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Lucas du siècle
À l’Amsterdam ArenA ce mercredi soir, Lucas Moura a éteint à lui seul l’Ajax d’un triplé d’anthologie. Une juste récompense pour un homme humble qui vient de vivre son heure de gloire. Et pourquoi pas un tournant dans sa carrière ?
Au milieu de l’enceinte amstellodamoise, Lucas Moura a le fessier posé sur le gazon encore frais qui peut enfin respirer. Il observe, gourde en main, les travées de l’Amsterdam ArenA se vider. La fatigue est présente, bien sûr, mais elle ne pèse rien à côté de la joie qui l’entoure. À 26 ans, l’éternel « copain de Neymar » a enfin crevé l’écran lors d’un match de coupe d’Europe. Sans partager avec personne le haut de l’affiche, que ce soit avec Heung-min Son ou même Dele Alli. Non, Lucas Moura voulait marquer cet Ajax-Tottenham seul de son empreinte. Pari réussi.
Lucas, version 3.0
Rares étaient ceux qui auraient parié voir l’ancien Parisien claquer à lui seul les trois pions des Spurs dans cette demi-finale retour qui a longtemps semblé promise aux joueurs d’Eric Ten Hag. Surtout au cours d’une première période où Lucas a été loin d’être le poison aperçu un peu plus tard dans la soirée. Hormis ce centre en retrait inspiré qui aurait pu s’avérer gagnant avec un meilleur choix d’Eriksen (24e), Lucas Moura s’est fait plutôt discret à l’approche des cages d’Onana. Avant cette 54e minute, et ce contre qui voit le Brésilien tromper Onana de sang-froid.
Puis cette 59e, où, après un cafouillage et une conduite de balle exceptionnelle, il vient loger le cuir en se retournant dans le petit filet droit du portier camerounais. Et puis, au moment où les derniers espoirs anglais commençaient à déployer leurs ailes pour s’envoler dans la nuit, il a devancé De Ligt pour expédier un tir rasant et renverser la formation batave pour de bon. « On a gagné ce match grâce à Lucas Moura. Ça fait de lui un héros, j’espère qu’on lui fera une statue » , avançait hilare Christian Eriksen au coup de sifflet final. Et pourquoi pas ?
Et si Moura devenait très grand ?
L’intéressé, lui, préférait rire de cette possibilité de voir sa silhouette coulée dans le bronze au micro de RMC Sports : « C’est impossible d’expliquer ces moments. Tous les joueurs cherchent ces moments. Depuis que je suis petit, j’ai toujours eu ce rêve de jouer la finale. J’ai toujours cru que ce moment allait arriver. Je dis tout le temps que Dieu va venir avec quelque chose qui va te surprendre. Je suis fier de tout le monde, ce n’est pas que moi. »
De l’humilité, Lucas n’en a jamais manqué, et pourtant, sa performance du soir aurait pu lui faire gonfler les chevilles : avant lui, seuls Del Piero, Olić, Lewandowski et Cristiano Ronaldo avaient réussi à inscrire un triplé à ce stade de la compétition. Une question se pose alors, à froid : comment faire pour capitaliser sur ce match tant rêvé devenu réalité ? Tout simplement en poursuivant le travail entrepris depuis plusieurs années. Depuis son départ de Paris, Lucas Moura n’est pas resté ce jeune joueur brésilien talentueux qui a failli inscrire un but d’anthologie face à l’OM. Pour sa première saison en tant que titulaire dans la formation londonienne, il a planté dix fois en Premier League. Mieux, si Tottenham se retrouve aujourd’hui en finale de la coupe aux grandes oreilles, c’est aussi parce que l’international brésilien est allé égaliser au Camp Nou à cinq minutes de la fin lors de la dernière journée de la phase de groupes. Oui, pour Lucas Moura, tous les signaux sont au vert. À 26 ans, le meilleur est encore à venir.
Par Andrea Chazy