est venue l’idée de ce voyage ?À Córdoba, nous sommes des personnes joyeuses et nous aimons apprendre beaucoup des autres cultures, tout en donnant du mieux possible une bonne image de l’Argentine. L’idée m’est venue à l’esprit grâce à l’ancienne édition du Mondial en 2014. J’ai effectué un périple en vélo de Córdoba à Rio de Janeiro cette année-là, un autre jusque Viña del Mar au Chili pour la Copa América en 2015, puis un dernier il y a deux ans pour les Jeux olympiques de Rio.

Pour l’instant, nous avons obtenu un terrain constructible ainsi que du matériel de bâtiment.

Avec ces antécédents, je me suis mis dans la tête qu’aller en Russie était possible. Mais c’était une idée, rien de plus. Et puis, après que l’Argentine s’est qualifiée pour le Mondial grâce au triplé de Messi, j’ai pris ma calculette et j’ai commencé à planifier le projet : le nombre de kilomètres à effectuer, le budget, les affaires essentielles à prendre avec moi… Dans mon élan de motivation, je me suis dit que je devais soutenir un projet d’école pour des enfants handicapés au sein de mon village.

Tu peux nous parler de cette initiative, justement ?Pour l’instant, nous avons obtenu un terrain constructible ainsi que du matériel de bâtiment : des briques, du ciment, du fer… Nous possédons aussi un compte bancaire où il est possible de faire un don pour cette action, mais je n’y aurai accès qu’à mon retour.

Mes déplacements quotidiens étaient bien plus organisés que les lieux dans lesquels j’allais dormir.

En cela, je vais aussi être très heureux de rentrer à mon village de Toledo quand la Coupe du monde sera terminée, car j’aurai de nouveaux objectifs humanitaires.

Pourquoi avoir choisi la cause des enfants handicapés ?En tant que professeur d’éducation physique dans ma vie quotidienne, je travaille avec ces enfants durant toute l’année. Au total, le groupe se compose de trente personnes handicapées, comme une classe. Je souhaitais leur accorder du temps afin de leur construire leur propre salle de cours, car ces enfants le méritent. Pour bien les éduquer et améliorer leurs conditions de vie, il faut profiter de chaque opportunité.

Quelle était ton organisation en matière de nourriture ou de repos ? Mes déplacements quotidiens étaient bien plus organisés que les lieux dans lesquels j’allais dormir. Le but, c’était surtout d’avaler le plus de kilomètres possibles en une journée, sans penser à m’arrêter. Parfois, si je sentais que j’avais encore vingt kilomètres dans les pattes après les 120 habituels et que le soleil me le permettait, je les faisais.

J’ai une affection particulière pour Paulo Dybala et Cristián Pavón parce qu’ils viennent de la même ville que moi.

Pour le temps de repos, cela dépendait : des gens pouvaient m’inviter à dormir chez eux, ou je me décidais à planter ma tente au bord de la route. Enfin, j’utilisais un réchaud de temps en temps, quand il fallait cuisiner !

En tant que professeur de sports, tu t’es préparé pour une telle aventure sur le plan physique ? La municipalité m’a laissé partir pour six mois avec une licence sportive pour justifier mon voyage lors des passages frontaliers. Elle a aussi pu me trouver un remplaçant pendant ce temps-là, donc c’était top. En ce qui concerne mes efforts physiques, je me suis très peu entraîné. J’ai fait deux ou trois sorties à vélo, histoire de me mettre en jambes. Mais je joue aussi au football trois fois par semaine, donc je possède déjà une certaine endurance. Je suis descendu jusqu’à 72 kilos pendant le voyage, mais maintenant j’ai bien repris ! (Rires.)

Quel est ton joueur favori ? Lionel Messi, le meilleur joueur du monde !

Quel que soit le service, les personnes rencontrées étaient toujours là pour me donner un coup de main.

Mais j’ai aussi une affection particulière pour Paulo Dybala et Cristián Pavón parce qu’ils viennent de la même ville que moi. Ce sont deux jeunes joueurs à fort potentiel, ils vont bientôt obtenir un statut important dans cette équipe nationale.

Après une bonne semaine de repos sur place, tu as pu avoir des billets pour te rendre aux matchs de l’Argentine ? Oui, j’ai assisté à la rencontre contre l’Islande à Moscou ! Dans le stade, tu entends leur clapping résonner de manière impressionnante. Tu les sentais complètement dévoués envers leur équipe nationale, c’est beau.

Quels sont les pays que tu as le plus appréciés durant ton voyage ? En Amérique du Sud, je dirais la Colombie. Là-bas, les gens m’ont aidé par leur solidarité et leur bienveillance, c’était très chaleureux. Je me sentais comme une personne de leur famille. En Europe, j’avais reçu de très mauvais échos de la Pologne, mais une fois arrivé sur place, c’était tout autre chose. Là aussi, la solidarité était exceptionnelle. Quel que soit le service, les personnes rencontrées étaient toujours là pour me donner un coup de main. Ils m’invitaient dans leurs maisons pour manger, pour dormir. La Pologne est un pays que je conseille !

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