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Lucas Fournier : « Une rue Christophe Galtier, c’est un moyen de marquer un moment historique »
Lucas Fournier aimerait qu'on rende à César ce qui est à César. En l'occurrence, César, à Lille, c'est Christophe Galtier. Élu La France insoumise à Hellemmes-Lille, l'étudiant de 21 ans en master de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF) va présenter en conseil communal puis municipal à la fin juin un projet de nom de rue à l'appellation de l'entraîneur du LOSC champion de France cette saison. Entretien.
Tout d’abord, depuis combien de temps êtes-vous supporter du LOSC ?Je suis lillois, né à Lille, et mon premier match en tribunes au stade, c’était en 2006, un vrai congélateur ce truc ! C’était lors d’un Lille-Bordeaux, mon père est supporter et m’avait amené. Victoire 3-0 du LOSC et c’était la folie. J’ai découvert un truc vivant : le stade. Le stade est à la fois des moments partagés avec mon père et avec des potes. Ça n’est associé qu’à quelque chose de positif.
Quelle est donc la génèse de ce projet de rue Christophe Galtier ?J’ai présenté, et pas encore déposé, un arrêt pour attribuer le nom de Christophe Galtier à une rue. Au niveau institutionnel, comme je suis conseiller communal à Hellemmes, il faut d’abord que ce soit validé par le conseil d’Hellemmes et qu’ensuite ça passe en conseil municipal lillois. J’ai justifié ça par pas mal de raisons, et je veux bien insister sur le fait que c’est quelque chose de sérieux et que ce n’est pas juste une plaisanterie de supporter. D’abord, c’est un moyen de marquer un moment historique d’une performance sportive assez incroyable. Christophe Galtier, c’est le sauvetage de la descente en Ligue 2 il y a trois ans avec des derniers matchs complètement fous, jusqu’à l’arrivée en Ligue des champions en 2019 et le titre de champion de France cette année. Je vois que certains sur les réseaux sociaux disent « pourquoi pas une rue Rudi Garcia ? », mais Rudi Garcia ne récupère pas le club dans cet état-là. Christophe Galtier récupère le club à la 19e place, avec un effectif pas facile, alors que Rudi Garcia avait un peu plus de moyens. Il y a aussi une autre raison à ma requête, celle-ci est un peu plus politique, c’est ouvrir un débat sur la place que doit occuper le sport dans la symbolique de la ville. Aujourd’hui, à Lille, qui est pourtant une ville sportive avec 200 clubs, 100 000 pratiquants, 20 000 licenciés et 5000 bénévoles, il n’y a pas un seul nom de rue attribué à un sportif à la fois sur Lille intra-muros et sur les villes associées que sont Hellemmes et Lomme. Ça montre que le sport est relégué au second plan, et l’intérêt de mon vœu, c’est aussi qu’on puisse parler du sport, surtout après la crise de la Covid qui a énormément fragilisé les clubs amateurs, après avoir déjà été fragilisés par les casses budgétaires des différents gouvernements.
Quelles sont les étapes pour que votre idée puisse aboutir ?Le 23 juin aura lieu le conseil communal d’Hellemmes, et le conseil municipal lillois aura, lui, lieu le 25 juin. J’admets l’avoir proposé dès maintenant, car je pensais que ça pourrait faire parler un petit peu, mais ce n’est pas pour faire parler de moi, c’est pour faire parler du sport et de sa place dans la politique. Moi, je vois à travers le conseil municipal, on ne voit pas l’intérêt du sport dans la ville. On attribue les subventions, mais on ne va pas au-delà. Mais comment on permet à tous les jeunes des quartiers, surtout à Lille qui est une ville vraiment populaire, de pratiquer ? Comment on donne envie aux gens de pratiquer ? Comment on aide les clubs à pratiquer ? Comment on les aide à surmonter les coupes budgétaires ?
Vous avez d’ailleurs fait part de votre souhait de situer la rue Christophe Galtier à proximité du stade Grimonprez-Jooris, l’ancienne enceinte du LOSC.J’avoue ne pas trop avoir réfléchi à la considération matérielle, mais je trouve qu’il y a un vrai beau symbole à la mettre à côté de l’ancien stade Grimonprez-Jooris. Mais sinon, j’ai une habitante d’Hellemmes qui m’a contacté, qui pourtant n’aime pas le foot, mais qui se porte volontaire afin de remplacer le nom de sa rue par celui de Christophe Galtier. Parce que cette dame habite dans une rue qui s’appelle Léon Gambetta et, à Lille, il y a aussi une rue Léon Gambetta. Une fois, elle a appelé le SAMU, et il s’est rendu sur la rue Léon Gambetta de Lille. Donc ça pourrait faire d’une pierre deux coups en attribuant le nom de la rue à Christophe Galtier et dans le même temps, résoudre un problème administratif.
Que pensez-vous que le titre de champion de France a apporté à la ville de Lille ?Déjà, il y a eu un moment incroyable lundi dernier. Après la crise qu’on a vécue… C’était un moment où on a pu tous se retrouver, faire la fête, et dans le respect des gestes barrière, je tiens à le préciser ! J’ai suivi tout le cortège, et c’était le foot. C’est-à-dire qu’il y avait tous les âges, toutes les classes sociales et le sport, c’est ça. C’est des moments d’euphorie qui vont parler à tout le monde. Au-delà de la célébration, le club du LOSC participe au rayonnement de la ville de Lille, et elle se doit de le rendre à un des grands artisans de ce rayonnement qu’est Christophe Galtier.
Est-ce que Christophe Galtier est au courant de votre initiative ?Je n’en ai aucune idée, mais s’il est disponible, je suis partant pour le rencontrer et lui faire signer un autographe. (Rires.) Mais c’est bien évident que si lui dit que ce n’est pas trop une bonne idée et qu’il n’en a pas envie, je ne forcerai pas plus. Pour l’inscription du nom de rue, il faut l’acceptation de la personne lorsqu’elle est vivante. Mais je serai très content s’il m’envoie un message privé sur Twitter ! (Rires.)
Propos recueillis par Alexandre Delfau